Guérilla urbaine, guérilla lointaine, la guerre toujours
Sorti à peu près au même moment que Nicky Larson, ces deux œuvres traitent d'anciens soldats reconvertis dans la vie "civile". Si Nicky Larson est plus tourné vers la lingerie féminine et les relations humaines entre les protagonistes sur le long terme, Pineapple Army est plus axé sur les techniques de guérilla et sur le recensement des conflits à travers le globe. Chaque histoire est axée autour d'une mission de Jed pour les Forces de Défense des Civils, avec comme quasi seul personnage récurrent... Jed. Il s'ensuit que chaque histoire peut-être prise quasiment en dehors des autres, et que Jed est plus un concentrateur d'un historique de guerres et de guérillas auxquels les Etats-Unis ont participé qu'une personnalité propre.
En ce sens, le côté japonais de Jed est sous-exploité. Mais l'est-il vraiment ? A part son nom de famille, rien ne nous indique explicitement qu'il pourrait ne pas être américain. Un personnage bien mystérieux, et sur lequel on n'apprend pas grand chose en tout état de cause. De ce fait, il n'y pas vraiment de trame narrative pour constituer une vraie série. Le personnage n'évolue pas, reste un faire valoir d'une expérience de combattant, et qui armé de son leitmotiv "je suis instructeur, je ne participe pas à l'action", va toujours se retrouver à aider la veuve, l'orphelin ou le faible.
L'univers de cette série est donc relativement restreint, et à la relecture, on se remémorre sans peine le déroulement de ces nouvelles (50 pages maxi). L'intérêt se perd donc un peu à la fin du seul volume publié, où l'envie de lire les autres épisodes existant se mêle à la sensation qu'ils ne vont pas apporter grand chose, et que l'on va rester éternellement sur sa faim.
Il n'en reste pas moins que le graphisme est très bon et très caractéristique du dessinateur. Mais ceci n'étant pas l'unique critère de qualité d'une BD, on préférera se concentrer sur les œuvres ultérieures d'Urasawa, où il assure aussi le scénario.