un film très court qui impose déjà Iwai comme cinéaste à suivre
Il ne faut pas plus de 47 minutes à Shunji Iwai pour s'imposer comme cinéaste japonais à suivre, qui plus est avec un sujet difficile : le bondage. Il faut déjà faire crédit à Iwai de ne pas sombrer dans la provocation facile : il va montrer comment l'obsession d'être attachée va pousser une jeune mariée à attacher tous les objets de son foyer puis elle-même. Le film montre comment cette passion va progressivement s'installer dans le quotidien du couple. La photographie et la réalisation sont remarquables : le film enregistre d'abord le quotidien du couple de façon contemplative puis la caméra devient de plus en plus frénétique au fur et à mesure. Le film sera très remarqué au Japon et un livre de photos du film sera un grand succès.
Une romance inquiétante
Avant de se lancer dans le long-métrage avec l'excellent Love Letter, Iwai Shunji se spécialisait dans de petits essais aussi divers que variés avec notamment Undo, une courte oeuvre traitant du fétichisme maladif. La jeune Moemi est donc obsédée à l'idée de nouer et serrer tout ce qui lui passe sous le nez et entre les mains, la rendant alors complètement prisonnière de ses propres émotions et de son univers passionnel. La passion la ruine de jour en jour, cette dernière en est d'ailleurs consciente mais la maladie prend le dessus et l'exploite totalement. Son petit ami décide alors de l'emmener consulter un spécialiste, visiblement sans succès, pour finir par céder lui aussi aux "caprices" de Moemi.
Visuellement le titre est très travaillé, Iwai sollicite le talent inné de l'excellent Shinoda Naboru pour la photographie (qui continuera à collaborer avec Iwai pendant un bon bout de temps), ce dernier réussissant à proposer des images de très haute facture même si le format ne s'y prête pas forcément, tout du moins au niveau de la contemplation. Car Iwai prend le temps de capter les moindres "noeuds" et labyrinthes de files pour rendre le cadre aussi étouffant qu'inquiétant, car en dehors de sa romance absolument charmante, Undo est un paradoxe : l'amour et la relation forte qu'entretiennent les deux amoureux sombrent rapidement dans la bassesse la plus totale, orgie de tissus et de laines crispante et dérangeante, véritable contraste avec ce que l'on peut voir habituellement chez le cinéaste. Plus exercice de style qu'objet cinématographique, Undo divise.
un ton en dessous de PICNIC, Undo est un film à l'ambiance étrange et psychotique qui ne trouvera pas grâce aux yeux de tous vu le sujet (Sm/bondage), mais une fois de plus IWAI nous parle d'amour. bonne durée: plus long on se serrait ennuyé.
Prédateur
Shunji Iwai est un cinéaste viscéral, il s'attache (sic!) avec ce film à décrire la lente (re-sic!) plongée d'un couple dans le labyrinthe des doutes. En s'appropriant le cadre image comme un tableau, il peint l'agonie et le désespoir d'un couple qui se cherche dans les mailles d'une toile qui se tisse jour après jour.
Le personnage féminin est enfant avant de devenir prédateur, lui est désintéressé avant d'être pris dans la toile de la passion.
Avec un panache et une maîtrise de tous les instants, le réalisateur de Picnic réussit à rendre fascinante une histoire faite de cordes et de noeuds qu'il faut dénouer pour tisser la toile et ainsi arriver à comprendre qu'il s'agit en fait d'une histoire passionnelle qui traîte de l'abandon et du désespoir. Il nous invite à nous rassembler dans le couple par n'importe quel moyen et de rester attacher à certaines valeurs.
Après un voyage sur des murs sans limite, il s'enferme entre quatre murs. D'un film d'extérieur qui traîte de l'isolement et de l'échappatoire, il passe à une histoire d'évasion qui se conclut par par la fusion.
Le noeud du problème
Shunji Iwai sait faire long,voire trés long,mais il peut tout autant se conformer aux exigences du moyen-métrage avec brio.
UNDO développe en moins de 50 minutes une histoire autour du Bondage,mais cette pratique souvent associée dans les médias à une fantaisie toute japonaise,est ici traitée par le biais assez original de la névrose obsessionnelle.C'est bien à la dérive d'un couple que nous assistons,et pas à une énième mise en scène d'un fantasme précis.D'ou une grande pudeur dans la façon de dévoiler les comportements,associée à une mise en scène privilégiant la concision vue la durée du projet,mais n'excluant pas une vision artistique.
Car la maîtrise de la caméra de Iwai est déjà bien présente,et son art de raconter une histoire également.Nous entrons discrètement dans la vie d'un gentil couple de jeunes japonais,adoptant deux petites tortues plutôt qu'un chien pour animaux de compagnie,faute de place.Lui écrit, elle tricote...Ils se baladent au bord de l'eau pour "sortir" leurs animaux.Le tableau d'un quotidien classique,avec ce qu'il faut de farfelu et de poétique.Mais la pathologie se pointe rapidement,nous basculons alors à la suite des tourtereaux dans une ambiance plus sombre,et même de plus en plus tragique,jusqu'à un final teinté d'onirisme.
Cette tension qui s'installe au fur et à mesure est trés prenante,la chronique des jours heureux devenant un huis-clos sans réelle issue possible.
Et l'impression de tristesse du héros principal est totalement partagée par le spectateur,sans que jamais le moindre voyeurisme ne vienne d'ailleurs ternir la façon de présenter ce drame conjugal.
En nous donnant ce "petit" film, Shunji Iwai démontrait sa faculté d'adaptation et son talent de cinéaste novateur de la forme comme du fond, annonçant les perles à venir,de LOVE LETTER dés l'année suivante à sa derniere réussite HANA & ALICE...
le lien et l'attachement...
plus que l'histoire d'une passion c'est l'histoire de moemie dont le détachement (apparent) de son époux et celui réel de son appareil dentaire va la conduire à un syndrome obsessionnel d'attachement, de lier tout ce qui lui est proche.
cette folie nous est montrée de façon lente et de façon de plus en plus "resserée", faisant monter une certaine angoisse, monte en même temps l'amour et l'incompréhension du mari qui essaye de renouer un lien affectif et physique, sans ficelle...
le tout en 47 minutes somptueuses pour cette parabole de toute beauté.
à découvrir sans modération.
Osé et déjà somptueux, un court métrage fort portant déjà la marque d'un génie du septième art
Tout est dit: en moins de 40 minutes (attention!), Iwai met en scène la naissance d'une folie, le boulversement qu'elle crée, puis le vide qui en résulte.
Etsushi Toyokawa, qui deviendra par la suite un des acteurs phare de Love Letter et star au japon, continuait sur sa lancée des rôles complexes après celui, totalement jeté et ingrat qu'il avait dans "Angel Dust". Possédé et violent, il se livre complètement dans ce film qui lui en laisse à peine le temps, et fait déjà preuve d'un talent qui s'étiolera un peu vers la fin des années 90.
Son duo épuré et atterré avec la somptueuse Tomoko Yamaguchi (icône audiovisuelle au charme et au talent exceptionnels d'un des plus beaux drama du monde, "Long Vacation" - avec Kimutaku, ici ultra-zen) est quelque chose d'artistique, en symbiose avec la réa d'Iwai, grand directeur d'acteurs. Ils ne disent quasiment rien, et quand ils parlent, c'est pour dire l'essentiel; et encore, leur amour est sous-jacent, et c'est ce qui donne naissance à la folie de la fragile Tomoko.
La naissance de la folie, ainsi que son développement, est à la fois ultra-light et profondément dark; light dans le sens où, en une demi-heure, Iwai n'a pas eu le temps de tergiverser, et a fait dans le symbolisme (les personnages sont simples, l'appartement est flou, comme leur union), l'onirisme (la disparition finale de Tomoko) voire le métaphorique quand il s'accordait 5 minutes. Dark dans le sens où tout cela est sans concession aucune, glauque (sans verser dans le vulgaire), et malsain pour qui est complètement étranger à la psychiatrie.
En d'autres terme, c'est un film court mais profond, épuré mais dense, et déjà abouti styllistiquement.
Un autre grand film de Iwai Shunji... quand ça arrive, ça fait du bien.
(... à quand une épopée lyrique sur huit minutes? :) )
Bon film
VCD : Sous-titres gros et bien lisibles. Image pixelisée lors des mouvements brusques des personnages.