Il y a vraiment de tout dans ce film. De l'action et presque du polar (nos héros appartiennent tout de même à la Task Force…), une bonne dose d'humour (avec Eric Tsang on est déjà rarement déçu, mais ici on a vraiment droit à une succession de scènes hilarantes), un peu de sentiments (le flic et la prostituée qui tombent amoureux, c'est pas mimi ça ?) et surtout une étude relativement profonde des personnages et de la complexité de leurs sentiments. Amitié non avouée, amour naissant, respect, rejet, attirance, mensonges… L'occasion de découvrir des spécimens d'humanité dans toute leur complexité dans le cadre d'un film dynamique et drôle !
Enfin c'est un plaisir sans cesse renouvelé que de voir Eric Tsang à l'écran. Plus de 10 ans après sa prestation inoubliable dans Shanghai Express le voilà dans Task Force, plus désopilant que jamais. Ses mimiques sont vraiment exceptionnelles, quel dommage qu'il ne prenne plus les intonations de voix qu'il avait dans Millionaires Express…
Un scénario complet, de bons acteurs, un film sans temps morts, à découvrir incontestablement.
C'est confirmé, Patrick Leung est un réalisateur à suivre. Après son Beyond Hypothermia de haute tenue, il livre ici un film très différent, sur un ton plus léger, après plus de personnages et un réalisme plus poussé. Ce qui rend le film immédiatement attachant reste ce côté très réel des personnages, tous un peu bizarres mais si bien interprétés. Bon, je ne vais pas dire non plus que tous les acteurs sont fabuleux, mais la plupart se fondent très bien dans la peau du personnages.
Le petit Leo Ku s'en tire bien, mais a un peu de mal à rivaliser avec la toujours fabuleuse Charlie Young. Dans un rôle qui se rapproche de celui de Les Anges Déchus (pour son côté un peu fofolle), elle étincelle. Eric "voix fluette" Tsang fait aussi un grand numéro en Lulu, avec son visage et ses expressions inimitables. On ajoute Karen Mok, des tueurs et autres membres des triades aux visages sympathiques, des caméos par-ci par-là (Chin Kar-Lok, Waise Lee et même John Woo). C'est très plaisant ce genre de casting, même sans superstar.
Outre ces portraits très attachants des personnages, l'autre force du film est le style de narration. Je vous conseille de sauter ce paragraphe si vous n'avez pas vu le film pour vous laisser la surprise. Patrick Leung se ménage quelques scènes de flash back follement sympathiques. Chacune dans un style différent, avec un gun-fight John Wooesque (rappelons que Patrick Leung a été l'assistant de John Woo sur ses polars), un combat Wu Xia très stylisé (un contre vingt comme à la grande époque)et un combat Kung-fu avec un pseudo Bruce Lee assez étonnant. Bref, ça respire les hommages à plein nez.
Le ton du film voyage très habilement entre humour, action, drame, romance et tranche de vie. On pense un peu à Wong Kar-Wai pour le style des personnages et la narration en voix-off. Ce qui n'est pas peu dire. La fin déçoit un peu, surtout par rapport à Beyond Hyopthermia, mais les deux films sont peu comparables. Task Force est moins émotionel mais plus original et varié que son prédécesseur. Et il fait de Patrick Leung un talent à suivre.
En direct du canapé :
Ils abusent un peu les collègues. Le début est plus que moyen, la mise en scène est mezzo et ces tranches de vie ont tout de celles d’un Wong Kar Wai du pauvre… Charlie Young est jolie, ok, mais… Oh tiens, un gunfight !... mouais, aucune implication. Re-WKW du pauvre citant cette fois la scène leonlaïesque « ‘cause I’m cooool » issue de Les Anges Déchus. Mais ici, l’ange est plus déçu que déchu. Charlie Young est jolie, ok, mais… elle est mignonne aussi Karen Mok tiens… Et après que… huh ? Ah, là y’a un type qui tranche au sabre. C’est qui ce mec ? Bon…. Zzzzzzzz… zzz ? Ah, ça reflingue !!… du « ‘cause I’m cool » croisé avec un p’tit hommage au gunfight du resto d’A toute épreuve. Le zigouilleur met un casque de musique sur les oreilles de la jolie Charlie, puis s’en va mitrailler à tout va en glissant entre les tables, ce qui, mine de rien, anticipe la progression wooiesque qui partait des cotons dans les oreilles des bébés de Hard Boiled pour arriver au casque passant « somewheeeeere over the rainbow » à un gosse de Volte-Face. La prochaine étape ça sera quoi ? Un mitraillage dans un hospice de sourds ??...
[Au bout d’un peu plus d’une heure de film…]
… Il se passe quelque chose là… les personnages décollent pas mal, le héros prend de l’importance, sa relation avec Charlie Young évolue bien… et y’a même une tension dites donc !! La fin est prenante, ça zigouille un peu, John Woo vient nous faire coucou et les rebondissements sont mignons… Bon allez, capital sympathie honnête comme on dit, mais Charlie Young a beau être jolie, nous n’avons pas là de quoi nous relever la nuit pour autant. Ca vieillit vite ces petites choses en fin de compte.