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Okinawa Rendez-Vous

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 3.25/5

vos avis

8 critiques: 2.78/5

visiteurnote
Secret Tears 3.5
Nicolas D. 3.5
Miyuki 1.25
Manolo 3
gerald 3.5
Epikt 1.5
Bastian Meiresonne 2.25
balboa 3.75


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

The great un-pretender

En quelques minutes, un cahier certainement précieux est volé dans un commissariat d’un côté, 200 000 dollars sont volés à un yakusa de l’autre. Les 200 000 dollars devaient servir au paiement du cahier. Le paiement est différé: la tension monte. Voilà le fameux Mc Guffin, le point de convergence de tous les enjeux qui va permettre au polar de se déployer. Seulement voilà, ça fait des années que l’on nous rabâche que le Mc Guffin n’est qu’un prétexte dont le réalisateur digne de ce nom se contrefout, prétexte qui va simplement lui donner les situations où émergera la substantifique moelle de son récit. Le vol des recettes des courses hippiques de Full Alert n’est que le prétexte à filmer un affrontement viscéral à la mort entre un criminel et le flic qui le poursuit, les diamants de Running Out of Time en sont l’équivalent sur un mode plus guilleret. Les exemples se ramassent à la pelle depuis que Hitchcock l’a si bien dit à Truffaut. Cependant, j’ai toujours trouvé assez gênant de voir des personnages suer sang et eau pour un Mc Guffin dont seul le réalisateur omniscient sait que de toute façon il ne sert pas à grand chose. Cela revient à filmer des personnages s’agitant dans un bocal : l’exercice peut dévier vers le pathétique pour les protagonistes qui deviennent forcément superficiels, et vers le cynique pour le réalisateur qui s’amuse à tirer les ficelles. Mais Gordon Chan est un réalisateur honnête. Honnête car modeste, il ne révolutionnera rien à Hong Kong, et Okinawa Rendez-vous ne restera pas dans les annales comme un classique. Mais surtout, honnête car il ne trompe jamais les personnages qu’ils filment. Puisque le Mc Guffin n’est que le prétexte qui permet de faire croiser tous ces gens sur l’île d’Okinawa et qu’il n’a pas d’autre valeur sur le plan narratif, Gordon Chan fait en sorte que les personnages prennent rapidement conscience de l’inanité de l’intrigue policière, et qu’ils ne s’escriment pas dans le vide. Le cahier dérobé sera donné in fine gratuitement au yakusa et ne constituera plus par surcroît un moyen de chantage, les 200 000 dollars seront rendus au même yakusa sans contrepartie. Le yakusa est le grand gagnant de l’histoire au niveau du Mc Guffin, mais au fond on s’en fout. Pour Gordon Chan et donc pour les personnages, enfin mis sur un pied d’égalité, un Mc Guffin ne constitue pas un enjeu suffisamment important pour se dépenser. Qu’est-ce qu’un enjeu véritablement décisif alors ? Réponse : le couple. Se mettre en couple, trouver l’âme sœur, voilà ce qui compte. Voir un film pour s’entendre dire que l’argent ne fait pas le bonheur et que l’amour transcende tout, c’est certainement un peu court. Oui et non. Car s’il n’y a plus de Mc Guffin, il n’y a plus non plus de méchants ou de gentils qui risquent de mourir ou de terminer en prison. Et donc il reste le plaisir à la fois rassurant et inquiétant, car perpétuellement menacé d’échec, de voir la bonne paire se former sans qu’une histoire de flingues foute tout par terre au nom de la tragédie, et donc du destin. Le film ne se terminera d’ailleurs que lorsque tous les personnages masculins trouveront le personnage féminin qui leur convient, et vice versa. C’est peut-être pas grand chose, mais en toute objectivité, trouver l’âme sœur est certainement l’une des choses qui compte le plus au monde, donc autant le filmer. Et puis surtout, quand on a Tony Leung Ka-fai, Leslie Cheung et Faye Wong devant la caméra, pourquoi faudrait-il que l’un des trois soit un méchant qui doit tout perdre ? Mettons-nous à la place de Gordon Chan qui souhaite éviter ce cruel et bête dilemme. Et de notre côté, en tant que spectateurs amateurs honteux de potins et de people, la question que l’on se pose vraiment ne serait t’elle pas « qui remportera la belle Faye » plutôt que « qui repartira avec le tiroir caisse » ou encore « qui coincera l’autre » ? Okinawa Rendez-vous offre un spectacle qui est à la fois peu et énorme donc, mais assume cet état de fait. C’est un film honnête car il ne fait pas semblant, n’essaie pas de nous intéresser à ce qui n’a pas lieu d’intéresser. Honnête jusque dans le récit et la morale, car tous les personnages qui font semblant échoueront, et seuls seront récompensés les honnêtes, ceux qui seront restés de bout en bout d’une sincérité à toute épreuve. A ce jeu là, le vainqueur est celui qui aura su se mettre le plus en danger en révélant ses faiblesses, donc sa force, dans sa sincérité. C’est Leslie Cheung qui gagne, forcément. De voleur séducteur salaud qui dit « je t’aime » à ses petites amies japonaises avant de les larguer aussitôt, il devient un ami car simplement il révèle ce qu’il a sur le cœur, sans craindre le ridicule. Et c’est bien évidemment lui qui lors du générique de fin, remportera la mise, à savoir quelques pas de danse avec la belle Faye. Le couple glamour, l’union parfaite a eu lieu. Le fait de revoir Leslie après son suicide, Okinawa Rendez-vous prend forcément un impact nouveau, certainement injustifié quant à ses qualités réelles, mais au fond seul l’émotion importe. Il est frappant de constater que, rétrospectivement, on parvient à lire le suicide inéluctable sur le corps et le visage de l’acteur, dans tous les plans. Rétrospectivement c’est très facile, c’est évident, mais l’effet demeure. Bien qu’il soit le grand vainqueur sur le plan sentimental donc humain, tous les plans précédant la victoire montrent une fêlure : la peur panique non de la défaite, mais de terminer seul, hors du couple. La peur de n’avoir personne. Il faut voir Leslie courir sans direction précise, les jambes guidées mécaniquement par la peur, à la recherche de Faye subitement disparue. Et le voir endosser la fatalité sur ses épaules au moment où il croit l’avoir définitivement perdue. Paradoxalement, les moments de solitude ou de séduction de Leslie sont rythmés par la chanson des Platters « The Great Pretender », chanson choisie par Leslie lui-même sur un juke box par provocation et souci de l’effet dégagé. Mais s’il se rêve en « Great Pretender », il est au contraire incapable de faire semblant, et c’est son honnêteté non souhaitée qui nous prend à la gorge, car maintenant il nous manque plus que jamais. Générique de fin, il danse avec Faye sur la mélodie de la chanson, désormais les paroles n’ayant plus aucune valeur. Serrer Faye Wong dans ses bras: cela valait bien un film, plus que 200 000 dollars, un cahier ou une carrière. Gordon Chan a vraiment tout compris. Et si, sous ses airs de film de vacances par un réalisateur du dimanche, Okinawa Rendez-vous était en fait l’un des films les plus profonds de ces dernières années ?

16 juin 2003
par Nicolas D.


cocktail réussit

Le "film de vacances" où les stars se baladent en petite tenue dans des endroits paradisiaques est un exercice périlleux. En effet, il s'agit de divertir sur un ton assez léger, et à partir d'un scénario pas trop alambiqué. Dans la catégorie, Okinawa Rendez-vous figure dans le haut du panier. Celà tout d'abord grâce à un casting super glamour, avec Faye WONG, Tony LEUNG Ka-Fai, et Leslie CHEUNG. Ensuite, Gordon CHAN ne privilégie ni la comédie (comme le fera Dante LAM avec Runaway), ni l'action (comme Ringo LAM avec Looking For Mr Perfect) au détriment de l'histoire et surtout des personnages, y compris les seconds rôles, comme la femme délaissée de Tony LEUNG. Gordon CHAN livre donc un film subtil, cohérent et relativement prenant, sans être prise de tête (condition incontournable du film de vacances).

10 avril 2007
par Manolo


Film de vacances

Voilà un film, qui semble comme une pause récréative autant dans la carrière du réalisateur Gordon Chan ,que dans celle de ses interprètes principaux. Un film pas si éloigné d'un "Looking for Mister Perfect" de Ringo Lam ou "Teppanyaki" de Michael Hui, où des intrigues insipides se développent dans des décors forts exotiques, permettant aux principaux intéressés de profiter de jolis complexes hôteliers, du soleil et de la plage et même de sports aquatiques, tels que tous films dans le présent film lors d'une longue scène totalement inutile. Si au moins l'action ou le divertissement était encore au rendez-vous…Mais que nenni: sur une prémisse assez prometteuse, ni l'histoire policière, ni une réelle comédie, ni un triangle amoureux ne se développent à aucun moment – au lieu de cela s'installe une pseudo-histoire pas désagréable, mais sans aucun temps fort non plus, joliment emballé dans du papier glacé jusque dans son dénouement convenu. Et à l'histoire de se terminer comme un séjour au Club Med, qu'on aurait passé au bord de la piscine, à siroter son cocktail du jour en feuilletant un magazine de mode féminine. Perso, je préfère des séjours improvisés à l'étranger, sac sur le dos à la rencontre de la culture et de l'habitant…

30 août 2007
par Bastian Meiresonne


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