Rasta Rocket Kimchi
Que retenir du film, si ce n'est qu'encore une fois, il suffit de pas grand chose pour faire un tabac dans le box office coreen. Prenez un scenario tres simple (plus c'est basique plus ca marche en regle generale), vous rajoutez une bonne dose de blagues 1er degre (avec pet et vomi si possible), vous y mettez un peu de ferveur patriotique, une bagarre avec 10 ssibal/minute, et enfin beaucoup de larmes. Attention, ce dernier ingredient est tres important, sinon c'est au moins la moitie de votre public qui sera decu.
standards, émotions
Comment analyser un film coréen très typique? Et comment comprendre que malgré une réalisation très approximative, derrière des blagues potaches et grotesques, au delà des ficelles apparentes du burlesque et du sentimentalisme caricatural de Take-off, pourrais presque pointer un esthétisme défini, une expression des sentiments poignante et des thèmes emouvants et universels?
En bref, Take-off est comme beaucoup de films coréens typiques de la "Shin Hallyu", d'une facture somme toute assez mauvaise destinée aux lycéens. Cependant, tant la portée que l'universalité des thèmes traités font que comme souvent pour ce type de film, on en ressort avec une bonne impression. L'identité, la quête des origines, le déracinement, les rapports parents-enfant, la discrimination, alliés au dépassement de soi même pour le groupe (et pour le pays, bien sûr), de la pugnacité, sont autant de thèmes de ce film.
Ne le prenez surtout pas au premier degré!
Les réponses que l'on peut lire dans "take-off", au delà d'une apparente morale bon enfant au point d'en paraître simpliste et stupide, sont finalement empreintes d'une délicatesse assez touchante. Evidemment, quand on connait la puissance de la vague culturelle coréenne et surtout l'envers de son décor, on sait que les coréens sont passés maîtres dans l'art d'analyser et de construire des narrativités universelles et personnelles...on dirait presque "mondialisées" tant le contexte local peut être appliqué à l'échelle globale.Tous ces groupes montés artificiellement, toutes ces séries jouant de tous les ressorts scénaristiques imaginables pour s'étaler durant des dizaines d'épisodes, participent de la création d'une scénarisation raffinée à l'extrême de la production cinématographique coréenne. Cependant, il faut bien reconnaître que si l'on apprend les ressorts du suspens et de la densification de la structure narrative aux scénaristes coréens, et si la richesse esthétique des paysages coréens et utilisée a bon escient dans ce type de film, on ne leur apprend pas une subtilité qui serait bienvenue.
Malgré tout cela, malgré ces traits grossiers, en 2h30 de film (!) on ne s'ennuie que rarement. Les péripéties se répètent, leur fin est prévisible, mais c'est la force des émotions et des sentiments évoqués par le film qui a vocation à masquer les nombreuses imprécisions, les scènes inutiles, les grimaces surjouées et le lyrisme dégoulinant qu'un spectateur critique ne peut manquer de condamner. Comme un ami un peu vulgaire, pas très fin, mais marrant quand même, et au grand coeur.
Les personnages, comme dans la majorité de la production des films et animés Asiatiques pour adolescents, sont réduits à leur plus simple caractères: ils sont des "spécialistes", idées lisses, chacun renvoyant le public à un trait de son propre caractère (ou deux maximum), une facette de sa personnalité d'adolescent en construction. Le junkie représente l'esprit et le corps libre. Le serveur est là pour représenter l'endurance et la tradition (rapport au père, mariage, paternité, etc.). Le déraciné, dont l'histoire est poignante
Etrangement, la force du thème agit comme un mortier liant ces briques éparses mais cohérente pour former un tout d'une force certaine. Take-off n'est certes pas un grand film original, c'est un format défini que d'aucun pourraient traiter de pauvre. Ce serait une manière assez marquée "occidentale" de penser que de passer à côté du film en tant qu'objet suscitant les émotions, et non seuleumnet les idées...Take-off vous laissera un optimisme certain justement par la force des émotions qu'il met en scène.