Sombre printemps...
Faut il juger un film à l’aune de ses références ?
D’aucuns s’empresseront de répondre lapidairement à l’affirmative, ne serait-ce que pour mieux vilipender le dernier Tarantino. Pourtant, on ne niera pas qu’il n’est pas nécessaire de transcender ses modèles pour créer une œuvre de qualité. Difficile de trancher donc, et la question reste en suspens. Néanmoins, force est de constater qu’un film tel qu’Aoi Haru : Blue Spring souffre à l’évidence de la grandeur des œuvres auxquelles il renvoie de manière patente. De La Fureur de Vivre à Battle Royale, les références obvies de Toyoda Toshiaki écrasent le film de leurs ombres imposantes.
S’attaquant à un sujet déjà traité plus que de mesure, Toyoda devait savoir qu’en pareilles circonstances, c’est la singularité qui prime le plus souvent. Malheureusement, on ne peut que constater que d’originalité et de qualités de novation, Blue Spring n’a que les ambitions. Le film reprend à son compte bon nombre de poncifs du « teen-movie alternatif » (l’extrême violence des échanges, le « jeu » sur le toit, l’insouciance perdue d’ados victimes e leurs propres déséquilibres…) mais ne parvient pas à créer un amalgame un tant soit peu intéressant et finit par ne plus ressembler qu’à une ensemble incertain duquel n’émergent que les défauts. Ainsi, et ce même si le film a aussi des qualités, on finit par ne plus voir que la provocation gratuite et stupide (la violence outrée, les scènes dans les toilettes…), les insipides effets clippeux qui gangrènent le filmage, la laideur de la photographie, l’interprétation très limitée de la plupart des acteurs… Et l’évidence d’éclater aux yeux du spectateur : Toyoda Toshiaki n’est ni Nicholas Ray, ni Fukasaku Kinji, pas plus que Matsuda Ryuhei (bien que relevant le niveau par rapport à ses partenaires) n’a l’once du talent d’un James Dean.
Pourtant, Blue Spring n’a rien d’un complet échec, loin s’en faut. Ça et là, on décèle sans mal au détour d’un plan ou d’un autre le témoignage fugace d’un réel talent de mise en scène. Et certaines images et quelques beaux moments, accompagnés avec fureur par l’excellent score de Thee Michelle Gun Elephant laissent à penser que délivrée de ses scories, cette adaptation de l’excellent manga de Matsumoto Tayio aurait pu donner lieu à un bon petit film d’adolescence perturbée, pour peu que Toyoda ait su faire preuve d’un soupçon d’authenticité et de personnalité. Un beau gâchis donc…
Heureux glandeurs.
Blue Spring est moins fort que
le manga de MATSUMOTO Taiyou dont il est tiré, assez brouillon formellement, inégal côté direction d'acteurs mais finalement... peu importe. TOYODA ressemble à ces musiciens qui n'ont pas pris trente mille leçons de guitare et pondent un bon single avec seulement trois accords... mais les bons. Il n'a pas la technique mais il a un ton, un ton qui est là dans les moments réussis comme dans les moments ratés et qui est juste par rapport à son sujet (l'adolescence). Il sait bricoler quelques moments de grâce avec les trucs en apparence le plus éculés au cinéma: la combinaison du ralenti et du rock, les ados qui roulent des mécaniques comme des Dieux clope au bec. Et il y arrive sans chercher la
grande mise en scène, la
grande vision de l'adolescence, simplement en étant à hauteur de son sujet. Un signe ne trompe pas: chez TOYODA, on glande, cette activité adolescente par excellence. Preuve qu'il vise juste.
Plutôt d'accord avec la critique d'Iron
En plus ça n'apporte pas grand chose au manga de Matsumoto qui déjà ne m'avait pas apporté grand chose. Vide émotionnel, attachement aux personnages proche du néant, satisfaction visuelle insatisfaisante et après 3 mois quasiment plus aucun souvenir.
I know, it’s only rockn’roll
Une « photo moche », Blue Spring? Allons : s’il y a bien une différence entre ce film et une pelletée d’autres sur l’adolescence et donc, ses jeux de toits, c’est bien la photo. Comme Grains de Sable ou Insecte nuisible cette image soignée, sans être trop léchée, tient en peu de choses, que les occidentaux ne veulent pas, ou ne savent pas, ou plus, faire. Suicide Club était certes plus fou, plus "glam". Mais quand même, là, il faut reconnaitre le style. Il y a déjà un grand choix de décor, ce lycée masif, décrépi et de plus en plus graffité. Même les ralentis poseurs, les acteurs lookés, fonctionnent puisque « se la jouer », c’est aussi le propos.
Mais la vertu suprème de ce film, ce que n’a pas Kitano (qu’on est pas obligé de vénérer), c’est assurément la concision, une heure vingt. Toyoda Toshiaki fait tout à l'économie. Une poignée d'acteurs, « le » cours, « le » professeur, « le » directeur. Tout y est symbolique sans être lesté de message. Blue Spring, ce n'est qu’une histoire d'échappée : Kujo change imperceptiblement sans qu’on s’en aperçoive et quand il a choisi sa voie, c’est aux autres qu’il échappe. Ce qui nous échappe, aussi, c’est « la » fille, la seule, même pas belle, qui apparait à la porte du lycée pour quelques secondes. De beaux moments de doute, donc, intercalés entre, des séquences violentes sèches et glacées, souvent hors champ.
Et, alors que le film semble à peine démarré, il se termine en deux minutes, sur un des passages les plus inspiré que le cinéma japonais nous a offert ces derniers temps. Est-ce grâce à cette chanson tendue, âpre, craché par un groupe qui semble s’autodétruire à chaque note ? Est-ce ce poignant souvenir de l’amitié, qui resurgit tout d’un coup dans la tête de Kujo, maintenant qu’elle se met à fonctionner ? L’amitié a au Japon un sens sacré, comme la seule chose à quoi se raccrocher, à la vie à la mort. On retrouve quasiment le même plan que dans Battle Royale 2, avec un même effet troublant : deux gamins qui partent vers une lumière aveuglante, déjà la mort, comme si ne sera vécu entre les deux. Revenons à cette fin hypnotique : est-ce le suspens de la montée des marches, ou ce cri de rage en tombant parce qu’on ne va jamais assez vite pour sauver les autres, la répétition d’un beau plan ralenti, cet incroyable avion qui passe à quelques mêtres de Aoki ? Non, c’est peut être parce qu’une séquence choc, ça se prépare. C’est le plan juste avant, l’école soudainement en noir, image fantasmée sidérante, quelques secondes hors du temps ou le monde est enfin ce que Aoki voulait : figé dans la peur, le silence, enfin. A moins que ce soit Kujo qui peint soudainement tout en noir, la dernière image qui lui restera de ce bâtiment. Et une telle séquence, il faut savoir la conclure. Ce sera en un plan, d'apparence simple, mais très complexe dans la symbolique du film. Blue Spring nous quitte à la japonaise moderne, dans une débauche sentimentaliste et poseuse, avec un jeu sur les extrèmes que l’on peut haïr, mais au moins c’est crânement assumé et magnifiquement emballé, sur un air « ouais, je sais, c’est facile, mais je t’emmerde », qui nous séduit plus que des bons films bien mous.
Cette posture, ça a quand même un nom : rock. Comme un bon morceau «direct in the face», Blue Spring n’aurait pas été bon s’il s’était étalé. Tel quel, tendu, minimaliste, au bord de l'autisme, parfois naïf ou idiot (le nain avec ses fleurs, beurk), lesté de ses références, complêment ado, oui, peut être périmé demain, d'ailleurs oublié maintenant, il passe comme les deux minutes de tube mineur du dernier groupe de petits branleurs énervants. Un truc de mecs qu’on écoute en se disant, ouah, c’est con, mais un riff très fort, un bastonneur derrière et de la belle gueule devant, ça le fera toujours.
Filmer des branleurs.
"Blue Spring" n'est pas un grand film. C'est un bref constat de la jeunesse japonaise, minimaliste dans sa durée et dans son propos, la caméra se faisant le miroir grossissant de la réalité.
Sans prétention, "Blue Spring" fait ce constat en une seule image : des lycéens sautant par-dessus une barrière, sur fond de musique rock (1), le tout filmé au ralenti. On serait tenté de s'exclamer "ah, les branleurs !". Oui, mais s'il n'y avait que ça.
Parceque, dans l'idée, c'est quoi "Blue Spring" ? Et puis c'est quoi ce titre ?
Justement, c'est dans le titre, comme souvent, que se trouve l'idée à la base du concept même du film.
Ici il y a deux termes : printemps et bleu. D'où une association d'idées. D'abord, le printemps, c'est quoi ? C'est la première des quatre saisons, celle du renouveau végétal. Le printemps c'est la saison où tout se termine, où tout recommence. Kim Ki-Duk nous l'a montré récemment (2).
Et le bleu, qu'en est-il ? Plutôt, le bleu, où le trouve t-on ? Dans le ciel. Et ça tombe bien, car les lycéens du film de Toyoda Toshiaki, ils aimeraient s'évader de leur prison scolaire, morne et taggée de toute part, pour rejoindre ce bleu, cette pureté.
Mais tout juste peuvent-ils le contempler, ce bleu, et voir au passage un avion les survoler.
Réfléchissons. Pour eux, quel est le lieu où ils seraient le plus proche du ciel - et donc du bleu -, tant géographiquement que spirituellement ? Et bien, sur le toit de leur école, point culminant de leur cadre de vie.
Et quel est le chemin le plus court pour aller au ciel, et rejoindre ce bleu ? C'est le chemin vers la mort, c'est-à-dire faire le grand saut, se jeter dans le vide.
Et en cela réside l'idée du film : la négation totale. Faire le contraire de ce qu'on devrait faire, pour se satisfaire. Le refus de tout, l'envie de rien. L'ambiguité comportementale, à l'image de Matsuda Ryuhei l'acteur androgyne et ici chef de bande.
Etant sans aucun avenir, comment pourraient-ils faire autrement, ces lycéens ?
Dans "Blue Spring", on ne sort jamais du lycée et de ses alentours. Et pour cause, il n'y a aucune perspective d'avenir. La peur du lycéen : que faire après les études ? Le lycée, lieu où l'avenir se joue. Et quand il n'y a pas d'avenir, que reste t-il ? Le lycée, c'est tout. Alors on ne voit que ça, dans "Blue Spring", et quand on voit autre chose, c'est soit un yakuza, soit une fille, incarnation de la tentation, du nivellement vers le bas, de l'échec. On s'en passerait. Fatalisme.
On tue le temps en jouant de la guitare, en jouant avec la mort, en tuant ses camarades, ou en plantant des graines. Fichue jeunesse.
(1) : Interprétée par le groupe "Thee Michelle Gun Elephant"
(2) : "Printemps, Eté, Automne, Hiver... et Printemps", de Kim Ki-Duk (2003)
Une sacrée grosse baffe dans la tête!!!
Blue Spring est un de ces films où en rentre d'emblée de par la grosse baffe qu'on se mange dans la tête,et ce dès les premières images du film.Une scène d'intro absolument somptueuse, où, pour élire leur chef de bande, de jeunes lycéens montent sur le toit du batiment,s'accroche à la rembarde, et doivent taper le plus de fois possible dans leurs mains avant de ratraper la rembarde en question et éviter la chute mortelle.A celà s'enchaine un superbe morceau de J rock à vous réveiller un mort, et qui vous plonge totalement dans cet univers sombre et violent du film.Bref,on reste collé à l'écran durant toute la durée du film.La réalisation, qui passe brusquement de moments calmes et très lents(contemplation des paysages du toit du lycée) à une extrême violence à la Battle Royale(massacres à la batte de base ball ou au couteau de boucher dans les toilettes ou explosage de canettes dans la bouche de pauvres malheureux maintenus à terre), est un véritable modèle du genre.Quand au scénario, il est lui aussi d'une excellente qualité, car Blue Spring n'est pa qu'une simple apologie de la violence gratuite, contrairement à ce que diront certains.En effet, il y a derrière toute cette violence un message fort sur l' état de détresse des lycéens nippons, voir de tous les lycéens en général.Ceux-ci, rejettés par un système éducatif qui ne veut pas les comprendre, échappent à cette exclusion en se révoltant contre tout le monde, s'animant ainsi d'une rage extrème.Tout celà juste pour montrer qu'ils existent.On a donc là une belle critique du système scolaire nippon, dans lequel le jeune qui échoue à ses examens n'a pour alternative que de devenir yakuza.Le ton pessimiste du film est dailleur parfaitement illustré par la scène finale(SPOILER)
Où Aoki, qui tente une dernière fois d'exister, se lance un ultime défi désespéré le menant indubitablement vers la mort.Sachant tout de même au fond de lui que son suicide laissera une trace de sa personne.(fin SPOILER)
En résumé: Scénario en béton, ambiance a la fois apocalyptique et onirique, et bande son totalement déjantée font de Blue Spring une référence absolue dans la lignée de son illustre prédécesseur Battle Royale.Une ode sanglante du désespoir de la jeunesse et un film à regarder de préférence dans une pièce capitonnée!!
Moyen
Beaucoup de bonnes idées, une photo pas mauvaise du tout mais malheureusement cela reste assez caricatural (ou pas assez!) et surtout, trés convenu.
Le tout se laisse quand même regarder!
déçu!
déçu car au vu de son premier film Porno Star, ainsi que des critiques de Blue Spring, j'en attendais sûrement trop; déçu car TOSHIAKI installe une ambiance intéressante, en partie grâce à une belle photo, mais passé cela il reste 1 heure pour se rendre compte du vide scénaristique. en plus je n'ai pas réussi à m'identifier à ces ados en manque de repère ou d'occupation, en gros ils ont plutôt l'air de bon gars mais on ne sait pas trop pourquoi ils sont très violents entre eux.
enfin le film est quand même pas mauvais de par l'interprétation, la bande son et la photo, la réalisation assez effacée et je le répète l'ambiance donc. sorti de là eh bien il faut reconnaître que Blue Spring ne restera pas dans les annales, dans le même style mais plus émotionnel je conseillerais PICNIC de IWAI, ainsi que le premier TOSHIAKI Porno star (poruno suta), dans une autre veine.
Bouleversant
Le film à la mise en scène inspirée est porté par la musique de Thee Michelle Gun Elephant. Si on ajoute à cela les formidables jeunes acteurs il en résulte un excellent moment de vie lycéenne .
Une mise en scène zélée au service d'une imagerie monotone
Comme s'il s'agissait de filmer des images avec panache pour faire un film, le réalisateur les fait défiler comme autant de tableaux peignant un univers chaotique. Dépourvues de la moindre émotion sensorielle, son film se perd dans les méandres de sa vision figée de l'objet cinéma.
Les silences fantômatiques de la longue dérive, la monotonie du ton défiant toute perspective accrocheuse, les approches nonchalantes, le minimalisme dans les dialogues, en font un objet autre, une sorte de long trip aux images éculées.
Dépourvue de la monidre ligne de conduite, totalement en opposition par rapport à la continuité linéaire d'un scénario inexistant, ce film-image perd le spectateur-voyeur dans la froideur de ses non-jugements.
Intéressant techniquement ce film frimeur se prend pour ce qu'il n'est pas et finit d'achever toute perspective intéressante.
Long, nonchalent, poseur, ce Printemps là est arrivée à son automne, du bleu il vire au gris et laisse indifférent émotionnellement.
A voir comme un film concept aux perspectives cavalières non dénuées d'intérêt, mais sensoriellement rustre et vide de toute émotion.
Par contre la BO est géniale.
La baffe!
Excellente réalisation, casting tout simplement parfait, et, cerise sur le gâteau, la preuve que la majorité des meilleurs groupes de rock du monde sont japonais!
Printemps tardif
Il est de certain film que l'on aime plus que de raison. Plus peut être que ce que le film nous donne à voir. Des films qui nous dépassent et que l'on aime pour des raisons intimes et profondes et sur lesquels l'analyse s'écorche, où l'on n'est plus capable que de balbutier quelques notes épars, peu clairs. Des films qui rejoignent les fantasmes d'autres films, d'une image ou d'un écho, d'un murmure. Des films rêvés à partir des autres ou à partir d'une voix proche de vous qui a su plaire à notre imaginaire.
Blue Spring est de ceux-là. C'est un film évident, simple, qui ne résisterait à aucune grille d'analyse. Pourtant, on peut être incapable d'en dire le moindre mot. C'est un film qui fait écho, à la jeunesse, à ses doutes, ses peurs, ses transitions vers l'âge adulte, tout en ne cherchant jamais à définir ce que serait, justement, le devenir adulte. Toyoda a su saisir la respiration de ses adolescents comme s'il s'agissait d'épouser à l'épaule les moindres enjeux de leur présent. Il sublime ses personnages à la mesure de ce que eux même cherche à représenter de leur propre image. La musique violente de Thee Michelle Gun Elephant (groupe culte et cultissime), passionnée, déchirante, et définitivement rock les accompagne comme un souffle au coeur. Aussi malade que l'espace de l'école aux abords de la ruine, elle est une pulsation forte qui caractérise les moindres sentiments : amitié, amour, violence, doute, perte, mort.
Blue Spring est un film existentialiste. Il n' y est question que de choix, de foi, d'incertitude, de confiance en soi, de doute, toujours et encore. ¨Mais c'est surtout un film sur le regard. Regard sur l'adolescence mais aussi comment exister dans le regard de l'autre, comment faire de ce regard celui qui approuve, qui nous accompagne. Un regard ami, compagnon, où l'on prouverait ce que l'on vaut. Il n'est question que de regard dans Blue Spring. On y baisse les yeux, on y essaie de garder la tête haute, on a parfois les yeux dans le vide ou au loin vers l'horizon. Toyoda a su saisir dans cette quadrature du regard l'essentiel de tous les enjeux passionnés que vivent ses personnages. Le film est entièrement orienté autour de ce pivot de l'image, du voir l'autre, qui dès le générique à la beauté fulgurante, s'installe entre Kujo et Aoki. En cela Blue Spring est une pure vision de cinéma. Non seulement il nous met avec violence et délicatesse à la place de chacun, et à la fois il dessine l'un des plus beaux portraits jamais fait sur l'adolescence.
Blue Spring est un espace entier (d'où l'on ne sort jamais), un paradis artificiel et pourtant réel (l'école, que l'on voudrait éternisé), un lieu, fantasmé vers lequel tout converge avec une quasi géométrie parfaite : le toit, ce lieu de vie, de mort, de possible, de liberté. Là où l'on devient quelqu'un, le passage clé vers le devenir ou non adulte, en tous cas sa décision. Toyoda sait comment filmer cet espace. Il ne cesse de le mettre à la hauteur des sentiments de ses personnages. Les ralentis somptueux autant que les vituoses mouvements à la grue qui épouse les alentours du toit fantasme autant le lieu que les personnages eux même. Blue Spring est un film en symbiose, où Toyoda ce serait presque retiré du plateau, et l'image se serait faite d'elle même, spontanément, à la mesure des passions. Toyoda n'est jamais dans la complaisance, la surenchère ou le racolage, il pose simplement un regard esthète qui s'accorde à celui que pourrait vouloir émettre ses personnages.
Blue Spring est un film qui laisse une blessure insurmontable, un vide. Cet absence, c'est autant une perte de l'autre, une incompréhension né d'une certaine vanité (Kujo et Aoki) qui se conclue par le drame de n'avoir su regarder l'autre à temps. Mais c'est aussi quelque chose de notre adolescence à tous. Un sentiment non résolu que l'on oublie plus ou moins, des questions auquel on n'a pas toujours répondu, une vie d'adulte que l'on ne comprend toujours pas.
Au collège fou fou fou...
Finalement "Blue Spring" n'est qu'un énième du genre parmi les autres, sans vraiment se démarquer davantage. Le film est plus que correct, il n'y a pas beaucoup à redire là dessus, mais les histoires de petits voyous de lycée se ressemblent toutes hélas. L'acteur principal, MATSUDA Ryuhei, est plus que jamais dans ce film l'acteur mono-attitude, c'est assez pénible. A part ça, la bande son et la réalisation donne un bon rythme et l'ensemble est plaisant car ne dépassant pas les 90min.
Kid's Blues Return
complément indispensable à
Kids Return de Kitano, une vision parfois abstraite, toujours noire et extrême de la jeunesse sans repère...
Donc.
"Blue Spring", donc. "Blue Spring", c'est-à-dire "Kid Leave", l'anti-"Kid Return", quelque chose comme un moment, le moment, celui où les choses basculent dans le choix ou son refus - dans la vie ou la mort, c'est-à-dire la compromission ou l'état de grâce. "Blue Spring", film romantique comme seule l'adolescence peut l'être - mais chacun sait qu'elle ne l'est jamais -, film maniéré comme seul l'innocence le permet encore - mais chacun sait qu'il n'y a plus de cinéastes innocents -, film destroy comme seul le cinéma japonais l'est encore - mais chacun sait qu'il n'y a plus de cinéma japonais, qu'il n'y a d'ailleurs plus de cinéma du tout -, film beau, tout simplement, parce que de tous ces paradoxes naît parfois quelque chose comme une grâce, cette grâce qu'il réussit à évoquer du fait même qu'il s'y situe lui-même tout entier. Grâce, adolescence et mort. Beauté nécessaire, par ici la sortie. Un lieu, un balcon, trois fleurs, un ballon, un nabot et des battes de base-ball qui volent entre des costumes noirs, des coiffures déchirées, des faciès de gamins qui rêvent être des mecs. Qui clapera le plus ? Sept fois, huit fois, treize fois ?
"Blue Spring", film magnifique d'être tout petit, somme négative de tous les maniérismes là où "Le stade de Wimbledon" de Mathieu Amalric, par exemple, en était la somme positive c'est-à-dire répugnante (et donc peut-être naïve aussi, qui sait, au point final tout se rejoint) ; film magnifique d'essayer des images inédites, de croire encore en des possibles visuels inouïs : une nuit entière sur un toit, une course au ralenti, des graffitis noirs. Que penser ? Pas grand-chose. C'est toujours l'effet que procure un cadeau : on ne pense rien. On se remplit de gratitude - l'esprit vide et confus. "Blue Spring" : film qui fait rougir. Qui fait rougir aussi parce tout cela, d'une certaine manière, c'est nous : le maniérisme c'est nous, l'adolescence c'est nous, l'état de grâce mortel contre toutes les ignominies de la vie c'est nous aussi. "Blue Spring", film miroir de tous les devenir-adolescents. Tout n'y tient qu'à cela : la bascule avec la possibilité de se libérer de tous les ordres en devenant suprême dans le sien propre. Il faut battre Yuko, sinon c'est l'ordre de Yuko qui deviendra le nôtre en attendant qu'un autre ordre (adulte, Yakuza, sportif, amoureux, etc.) ne substitue sa tyrannie à la tyrannie précédente. C'est cela, la beauté : la voix de sortie, l'ordre pour soi, l'ordre à soi - mon ordre est ma beauté. C'est cela aussi, l'adolescence.
Voilà déjà une première impression : "Blue Spring", film qui aurait été un désastre s'il n'avait été une splendide maison où blottir son intimité. "Blue Spring", pourquoi pas, serait-il un grand film bachelardien ? Y a-t-il un espace de l'image dont la poétique palerait à nos caves, à nos greniers, à nos coins, à nos sous-pentes ? Oui. Oui, il y a un cinéma qui implique davantage de nous, de notre corps et de nos souvenirs. Oui, il existe un cinéma de l'intimité. "Intimité", donc, de "Blue Spring". "Blue Spring", grand film intime, petite machine à réminiscences.
Teen Spirit.
Toyoda Toshiaki a su magnifiquement capturer dans Blue Spring une sensation en fait très difficile à retranscrire sans artifices ou complaisance : la sensation de l’éphémère adolescent. Cette période où l’on a pu se battre, comme si la vie en dépendait, pour des enjeux rétrospectivement et presque pathétiquement dérisoires.
Etre un caïd ou simplement « quelqu’un qui assure » dans un lycée, c’est savoir arriver en retard la tête haute sans baisser les yeux devant le prof ; savoir aller dans les lieux interdits par le directeur, le toit en premier, pour faire partie de ceux qui y vont et se faire jalouser des moins téméraires ; savoir donner corps et âme pour rentrer dans une bande ; savoir faire croire que ses parents n’existent pas ; savoir se déchirer comme Abel et Cain avec son meilleur ami pour paraître le plus fort.
Toyoda Toshiaki aurait facilement pu adopter l’ironie de celui qui lui aussi est passé par-là, avant d’attaquer « les choses sérieuses de la vie ». Mais ce qui ressort de Blue Spring au contraire est un profond respect pour ces adolescents, croyant avec ferveur à ce rituel lycéen, finalement leur seul vrai repère social avant l’âge adulte. Et surtout souhaitant in fine et secrètement que leurs années lycée se prolongent. L’action de Blue Spring ne quittera d’ailleurs jamais l’enceinte du lycée, preuve que l’au-delà du lycée est en fait un inconnu, finalement bien plus angoissant que le lycée lui-même et ses querelles de bandes.
Toyoda Toshiaki a su comprendre et filmer ce qu’est ou a été un adolescent, ce qu’est l’esprit adolescent. Et malgré la brutalité du film, il l’a fait de manière somme toute délicate, captant avec grandeur et sensualité les attitudes, les postures et les démarches de ses jeunes acteurs à cheval entre deux âges. En sus, il confirme l’éclatant travail de comédien de Ryuhei Matsuda (Tabou) au magnétisme absolument inégalé dans le cinéma mondial contemporain (il faut peut-être revenir à Maurice Ronet dans le Feu Follet pour retrouver une telle intensité en même temps qu’un profond désarroi dans le regard).
On pourra classer ce film dans la tendance « violence adolescente » en vogue au Japon depuis Battle Royale. C’est oublier que, à l’instar de Blue Spring, Battle Royale était avant tout un chant d’amour aux adolescents. Blue Spring quant à lui est également un très grand film.
bien beau !
film bien beau en grande partie grace à cette superbe ost, et ce toujours superbe ryuhei matsuda.
un peu court, pas grand chose à raconter faut dire, un long court metrage quoi ,decevant à ce niveau. mais la realisation, les acteurs , les decors , l'ost sont quasi parfaits.
Une belle oeuvre, Une belle adaptation
un très bon film, il dépeint avec beaucoup de caractères les jeunes japonais de la société actuelle.
On retrouve ici une ambiance froide et violente semblable à celle de
Porno Star mais plus habilement utilisée rendant aussi intense que le manga. Le film est très expressif et possède une réalisation parfaitement maîtrisé et la musique essentiellement Rock, apporte sa touche très rebelle à l'univers de ces jeunes qui sombres petit à petit dans la folie.
Une adaptation assez réussi de l'excellent manga du même nom de
Taiyo Matsumoto, y avait intérêt!! ;)
Trés bon, mais ne plaira pas à tout le monde
Aoi Haru est un drôle de petit film. (Trop petit d'ailleurs... Même pas 1h30!)
Des gang de lycéens qui jouent aux yakusa et font la loi dans leur lycée, (magnifiquement tagué par leur soins d'ailleurs...) bizutent profs et élèves à leurs guises... Et se confrontent lors de concours en haut du batiment, où il faut taper le plus de fois dans ses mains sans tomber (et mourir) pour devenir le chef de la bande.
Etrange. Certains sans doute n'apprecirons pas le rythme plutôt spécial des actions; en effet de longs moments de silences sont parfois présents, entre deux scène de bizutage souvent plutôt violentes...
On ressent également beaucoup une ambiance "post battle royale", surtout par la présence de deux acteurs de ce dernier film: Sosuke Takaoka, dans BR Sugimura, ici Yukio, un espèce de psychopathe trés ambigu -mais sacrément interessant!- qui se prend pour un super héros, et Takashi Tsukamoto, Mimura dans BR, un joueur de baseball qui ne fait que passer...
Le reste du casting est plutôt bien choisi. Ryuhei Matsuda, toujours calme et décalé, un jardinier nain qui se prend d'affection pour les loubards...
Etrange, encore et toujours... A voir, à voir!