Ram Mohan, dont la carrière s’étend sur cinq décennies, est considéré comme le père de l’animation indienne.
Il obtient son diplôme de Sciences à l’université de Madras puis, plus tard abandonne ses études pour rejoindre en 1956 la CFI, la « Cartoon Films Unit », qui dépend du gouvernement indien. A l’occasion d’un programme d’aide technique américaine, il reçoit une formation particulière des Studios
Walt Disney en la personne de
Clair H. Weeks. Entre 1960 et 1967 il crée une grande partie des travaux de la CFI, comme
Homo Saps qui remporte le prix du meilleur film expérimental d'Inde en 1967. L’année suivante,
Chaos remporte un autre prix au Festival de courts métrages de Leipzig, Allemagne. En 1968 il quitte la CFI pour rejoindre « Prasad Productions » en tant que chef du département animation. En 1972, il fonde sa propre société de production : « Mohan Biographics ».
En 1995, Ram Mohan mène le projet de l’UNICEF
Meena à son terme. La série en 13 épisodes est consacrée aux aventures d’une jeune indienne.
« Meena est si populaire qu’il n’y a pas un enfant du Bengladesh qui ne la connaisse pas » affirme t’il lui-même.
Actuellement, Ram Mohan occupe les fonctions de président de Graphiti Multimedia ; il est aussi doyen de la Graphiti School of Animation de Mumbai.
Concernant l’intérêt d’un cinéma d’animation indien, Ram Mohan tient ces propos :
« Une des raisons pour laquelle l’animation est utile en Inde concerne l’animation des personnages. Elle devient générique. Prenez un acteur appartenant à telle ou telle région. S’il est "Keralite", "Bengali" ou "Punjabi" il devient associé à sa région. En animation, le personnage est générique. Il peut être fermier indien ou pêcheur indien, peu importe, l’animation peut couvrir tout le territoire. »
Ramayana – Prince of light
La reconnaissance – tardive - internationale de Ram Mohan est due à l’intérêt porté en 1984 par le japonais
Yugo Sako, jusqu’ici réalisateur de documentaires, à la légende indienne de Ramayana. Fasciné par cette histoire et très respectueux du matériau – en 1985 il tourne
The Ramayan Relics - , il approche Ram Mohan pour une co-réalisation sur le film. 450 artistes y participent.
Le Ramayana raconte la naissance et l'éducation du prince Rama qui est le septième avatar du dieu Vishnou, la conquête de Sîtâ et son union avec elle. L'œuvre raconte également l'exil de Rāma, l'enlèvement de Sîtâ, sa délivrance et le retour de Rāma sur le trône.
Entre 1990 et 1994, la collaboration indo-japonaise sur ce long métrage n’est pas des plus aisées. Le caractère sacré de l’histoire nécessite une attention toute particulière à nombre détails susceptibles d’échapper au japonais. Yugo Sako trouve grâce auprès du gouvernement indien par son approche sensible, intègre et passionnée. Il voyage une soixantaine de fois en Inde et consacre 10 ans de sa vie à ce film, pour une durée finale du métrage typiquement indienne : 135 minutes. Un massacre au montage américain s’ensuit, renommé
Prince of light. C'est un scandale en Inde : le caractère profondément religieux de l’histoire, transformée aux USA en gentille épopée d’une heure plus courte, choque les hindouistes et empêche l'exploitation sur le territoire américain. Le charcutage est du même ordre que celui du fameux
Princesse des étoiles, anime dont le titre camoufle alors le
Nausicaa de
Hayao Miyazaki, film sur lequel
Kazuyuki Kobayashi, directeur de l’animation sur Ramayana, fut d'ailleurs animateur clef.
Sources: Designinindia.net, Annecy.org, Chakra.org, Wikipedia, Belief.net, ANN
Dessin: Designindia.net
Arnaud Mirloup
Arno Ching-wan
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