Xavier Chanoine | 2.75 | Une surprise rose, fauchée et en DV. Mais une surprise quand même... |
1999 est une année intéressante pour Miike Takashi. Les débuts de la trilogie Dead or Alive, les Ley Lines et Audition, pour finalement voir débarquer un projet à des années lumières des oeuvres citées : Silver, adaptation d'un manga de Maki Hisao, ou comment tenter de rendre un Pinku plus élaboré qu'il n'y paraît. Car la grosse appréhension de cette oeuvre réside dans son matériel de base pas très fameux et l'illustre inconnue Sakuraba Atsuko, plus réputée pour ses talents de playmate qu'autre chose. Mais le pari est audacieux, sa collaboration avec Miike ne peut être que fructueuse, c'est pourquoi Silver m'a convaincu en grande partie. Si il ne réalisé aucun miracle au niveau de son écriture rabâchée depuis des lustres, mettant en scène une vixen adepte du catch qui veut à tout prix se venger d'une femme SM, Silver est curieusement un film attachant. Le plus étonnant est à mettre tout de même à l'actif de sa thématique principale, le catch, bien plus fun et réaliste qu'un Calamari Wrestler, aussi étonnant que cela puisse paraître, surtout lorsque Sakuraba Atsuko distribue des mandales et tord dans tous les sens le corps de ses victimes.
La première partie pose donc les bases du métrage, à savoir l'histoire de vengeance sous fond d'enquête policière bis, tandis que la seconde pêche par son manque de fond assez crispant. On peut réellement pester devant les protagonistes qui tournent en rond, discutent de trop, et ne réagissent pratiquement jamais. Comme cette femme SM, persuadée de la mort de Jun (aka "Silver") et qui ne trouve rien d'autre à dire en la voyant, qu'un fatigué "Je pensais que tu étais morte". On n'est pas non plus devant un épisode de Derrick, blockbuster de la série policière allemande (sic!), mais la mollesse de certaines séquences finit par agacer, comme si Miike manquait de conviction dans son approche du pinku polar. Là aussi, question érotisme, alors que l'on s'attendait à des séquences épicées et sulfureuses avec la playmate nippone, on se contentera d'une scène d'amour éclairée à la bougie, et d'autres bien craspeques dignes d'un mauvais JAV movie (japanese adult video movie), particulièrement douteuses : les pratiques de la femme SM n'étant évidemment pas très agréables et les "hauts placés" de la société (chef d'entreprise, boss yakuza) en prennent pour leur grade : fouettage, obligation d'avaler de l'urine et humiliations en tout genre, le tout avec les classiques pixelisations sur les parties intimes, comme il est souvent coutume.
Pas évident d'y trouver quoi que ce soit de très original ou intéressant dans Silver? Pas forcément, dans la mesure où le métrage esquisse par moment quelques belles ambiances bien soutenues par la très belle partition musicale. Silver n'est jamais ridicule et n'use pratiquement jamais d'artifices visuels esthétisants, tout juste quelques explosions bien ratées nous rappellent que derrière cette production agréable ne se cache pas une montagne de billets. Un film parfois bricolé et mis en scène avec les moyens du bords, c'est à dire avec la DV reçue lors de son dernier anniversaire, mais un Miike plaisant à de nombreux égards.
Esthétique : 2/5 - Un éclairage tamisé parfois réussi, mais une réalisation d'ensemble bien austère. DV guère justifiée. Musique : 4/5 - Rien à redire, certains thèmes sont même entêtants. Interprétation : 3/5 - Même si ce n'est pas le casting du siècle, les interprètes bossent bien. Scénario : 3/5 - Articulé autour d'une histoire de vengeance, Silver n'en demeure pas moins olé olé.