Si le cinéma de King Hu fut en son temps utilisé par la critique lettrée pour déconsidérer le reste du cinéma hongkongais, King Hu demeure néanmoins un des cinéastes les (le?) plus importants de l'histoire du cinéma de Hong Kong et l'on retrouve une grande partie de son héritage formel et thématique chez Tsui Hark et Ang Lee entre autres.
des Débuts Accidentels dans le Cinéma
King Hu naît le 29 avril 1932 à Pékin. Très jeune, il se passionne pour la lecture de comic books adaptés de de romans d'arts martiaux et d'opéras, éléments qui occuperont une place centrale dans son cinéma. Mais le cinéma ne représente pas alors pour lui une vocation. En 1949, après des études à l'Institut National d'Arts de Pékin, il s'installe à Hong Kong. Là, il enseigne l'anglais au fils d'un employé des studios Great Wall. Cet employé lui trouvera un travail dans les studios même si c'est sa maîtrise du mandarin qui fut un élément décisif pour l'obtention de son travail. Il est d'abord décorateur puis sera acteur sur 37 films produits entre 1954 et 1965. En 1958, il rejoint les studios de la Shaw en tant qu'acteur avec l'intention de devenir réalisateur. Il devient assistant-réalisateur de Li Hanxiang sur les films de costume The Love Eterne (1963) et The Story of Sue San (1964). Son premier film en tant que réalisateur est Sons of the Good Earth (1965), un film de guerre où il interprète un résistant mourant héroïquement pour libérer un village occupé pendant la Guerre de Résistance contre le Japon. Ce côté nationaliste se retrouvera plus tard dans certains de ses films, the Valiant Ones et the Fate of Lee Khan par exemple. King Hu doit ensuite tourner dans le même décor et avec les mêmes costumes un autre film anti-japonais, Ting Yee-shan, du nom d'un fameux leader de guérilla. Mais au bout de deux semaines de tournage, le studio stoppe le projet, craignant que le film soit censuré à Singapour.
les Grandes Années
King Hu se lance alors immédiatement dans la réalisation de son premier wu xia pian, Come Drink with Me (1966), inspiré de l'opéra The Drunkard Beggar: avec ce film, il fait de Cheng Pei Pei une star et pose les bases de son univers d'auteur. C'est le succès du film qui lui permet de quitter la Shaw dont il ne supporte plus les contraintes et de partir pour Taïwan, où il réalisera ses deux films suivants. Avec Dragon Inn (1967), il incorpore le rythme de l'Opéra pékinois aux scènes d'action. Il se consacre ensuite au tournage d'un ambitieux dyptique sur la culture chinoise, A Touch of Zen (1970-1971), qui le fera connaître internationalement. Ce film ne sera présenté à Cannes qu'en 1975 mais y obtiendra le Prix de la Commission Supérieure Technique. Il réalise ensuite un film d'auberge ( (1973)) et un wu xia pian ( Valiant Ones (1975)). Ensuite, il ne fera plus de véritable film de genre. Avec le magnifique dyptique Legend of the Mountain/ Raining in the Mountain (1979) tourné en Corée (le premier film étant scénarisé par sa femme, la poète Chung Ling), le mysticisme prend fortement le pas sur l'action.
le Déclin
A partir de 1981, King Hu passe beaucoup de temps à Los Angeles pour essayer de concrétiser un projet sur les immigrés chinois qui construisirent les chemins de fer de l'Union Pacific, projet repris et relancé après sa mort par John Woo et les talentueux scénaristes de son Face/Off qui espèrent pouvoir le concrétiser avec Nicholas Cage et Chow Yun Fat devant la caméra. A Taiwan, King Hu réalise la comédie contemporaine The Juvenizer (1981) ainsi que le film de costumes All the king's men (1983) qui est un succès d'estime en Occident. Le déclin de King commence alors: à Hong Kong, il se retrouve débordé par la Nouvelle Vague menée par Tsui Hark; à Taiwan, les cinéastes qui commencent à se faire un nom se caractérisent par des films à sujets plus contemporains et réalistes (Hou Hsiao Hsien, Edward Yang). Il travaille alors sur de nombreux projets avortés. Il fait un bref come back en 1990 comme producteur du chef d'oeuvre d'Ann Hui Song of the Exile. Il commence à réaliser pour la Workshop Swordsman la même année mais son ryhtme de travail trop lent le fait congédier du tournage par Tsui Hark. En 1993, il réalise son dernier film, the Painted Skin. Il meurt le 14 janvier 1997 à Taipei.
souces: Senses of Cinema, kamera.co.uk
Ordell Robbie