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3.08/5
Shanghai dreams
les avis de Cinemasie
4 critiques: 2.5/5
vos avis
10 critiques: 3.3/5
Une Génération de retard
Regarder Shanghai Dreams, c'est constater les limites déjà pas négligeables d'une bonne partie de la génération de cinéastes de Chine continentale ayant suivi Yimou et Kaige. Le risque du "faux film de maître" guette déjà Wang Chao tandis qu'après des débuts tonitruants Jia Zhangke s'est progressivement enfermé dans une pose théorique. Sans parler de ceux chez qui rupture avec le passé n'est pas synonyme de promesses éclatantes (Li Yang, Lu Chuan) ou est déjà synonyme de promesses gâchées (Lou Ye). On n'ira pas ici juger ceux qui n'ont qu'un beau début à leur actif (Wang Bing) et dont on attend la suite avec impatience. Et ce Wang Xiaoshuai primé à Cannes? Le cinéaste livre ici un film dans lequel rien n'est vraiment détestable mais se distinguant trop peu de ce qui l'a précédé pour susciter plus qu'une indifférence polie.
Si Wang Xiaoshuai évoque les conséquences tardives de la Révolution Culturelle, sa description du carcan imposé par l'ordre patriarcal dans les familles parcourt les routes balisées par Zhang Yimou. Comme d'ailleurs rien de neuf non plus sur le tableau d'une Chine hors les grandes villes déjà esquissé par Yimou ou Jia Zhangke. On retrouve également ces petites frappes roulant clope sur clope déjà vues chez Jia Zhangke, Xiaoshuai partageant avec lui l'usage de la musique comme "marqueur historique" des évènements. Et le tout se retrouve emballé dans une forme trop souvent académique, faite de durée pour la durée et de cadrages quelconques. Dommage car les moments de spontanéité de la jeunesse face à cette chape de plomb (rappelant là encore les héros de Jia Zhangke voyant dans l'Occident et la pop un possible échappatoire à leur vie) auraient mérité meilleur traitement que cette compilation du cinéma d'auteur chinois ayant fait ses preuves en festival.
La seule chose dont donne envie Shanghai Dreams, c'est de piaffer d'impatience en attendant le retour programmé de Jiang Wen derrière la caméra, retour dont le cinéma chinois a plus que jamais besoin.
Talibans chinois
Années 80. Qing Hong est une jeune fille sage à son papa et à sa maman. Avec son petit frère, ils sont venus s’enterrer dans une petite ville barbante de la Chine profonde. Alors qu’on rêve côté adultes de repartir à Shanghai en entendant les rumeurs de révolution économique, on tente côté adolescents de découvrir la vie malgré le qu’en dira-t-on et l’autorité irrespirable des premiers. Dans les booms clandestines, on écoute du twist et on danse timidement entre garçons, les filles restant sur le bord de la piste de peur de passer pour une dévergondée… Cédant aux hurlements de son père en furie, Qing Hong fait le dos rond, jette ses chaussures rouges trop occidentales et rejette les avances de son prétendant, tout en jalousant secrètement le destin de sa copine Xiao Gen, qui elle a décidé de prendre son destin en main et de s’enfuir de cet enfer avec son petit ami. Wang Xiaoshuai, lui, laisse partir Xiao Gen à l’aventure et préfère rester avec l’ennuyeuse Qing Hong qui s’emmure dans le silence et fait péter les plombs à son prétendant. Shanghai Dreams est finalement le portrait d’une jeune fille lâche, incapable de se prendre en main, et dont son réalisateur semble cautionner sa victimisation en rejetant sa faute sur celle de la société. Contestable…
moyen
Un film assez intéressant sur le papier, mais le film est lent et il faut s'accrocher pour ne pas perdre le fil de l'histoire tant "Shanghai Dreams" est long, trop long . Le casting est réussi, les décors sont austères et l'ambiance pas réjouissante . En fait, le cinéma chinois de maintenant n'est plus aussi intéressant qu'à la grande époque de Zhang Yimou ou Chen Kaige .
"Shanghai Dreams" est peut-être peu séduisant au premier abord: son rythme est lent, les teintes sont ternes.
Mais, dans ce film comme dans ses oeuvres précédentes, Wang Xiaoshuai ne nous raconte pas tant "une histoire" qu'il ne s'attache à nous décrire une ambiance, en nous faisant suivre les pas de ses personnages. Chacun de ses films est ainsi comme une nouvelle tâche de couleur qui vient s'ajouter aux précédentes pour dresser, par touches impressionnistes, un portrait de la Chine actuelle.
Comme beaucoup de réalisateurs chinois et taïwanais actuels, Wang Xiaoshuai est en effet plus un cinéaste "d'ambiances" qu'un raconteur d'histoires. Il est sans doute, avec Jia Zhang-Ke, le réalisateur chinois qui retranscrit le mieux les atmosphères et les mutations de la Chine contemporaine, à la hauteur des individus (Beijing Bicycle en est un bon exemple et ceux qui connaissent et aiment le Pékin d'aujourd'hui seront d'accord avec moi). Shanghai Dreams n'y fait pas exception.
Après la revendication des artistes pékinois des années 90 (Frozen) ou les déboirs des gens de la campagne, débarquant dans les mégalopoles d'un ouest de la Chine en plein essor (Beijing Bicycle) ou candidats à l'émigration clandestine (Drifters/A la dérive), Wang nous décrit ici une période charnière, celle de la Chine du début des années 80, en s'attachant au sort d'une jeune fille qui (à l'instar du réalisateur dans sa jeunesse) doit quitter avec douleur la petite ville industrielle où sa famille dut s'exiler quelques années plus tôt. On est alors aux touts débuts de la Chine actuelle, se réveillant peu à peu du long cauchemar d'une Révolution Culturelle au cours de laquelle toute une génération de Chinois fut déplacée des grandes villes vers des provinces reculées.
Et c'est précisément ce rythme lent, caractéristique des films de Wang, qui permet à "Shanghai dreams" de nous faire rentrer dans cette ambiance des débuts de la mutation chinoise quand le rock n'roll, les pantalons patte d'éléphant et les talons hauts faisaient leur apparition dans la sinistrose d'une société encore prude et recroquevillée sur elle-même, de nous faire partager la frustration des générations au sortir de la Révolution Culturelle, et ainsi de mieux comprendre la Chine actuelle.
FrozenA la dérive
Amour défendu
Production tout à fait classique et typique de l'actuel cinéma chinois, semblant tout entier destiné aux circuits festivaliers ou du moins occidentaux.
Sans grandes surprises, ni aucune véritable originalité, on y suit els démêlés d'une jeune femme aux prises avec son père protecteur. La Chine dévoile une nouvelle fois un côté rural bien loin des clinquantes lumières de Shanghai et égratigne au passage (et de manière tout à fait conformiste) le régime communiste.
Plaisant, bien interprété et réaliste, l'absence d'un style propre et de facettes inédites laissent singulièrement sur la faim.