Ghost Dog | 1.5 | Pas grand chose à se mettre sous la dent... |
Ordell Robbie | 2 | Vrai regard de cinéaste mais trop de longueurs et de lenteur poseuse. |
Xavier Chanoine | 4.25 | Un film essentiel. |
Takashi Miike a prouvé à maintes reprises son attachement à l'Asie, quitte à critiquer le continent pour mieux le protéger. Il n'hésite pas avec ce fabuleux Guys from Paradise d'y montrer ses pires côtés que ce soit au niveau gouvernemental, politique, économique et social. Kôhei Hayakawa est incarcéré dans une prison Philippine pour trafic de drogue, il y découvre "l'antre de l'enfer" où les hommes y sont logés selon leur statut social. Les riches ont droit à des cellules confortables aménagées alors que les pauvres sont terrés à cinq dans des cages à poulet. En gros un riche d'homme d'affaire qui aurait fait un génocide peut très bien être chouchouté alors que le mendiant du coin qui aurait volé une miche de pain, lui, se retrouve dans la fausse. Miike y étudie alors, par le biais d'images déjantées, ce manque d'égalité dans les prisons de ce style et se permet une nouvelle fois de dénoncer leur pratiques.
Kôhei n'est pas un méchant type, il est même peut être innocent, simplement il n'a pas eu de chance quand il s'est fait repérer par la police avec un sac renfermant 1 kilo de cocaïne. Pas étonnant pour un mec qui travaille pour une société douteuse. Soit. En rentrant dans cette prison, il y découvre tout un tas de pratiques pas très classes y compris des hommes complètement dégénérés. D'abord il y a ce type qui se masturbe avec la photo de sa femme, un dingue qui saute dans tous les sens, un caïd respecté qui mène sa petite vie tranquille derrière les barreaux, il y a aussi ces chiottes jamais nettoyées encrassées d'excréments, l'absence totale de douches (dans une scène sidérante, ils se lavent et nettoient leur linge avec la pluie), et surtout, cette possibilité d'être libéré grâce aux pots-de-vin. Les pires crapules peuvent donc très bien quitter les lieux moyennent finance, et recommencer leurs affaires dehors. Une pratique douteuse, dévoilant l'incapacité totale de l'Etat à diriger le pays et tout ce qui se passe dans ses prisons. D'ailleurs, à plusieurs reprises l'on verra Kôhei et sa bande sortir de prison comme bon leur semble pour mener à bien leur business avec la mafia locale.
Bien que très contrariant pour l'image du pays, Guys from paradise est avant tout un film extrêmement réussi. Dans la même veine on peut le comparer à un Bird people of China pour sa mixité culturelle et son sens de l'amitié aigue avec les peuples voisins. Là-bas on y parle le philippin, le japonais et l'anglais et l'on créée des affinités rapidement qu'importe d'où l'on vient. Dans Bird tous avaient le but de ramener les métaux précieux, alors qu'ici tous veulent quitter cette satanée prison. Miike a d'ailleurs bien fait de choisir à nouveau Koji Kikkawa (le beau gosse de City of lost souls) pour le premier rôle tant ce dernier respire la sincérité et se révèle parfaitement crédible (avant d'être acteur, Kikkawa est chanteur). On y trouve d'autres têtes bien connues du cinéma de Miike, comme Kenichi Endo ou encore Mitsuhiro Oikawa dans une petite apparition déjantée pour un énorme clin d'oeil à City of lost souls (les fans apprécieront). N'oublions pas Tsutomu Yamazaki, que l'on retrouvera dans les derniers classiques d'Akira Kurosawa Pour finir, ce Guys from paradise est parfaitement réalisé, sans la moindre faute de goût ou tic visuel cher au cinéaste.
Franchement, une oeuvre à découvrir absolument.
Esthétique : 4/5 : La mise en scène fait preuve de beaucoup de retenue. C'est clair et précis. Musique : 3.5/5 - La musique principale au piano est excellente. Le reste, très anecdotique. Interprétation : 4/5 - De l'excellent boulot, Kikkawa et Yamazaki réalisent le sans faute. Scénario : 4/5 - Dénonciation épicée des prisons des philippines. Belle ode à l'aventure.