Un scénario inutilement compliqué et une Son Ye-jin insipide
White Night, c'était l'annonce de voir un thriller haletant, une histoire passionnante, et surtout, surtout, Son Yejin (enfin) à poil. Particulièrement connue pour ses romances et drames pour collégiennes, avec plus ou moins de réussite, Son Yejin a toujours tout fait pour garder cette image très propre sur elle, de la fille sage à marier. Même pour le thriller Open City, elle restait très soft dans son jeu et ne brusquait jamais son coté lisse. Dans White Night, le film commence justement par une scène "érotique", où l'on voit Son Yejin avec une homme quasiment tout le temps de dos ; Son Yejin joue comme la petit vierge dépucelée dont on ne voit que le visage ; on voit par son expression qu'elle subit plus qu'elle ne profite du moment (ce qui sera une élément important de l'histoire), bref rien de bien spécial. Au final, on se dit que c'est parce que c'est CJ, il ne faut pas de scènes trop hard afin de faire passer le film aux mineurs. Que Neni ! 20 minutes plus tard, une bonne grosse scène de cul intervient dans le film, bien crue, bien violente, mais sans Son Yejin. Certes, les deux ambiances s'expliquent par leur implication dans le film, ce qu'elles dégagent, mais aussi elles montrent à quel point les producteurs cherchent à influencer le spectateur quant à l'image des personnages, et Son Yejin soigne malheureusement trop l'image qu'elle veut avoir, et à mon goût est bien loin d'une Jeon Do-yeon qui a su casser complètement son image trop lisse avec le film Happy End.
Pour revenir sur le film en lui-même, le scénario est d'une extrême complexité, cela dû à une narration vraiment étrange dès le départ, montrant coup sur coup deux meurtres en parallèle à 14 ans d'écart, cela dans la plus grande confusion (j'en reste encore à me demander s'il y avait tant de téléphones portables que ça en 1995 ; j'ai revu la scène une deuxième fois pour être sûr de ce que je voyais), avec des passages du présent au passé pas tout le temps très bien définis, et certains événements qu'on a du mal à replacer dans le temps. Il faut donc en gros une bonne quarantaine de minutes pour bien saisir ce qu'il se passe et donc comprendre globalement l'intrigue. Une fois que l'on a bien saisi la profondeur du scénario, alors tout s'éclaircit et l'on en voit déjà le dénouement (oui oui au bout de 40 min), cassant donc immédiatement tout le suspense que l'on pouvait imaginer se voir entretenir tout du long. Et cela est bien dommage, vu le casting particulièrement intéressant que l'on nous proposait. Tout d'abord Han Seok-kyu, qui après plusieurs années de trous et de films très moyens, nous semble très en forme et s'en sort admirablement dans son rôle de flic usé et malade. A coté, Ko Su reste crédible en tueur sombre et soumis, et Lee Min-jeong, qui paraît plutôt bizarre au début, défend bien son rôle par la suite.
On n'oubliera ensuite pas la photographie trop propre et constante de films en films, une musique omniprésente et particulièrement insipide pour soi-disant insister sur un lien entre les personnages, des flashback en veux-tu en voila, certains ayant un intérêt narratif, d'autres ne faisant qu'insister sur ce qu'on avait déjà très bien compris, et bien sûr, le flashback final si inutile mais pourtant cher aux production coréennes contemporaines. Bref, ce n'est pas aujourd'hui que Son Yejin devient sérieuse (le sera-t-elle avant ses 40 ans), et on se retrouve une nouvelle fois devant un film au scénario tordu qui ne satisfait pas du tout l'attente.
In the coldness of the night
"White Night" est l'adaptation du polar "Byakuyako" du romancier nippon Higashino Keigo, déjà à l'origine des excellents "Suspect X" et "g@me" – et même ce roman a déjà fait l'objet d'une adaptation TV en 11 épisodes au Japon avant de donner lieu à un long-métrage à sortir en 2011.
Les coréens ont donc dégainé plus vite…mais avec peut-être un brin trop de précipitation…ou du moins en n'ayant réussi à compiler toute la densité du roman original dans les pourtant 136 minutes, que dure le long…
Park Shin-woo semble ainsi se perdre un peu dans les méandres d'une intrigue inutilement complexe…et en en perdant le spectateur dès la première demi-heure du film. Trop de personnages, trop d'allers-venues temporels pour ce qui va finalement se dénouer plus logiquement au-delà des deux heures…si vous n'aurez pas décroché plus tôt.
Dire, que l'attente en vaut le coup est peut-être exagéré…surtout dans ce dernier quart d'heure, dense, mais un peu trop appuyé pour redonner toutes les lettres de noblesse à l'expression "femme fatale" décernée sans mal au personnage de Han Suk-kyu.
Bref, un polar dans le plus pur style, servi par une image magnifique, mais insuffisamment maîtrisé par son réalisateur, qu'il vaudra quand même le coup de suivre dans ses prochains projets.
Sympathique mais anecdotique
Voilà un thriller made in Korea qui se laisse regarder mais qui n'atteindra pas la renommé d'un "Memories Of Murder" ou d'un "The Chaser". Plutôt bien mis en scène et possédant une très belle photo, c'est au niveau narratif que le bât blesse. Le premier tiers du film qui multiplie les flash-back est très difficile à suivre tant on a bien du mal à savoir si telle scène se passe dans le présent ou au contraire dans le passé. Une narration plus linéaire aurait certainement était plus viable. On reprochera également, et c'est un soucis qui semble récurrent ces derniers temps dans les thrillers Coréens, une fin qui s'éternise inutilement. Dommage car le final en lui même est plutôt réussi. Notons également que l'actrice principale, Son Ye Jin, ne se montre pas du tout à la hauteur de son rôle et on lui préférera d'ailleurs celle qui interprète son personnage quand elle n'est encore qu'une enfant.