drélium | 4 | Et ben voilà, ç'est tout ! |
Chan Ping voit son mari, garde impérial, assassiné par le meneur de la dite garde, spécialisée dans l'arme bis par excellence, la guillotine volante. Ce chef aux ordres de l'empereur est incarné par Lo Lieh qui part bientôt en chasse de la belle pour une sombre histoire de massacre de notables qu'il faut garder secret et dont Chan Ping et sa famille deviennent les témoins génants. Sur ce, Chan Ping doit fuir et se cacher. Elle trouve l'aide d'un viel ami voyageur Yueh Hua, puis rencontre un ancien garde royal devenu lanceur de bols boomerang, Norman Chu. Un trio amoureux se forme et rappelle la tentative de Lady Hermit mais jamais Ho Meng Hua ne s'enfoncera ici dans la lenteur et la nièvrerie du trio suscité, ou ne s'aventurera à trop vouloir construire une substance plus profonde qui prendrait trop de place, tentative dans laquelle il n'excelle certainement pas.
Ho Meng hua est doué pour le cinéma d'aventure tendance exploitation dans toute sa vigueur et son énergie. Ici, les relations sont rapides, sans temps mort, pour ne pas dire basiques, mais toujours finement imbriquées dans un régal d'action et de rebondissements en tout genre. Tang Chia s'amuse à inventer encore une fois des combats tout a fait recommandés qui annoncent même les prémisses de Duel To the death. Avec beaucoup d'années d'avance, un combat suspendu dans une forêt de bamboo sent déjà très bon les futurs délires aériens de Ching Siu Tung. Le tout est généreux, varié et inventif et ne lésine pas sur les effets bis savoureux comme les bols plantés en pleine gorge déjà vus dans Lady Hermit, mais aussi bien d'autres idées saugrenues qui constuisent un divertissement plaisant et aéré. Même si certains passages semblent avoir été tourné à la va vite comme l'entrée de Norman Chu dans le palais impérial ou le final assez vite bouclé mais efficace, Ho Meng Hua réussit à obtenir une belle cohérence. Il tourne de toute façon toujours très vite mais s'en sort très bien dans le cas présent. N'oublions pas aussi que nous sommes en 1978 et que la maîtrise des combats n'a rien à voir avec la vitesse et les moyens techniques des néo wu xia pian.
Mais ça ne s'arrête pas là ! Le trio amoureux Chan Ping, Yueh Hua, Norman Chu fonctionne du début à la fin, offrant son lot de surprises et de moments carrément chauds pour être direct. Les corps dénudés ne sont pas rares à la Shaw mais découvrir Chang Ping lors d'un baiser langoureux avec Norman où la suivre dans une scène où elle tente de calmer sa douleur d'être en sainte en humidifiant son entre jambes est assez unique pour être remarqué. Plus que cela, Ho Meng Hua regorge de bonnes idées dans ces scènes à l'ambiance tout à fait particulière qui se révèlent indéniablement sensuelles, avec une caméra toujours vive qui sait titiller la rétine avec saveur.
Et puis, Lo Lieh en ennemi principal fait toujours son effet et ses fils et fille en la personne de Wang Lung Wei, Lam Fai Wong et Siu Yam Yam clôturent la sympathique galerie de personnages. Les deux premiers offrent chacun un beau face à face avec la belle filmé avec le souci d'offrir de la diversité (caméra dynamique voir créative, forêt de bambou et temple sacré pour décors exotiques). Quant à la petite dernière, elle offre à notre chaste regard son superbe corps lors d'un passage des plus goutu où elle tente le charme avant de se battre poitrine toute devant.
La musique dans le ton et les décors maîtrisés, le plus souvent en extérieur, font aussi la fraîcheur et la diversité constante du film : cascade idyllique, temple d'envergure, forêt, pont au coeur de collines verdoyantes, etc. Ho Meng Hua trouve le ton juste pour maintenir l'amateur du début à la fin comme pouvait le faire la dernière demi heure de Lady Hermit. Chan Ping est indéniablement moins connue et réputée que la légendaire Cheng Pei Pei mais elle reste convaincante, et ce de plus en plus au fil du métrage... Et je lui envoie un bisou à la volée tiens. ;)
Bref, Ho Meng Hua réussit avec The Vengeful Beauty une réjouissante démonstration de sa capacité à mettre en scène un spectacle de tous les instants, tentant la subtilité de Chu Yuan sans sombrer dans la tentative de rigueur et de profondeur dont il est bien incapable de toute façon.