pour spectateur averti
Avec des combats très classiques, voir convenus, ce film qui porte lourdement le poids des années se tire d'affaire grace aux acrobaties autant qu'aux combats. Le rythme est assez soutenu pour passer outre l'intérêt limité de l'histoire. Les comabts-démonstrations s'enchaînent rapidement prémunissant ainsi contre l'ennui qui n'est quand même jamais très loin. Un produit typique d'une époque révolue, les nostalgiques apprécieront le rythme du film, les autres trouveront là un exemple de plus de film steréotypé sur la forme mais qui fait suffisamment preuve de rythme pour qu'on le voit sans désagrement.
Une bonne troupe qui ne peut empêcher un kung fu plombant
Il y a pourtant une bonne troupe martiale dans ce petit kung fu HK indépendant qui vient juste avant l'avènement de Snake in the Eagle Shadow. On y trouve un bon mélange d'acteurs Shaw (
Chen Sing,
Lung Fei,
Choi Wang,
Alan Hsu,
Chiang Tao) et de fighters indépendants (
Dorian Tan et
Cheung Fook Gin), le tout chorégraphié par les
frères Yuen qui montrent déjà leur savoir faire. La première demi heure est bien remplie et l'amateur appréciera la dynamique et les passes d'armes typiques des frères Yuen ainsi que le kick parfait de Dorian Tan, superkicker et maître de
John Liu chez qui on retrouve exactement le même style de high kick, une jambe plantée au sol et l'autre élastique à souhait. Mais l'histoire qui se veut un brin original devient vite casse bonbon et sans intérêt pour l'oeil actuel. Dorian Tan est accusé à tort d'avoir attaqué et dérobé un convoi de riz et d'argent pour les pauvres sinistrés d'une terrible sécheresse alors qu'il était le chef du convoi et a tout fait pour le protéger. Tout le film est centré sur ce minuscule pitch et le riche traitre (Choi Wang) qui embobine tout le monde devient vite très énervant surtout qu'il n'a aucun argument mais semble faire absolument ce qu'il veut (et ce sous les yeux de l'enquêteur trop longtemps amorphe), allant même jusqu'à brûler la maison de la mère de Dorian et torturer toute sa famille. Après le bon enchaînement de combats de la première demi heure, la seconde partie "développement" est donc plutôt insignifiante et plombante au possible même si le rythme tente d'être maintenu par quelques retournements évidents et de petits combats souvent nocturnes (vu la copie d'un tel film, autant dire qu'on ne voit pas grand chose).
Il faut attendre les 15 dernières minutes pour un final sympathique planté sur une falaise en bord de mer (comme une ambiance de Duel to the Death du pauvre). Un bon gros quart d'heure plutôt surprenant puisque débarquent de nulle part deux nouveaux protagonistes qui vont s'affronter, Lung Fei le grand méchant et Chen Sing l'officiel supérieur qui vient faire la justice, alors que les deux personnages principaux préfèrent se jeter à la baille pour réapparaître en toute dernière ligne droite et ainsi rallonger l'affrontement. Le ton ultra manichéen et sérieux se veut très insistant, ciblé sur l'honneur, la loyauté, la justice et le sacrifice facile. Autant dire que ces thèmes y semblent séniles et rachitiques comparés à un bon gros film de la Shaw. Avec un cast pareil et un budget si minime, il aurait peut-être mieux vallu un final vengeur plus classique qui aurait permis de mieux apprécier cette bonne brochette qui ne démérite pas mais se tire un peu la couverture lors du final à cause du dénouement qui se veut à tiroirs (la bonne blague). Chen Sing et Lung Fei sont de bons combattants mais commencent un peu à se ramollir (Chen Sing en particulier) et il aurait été préférable de voir un final Lung Fei versus "jeunes", notamment Dorian, au lieu des eagle claws un peu vieillissantes de Chen Sing qui semble cachetonner (le terme est peut-être un peu fort vu le budget^^) tranquillement tout comme Lung Fei qui lui arrive bien tard pour jouer un vrai bon gros méchant alors que Choi Wang n'a jamais semblé très dangereux tout le long.
Du tout bon kung-fu mais un scénario inepte et une lourdeur dans le ton qui manque gâcher le plaisir du spectateur bien disposé.
Le scénario tient sur un confetti. Le scénariste (?) peine à tenir une heure et demi et est sans cesse obligé de ré-intégrer de nouveaux personnages pour que le film puisse continuer. Tout est prétexte à la baston. Quand les mecs (et les gonzesses) se battent, pas besoin de chercher un déroulement à l'intrigue. Les combats sont bons, voire très bons pour une telle production: Yuen Woo Ping est au commande et ca se sent! Nerveux, violents, très techniques, ils mettent parfaitement en valeur les capacités martiales des acteurs. Il d'autant plus dommage que le scénario ne soit pas un minimum à la hauteur. Super-pénétré malgré sa linéarité, le script nous assène une lourdeur de ton plombante qu'a parfois du mal à égayer la brillance des combats. Lesquels combats, je le répète, valent vraiment le détour. Dommage, car, pour peu, pour un peu de légereté, un peu d'humour, on avait une belle petite réussite de kung-fu indépendant...