Idée intéressante mais narration déficiente pour le dernier Fruit Chan
Avec pour sujet les toilettes publiques et pour support la DV, le nouveau film de Fruit Chan a de quoi laisser perplexe. Le sujet a de quoi en rebuter certains, alors que le support laisse souvent plus de mauvais souvenirs (aspect video très TV ou film amateur) que de bons. Les précédents films du réalisateur poussent tout de même à donner une chance à son nouvel opus. Hélas on n'y retrouve toujours pas la force de son premier et meilleur film, Made in Hong-Kong. Public Toilet a pourtant des arguments, il apporte des éléments intéressants au niveau culture comme ses précédents films, et montre parfois de sacrés qualités visuels pour un film en DV. Mais la narration très heurtée se montre peu intéressante et peine à captiver le spectateur.
Au final on hésite entre un avis positif pour certains plans superbes, pour le choc des cultures qui délivre parfois des scènes fort intéressantes ou pour l'originalité de la mise en scène. Mais d'un autre côté le choix des toilettes comme élément culturel a de quoi rebuter parfois (question de culture occidentale peut-être?), et les histoires entremêlées de tous ces jeunes et moins jeunes peinent à vraiment captiver. Se concentrer sur moins de personnages en les développant plus aurait peut-être été plus efficace? Difficile à dire, mais toujours est-il que l'impact de ces histoires n'a rien à voir avec celle des précédents films de Fruit Chan. On se retrouve donc avec un avis très mitigé, et forcément un sentiment de déception pour qui connaît la carrière du réalisateur. Il retrouve ici un peu de son style visuel très soigné, mais y perd beaucoup sur le fond.
C'est quoi ça ?
Impossible à résumer, quasi impossible à décrire, je présens ce que Fruit Chan a voulu faire passer, il semble que le but du film soit de faire passer son message sans faire appel à la réflexion intellectuelle dans le sens habituel du mot mais sans non plus succiter l'émoi en se tenant à distance de tous les personnages. Fruit Chan mulitplie les lieux: Chine, Corée, Etats-Unis, Inde, il multiplie les personnages et les liens: la grand-mère, l'ami, le frère, la petite amie, les rencontres de hasard, il mélange la réalité sensible et la réalité interieure des personnages, tout cela autour des thèmes de la naissance, de la mort et surtout du passage, du voyage ou du transit comme vous préferez, entre les deux. Ce qui rentre, ce qui sort, ce que l'on veut mais que l'on rejette et le lieu de cette transformation qui construit la vie, ceci est mis en parallèle avec les relations entre les personnages, les échanges existant entre ceux-ci, impressions tantôt fugaces, tantôt obsédantes, la recherche du miraculeux, le chemin à parcourir, l'absence d'identité, tout apparaît dans le film. Cela donne lieu a des images parfois violentes, souvent belles, à la limite de l'irréalité, s'appuyant sur la maîtise de Fruit Chan dans ses plans pour nous faire vivre la subjectivité de chaque personnage et rendant par la somme de ces subjectivités une objectivité que rarement film n'atteint: rendre sensible le foisonnement de la vie, le cycle des existences...
12 septembre 2004
par
jeffy
mitigé
ce film tranche avec les autres de Fruit CHAN, pourtant on y retrouve indéniablement sa marque de fabrique, seulement ici le rendu final est un peu déconcertant. plus qu'un film il s'agit d'un patchwork inégal, de séquences qui s'enchaînent les une aux autres sans véritable histoire de fond, le point commun à tout ça se trouvant dans le titre du film.
étrange de voir Fruit CHAN arpenter des terrains glissants, traverser des virages brusques au risque de déraper, en tous cas il n'est pas interdit de décrocher en cours de route. certaines séquences sont vraiment prenantes, notamment en Inde, ça fait souvent documentaire.
côté technique je ne cacherai pas ma déception. pour moi c'est ce qui m'a bloqué le plus. certains plans sont superbes, instinctifs et vivants mais le choix du matériel dv associé à un rendu de couleurs faisant penser le plus souvent à un épisode de Derrick terni la réalisation, malgré ses bonnes idées. heureusement que la photo n'est pas toujours aussi laide mais à trop vouloir faire amateur, ça finit par casser le concept.
PUBLIC TOILET est une oeuvre d'un réalisateur qui ose se remettre en cause, prendre des risques et qui réussit quelques beaux moments, malgré un côté trivial qui gênera certains, pour cela il doit être salué comme il se doit. on regrettera son aspect technique trop limité et on aurait souhaité un scénario plus entraînant.