Tronches de vie
Le tout premier méfait de l'ancien mogol immobilier Dennis Law, devenu réalisateur pour assouvir un caprice personnel, secondé par Herman Yau dans le rôle du producteur.
Curieusement, "The unusual youth" présente déjà tous les travers des futures réalisateurs de Law: il s'empare d'un sujet plutôt commun (le récit d'une adolescence, apparemment basée sur ses propres souvenirs et ceux de son proche entourage), tente d'appliquer des formules éprouvés en attendant d'acquérir son propre style et finit par se perdre dans les méandres d'une écriture scénaristique insuffisamment aboutie – à moins, qu'il ne possède cette capacité obligatoire de tout bon réalisateur de garder en tête ce qu'il a déjà tourné et ce qui lui reste à tourner pour aboutir à une historie complète…On passe souvent du coq à l'âne au cours de ces quelques séquences sans véritable lien (ou si peu) à la suite avec pas mal d'histoires, dont il faudra soi-même imaginer la fin tant elles n'aboutissent nulle part et d'autres, qu'il faut inventer rapidement pour imaginer ce qui s'est passé entre deux scènes sans aucune explication, alors que personnages et situations ont singulièrement évoluées. Une constante dans la filmo de Law, dont les films pêchent par manque de cohésion de leurs histories confuses.
Si ces futurs "Fatal Move" et "Fatal Contact" avaient encore le mérite d'au moins TITILLER la curiosité du fan de base du cinéma HK (des putain de films de triades avec un putain de casting) et d'ESPERER un bon résultat, il n'en va pas de même avec ce "Unusual Youth", qui se classe dès le départ comme un énième drame ado formaté pour le public cible de la plupart des producteurs HK: le public ado; c'est ainsi que l'on retrouve d'ailleurs au générique une bonne partie des "vedettes" du moment" parmi lesquelles le cabotin et insupportable Marco Lok, Race Wong ou encore Sammy…Bref, des belles gueules pour incarner des personnages stéréotypés dans une histoire très peu passionnante, où le seul coup d'éclat sera constitué par le vol du portable de son petit frère par "Big Chick", qui va le jeter à la mer, parce qu'il n'est pas content. Ho ! Le vilain. Le reste est à l'avenant.
Prouvant, que Dennis Law est avant tout un business man avisé et qu'il n'a jamais été aussi bon, que dans les campagnes de communication entourant ses films (il suffit de se rappeler de l'annonce de "Fatal Move" comme étant le nouveau "SPL"), il suffit de voir L'affiche à la sortie de l'époque, qui montrait Yan Ng et Race Wong sur le point de s'embrasser: shocking ! mais un simple argument commercial de plus pour tenter de provoquer le scandale et de faire se déplacer les minettes en masse pour vérifier l'objet du délit, alors que cette scène est évidemment chaste au possible et juste un gimmick parmi tant d'autres au cours de l'histoire de Suki, en quête de son identité sexuelle…Oui, cela a déjà donné des films magnifiques par le passé, mais ne sert ici que de simple ressort éprouvé sans aucun intérêt.
Reste l'attrait des environs de l'île Cheung Chau, dès à présent sur ma liste personnelle des endroits à visiter lors de mon prochain voyage à Hong Kong…