Ordell Robbie | 2.5 | Audaces formelles mais mécanique narrative trop artificielle. |
Xavier Chanoine | 3.5 | Scandale nihiliste |
bande annonce
Avis Express
Et si nous faisions d’un salarymen qui aurait raté son suicide, un produit commercial aussi populaire qu’une star locale ? Kiguchi va devoir supporter son nouveau rôle, objet de toutes les convoitises médiatiques, après avoir tenté de se suicider pour protester face aux licenciements prévus par son employeur. Plus qu’une star, il est le héros de toute une entreprise, l’homme qui préféra mettre fin à ses jours pour que personne n’oublie ses collègues. La photo de Kiguchi, pistolet à la main et prêt à en finir, est à présent affichée sur une des façades de l’immeuble de l’entreprise et fait la couverture de plusieurs journaux et magazines. On peut même l’apercevoir à la télévision. L’homme est la proie des médias, donc, mais aussi des paparazzi qui n’hésitent pas à manipuler leurs victimes en les mettant en scène au lit dans les bras d’une jeune femme, après avoir ingurgité quelques hectolitres d’alcool et dansé toute la nuit. Un sportif et Kiguchi vont être les proies de ce chantage dégueulasse qui, semble t-il, était une pratique tout à fait courante. A la fois héros mais victime de son propre succès, et Yoshida Kiju oblige on ne pouvait faire autrement que dans le nihiliste, les fausses affaires de mœurs et les blessures physiques –et morales- de Kiguchi ne pourront rien contre ce grand blessé de la société, que l’on pourrait presque voir à présent comme un contestataire trop lâche pour être crédible. Filmé dans un superbe noir et blanc, plus noir que blanc à l’occasion, Le Sang séché est une belle réussite de la première partie de carrière du cinéaste. Chronique acerbe du monde des médias au rythme proprement effarant, dont la mise en scène épouse à merveille le style des différentes ambiances (entre l’énergie des séquences impliquant la presse et l’approche très troublante des magnifiques passages dansés), inutile de dire que Yoshida réalisé un joli coup avec ce second film parfaitement maîtrisé et au sujet passionnant.