Xavier Chanoine | 3.25 | "Tu es bête mais honnête" |
Qu'importe si la démarche est sincère ou non, Torajiro l'utilise comme d'habitude à des fins bien précises : séduire le coeur d'une femme, mais aussi se trouver lui-même dans une société ne laissant plus de place au "temps". Le chronomètre tourne, Torajiro ne doit pas faiblir ou se laisser aller si il compte conquérir le coeur d'une femme déjà suivie de près par son ancien professeur de lettre, antithèse parfaite de l'intellectuel de base. Et Yamada pousse justement le cliché dans les extrêmes, éclipsant ainsi les préjugés les plus répandus, comme cette séquence où Torajiro s'étonne de voir qu'un géni pareil n'a pas de livre sous le coude et s'habille comme en Alaska. Comme si c'était une véritable révolution de voir qu'un intellectuel peut-être tout à fait quelconque et exempt de manies. En revanche, si le message social, presque à vocation préventive, est "fort", autant l'esprit originel de la saga reste préservé. Ainsi le schéma structurel n'a rien de bien nouveau avec une introduction surréaliste se déroulant cette fois-ci dans un cadre western bien digéré, générique musical, apparition de Torajiro au sein du café de Sakura et quelques surprises à la clé. Mais la surprise du début, notamment lorsque Tora découvre qu'il a une fille de 17 ans, reste trop mal développée pour marquer. Ce qui aurait pu déboucher à une belle petite enquête familiale ne se réduit qu'à une séquence de dix minutes, éclipsée ensuite par l'importance de l'éducation. Dommage, mais la fille de Torajiro reviendra sûrement dire bonjour le temps d'un épisode, c'est aussi ça la force des Tora-san, cette proximité quasi Ozuesque où il est bon de retrouver les mêmes acteurs, la même famille le temps d'une chronique, le temps de passer quelques jours en leur compagnie et rire de leurs histoires d'une grande simplicité."Perdu dans ses pensées", ce Torajiro n'aura jamais été aussi convaincant.