Ordell Robbie | 2.75 | Hystérie toc |
Troisième variation de Kim Ki Young sur le pitch de la Servante, Woman of fire peine à vraiment convaincre tout en étant nettement meilleur que The Insect Woman. Si l'on excepte un début en forme de série policière ennuyeuse et un final baclé, Kim Ki Young évite ici les travers scénaristiques de ce film-là.
On revient cette fois à une des caractéristiques du premier film de cette "trilogie des servantes", à savoir la façon dont la servante va progressivement prendre le pouvoir à l'intérieur du foyer. Contrairement à l'épouse légitime de la Femme Insecte, celle du film est également une femme qui s'est sacrifiée pour son mari tout en menant néanmoins un train de vie confortable grace à un élevage industriel de poules. Aux décors d'intérieur des films précédents s'ajoute celui de l'élevage de poules offrant de belles opportunités meurtrières à qui veut les saisir. Mais ce sont surtout les décor d'intérieur et la manière dont la mise en scène les utilise qui font la force du film. Sur le premier point, on peut citer bien sur les escaliers et ce mur de chambre sur lequel on trouve un grand nombre d'horloges installées cote à cote. Et pour le second le fait que la mise en scène cadre souvent les personnages au travers de portes au dessin élaboré ou de vitres ayant pour effet de surmultiplier leur image. Les tourments des personnages sont ainsi exprimés sans symbolisme lourd.
On ne saurait par contre en dire autant de l'idée de faire défiler verticalement en superposition sur le mari et la servante faisant l'amour l'image des horloges pour marquer l'écoulement du temps. La recherche de l'audace formelle sombre ici dans le trop lourdement signifiant. Le reste du temps, la mise en scène est globalement maitrisée avec un bon usage du plan large et de la focale. Etiré sur une durée plus longue le scénario s'offre l'opportunité d'ajouter un personnage de condition aussi modeste que la Servante. Personnage manipulé par le couple en espérant l'épouser sans lui demander son avis. Et qui se révèlera finalement aussi dominateur vis à vis d'elle que le couple. Mais malgré toutes ces qualités le film ne convainc pas car tiré vers le bas par sa direction d'acteurs. Le coté très chargé dramatiquement de la seconde moitié du film avec ses retournements aboutit à des prestations forcées dans l'hystérie qui plombent ces scènes-là. Qui se retrouvent du coup plombées par le manque de naturel des acteurs dans le jeu outré.
A défaut de convaincre, le film confirme la singularité du projet d’un cinéaste à cheval entre préoccupations du cinéma d’auteur sixties et éléments B voire Bis.