Il traite en effet de manière limpide d'un thème d'anticipation scientifique classique (la robotisation à outrance). Ce scénario rigoureux tourne parfois à la démonstration et au trop plein d'explications, mais qui s'en plaindra puisque le dessin animé est ainsi beaucoup plus lisible. Et puis, quel scénario diabolique ! Intelligent et profond, il fera le bonheur de tous les amateurs de science-fiction.
Malheureusement, pour ce qui est des graphismes et de la fluidité de l'animation, il faut bien reconnaître qu'il existe bien mieux (cf. Patlabor 2 ). Il suffit pour s'en convaincre de regarder les scènes de combats entre robots, un peu brouillonnes, ou les expressions de visages pas vraiment travaillées. Reste que Patlabor est un très bon divertissement pas bête du tout, qui fait passer une agréable soirée et permet de se demander jusqu'où ira l'Homme dans ses progrès technologiques...
Patlabor fut pensé et créé comme un film live, avec des règles narratives et une mise en scène souvent propres au cinéma classique, à 100 lieues, par exemple, des expérimentations d’un Yoshiaki Kawajiri. Fait amusant, des réalisateurs s’inspirent de Kawajiri et d'autres délires animés pour réaliser des films live. Ce fut le cas de The Matrix et de Blade 2.
Le cinéma classique fut invoqué dans cet anime du réalisateur de Ghost in the Shell. Le cinéma populaire aussi car tous les plans qui impliquent le personnage du détective Takahiro Matsui évoquent, eux, les enquêtes calmes et posées qui plaisent aux anciennes générations. On peut à cet endroit penser au cinéaste Yoshitaro Nomura et à son Vase de sable, très populaire au Japon. Quand on connait l'aboutissement de cette investigation dans Patlabor, liée en partie au temps qui passe, la filiation se fait plus évidente encore. Greffer ce type de cinéma à un film avec des robots, à l'époque, en 1990, fut une gageure. Effleurer le cinéma d'horreur avec cette Arche terrifiante en guise de maison hantée en fut une autre, et l'on sent d'ailleurs cette propension à vouloir aller un peu plus loin, freinée par un cahier des charges qui tint alors à cibler avant tout un public jeune. La dimension horrifique est altérée, la musique de Kenji Kawai parfois volontairement immature. Et la conclusion du show, happy ending collectif, efface toute la résonnance que pourrait engendrer la vengeance d'Hoba, fascinant vilain du jour. Avec Patlabor 2, le pas vers une mise en image plus adulte sera allègrement franchi.
Il faut avouer que le scénario de l'histoire n'est vraiment pas mal du tout. D'un coté enquête policière sur la psychologie d'un idéaliste et de l'autre les Labors et toute l'atmosphère de science fiction qui leur est liée. Ce qui m'a surtout plus, c'est ce que l'on découvre en même temps que les deux enquêteurs comment les hommes se sont laissés emporter par le progrès s'en réellement s'en rendre compte : des bâtiments ultra-modernes on passe à des habitations traditionnelles et des robots super perfectionnés on arrive à des cannes à pêches en tige de bambou... Cela pousse à se demander si le temps ne passe pas trop vite pour nous aussi ;)
Pour ce qui est de la réalisation, en revanche, j'ai été un peu déçu. On est très loin de Ghost in the Shell. Bien que Oshii dise dans le making of, que les effets de lenteur et l'absence d'animation en arrière plan ainsi que les personnages statiques lors de discussions, soient voulus, je trouve tout même que ça ressemble à un travail qui manque encore d'élaboration.
J'en ressort avec un sentiment mitigé, mais privilègerai l'intrigue.
Patlabor est un classique du monde de l'animation Nippon, et l'un des premiers films d'animation Japonais à avoir été disponible en France. En fait comme beaucoup d'histoires à succès Patlabor a connu des adaptations sur de nombreux supports : une série TV, deux séries d'OAV, deux films... Pas étonnant si l'on considère son scénario très réussi, tout au moins en ce qui concerne les films...
L'histoire nous entraîne en effet, sur fond de science fiction, dans une enquête policière des plus passionnante. Ce n'est pas sans mal que nos héros pourront comprendre et déjouer les plans du créateur du système qui doit mener les robots à la rébellion et finalement aboutir à la destruction de Tokyo voire du monde…
Les références à l'épisode biblique de la tour de Babel sont nombreuse, et le scénario reprend en effet très largement ce thème de base : alors que les hommes cherchent à dompter la nature et montrent fièrement leur supériorité, un être invisible cherche à faire effondrer cet édifice…
Le grand mérite de cette épopée est de toujours rester très clair et compréhensible, ce qui n'est pas toujours le cas pour les animes du pays du soleil levant… Des thèmes de réflexion relativement intéressant, bien qu'un peu éculés, seront ainsi abordés sans ambages. On retrouvera pèle mêle le problème de la place croissante de l'automatisation et de la robotisation, le contrôle de l'homme sur les nouvelles technologies, la sécurité de mise en œuvre face à l'appât du profit rapide…
L'ensemble est donc classique mais l'enquête se laisse suivre avec plaisir et intérêt, l'intrigue ne se dévoilant que très progressivement et réservant son lot de rebondissements.
Au point de vue de l'animation et des graphismes on reste très classique, voire même un peu froid parfois. Seule quelques rares moments réservent une touche d'originalité, en particulier lorsqu'Azuma déclenche le programme Babel dans l'usine de Labor ou lorsqu'il se dispute avec son supérieur qui veut le mettre à pied… On est cependant loin des meilleurs graphismes jamais vu, même si l'ensemble n'est pas mauvais et sans défauts flagrants.