Malgré une bande-son parfois immonde, mais délicatement ironique il faut bien le dire, cet Odd One Dies est une petite merveille de cinéma qu'on trouvait uniquement à Hong-Kong à cette époque, rétrocession en ligne de mire avec tous les inconvénients que cela pouvait entraîner. Pas sûr que ce soit une lettre d'adieu non plus au vu de ce que ce cinéma nous réservera malgré tout dans les années à venir, mais cette générosité quasi palpable et l'incroyable croyance du cinéaste, producteurs et scénaristes en ce projet font que l'on prend un immense plaisir devant cette petite merveille de thriller romantique, naïf, cliché à outrance, mais quand l'entreprise de recyclage à la Hongkongaise fait le travail si bien, on ne peut que s'incliner. Ce n'est pas qu'une question de style, Kaneshiro clopant avec une classe qu'un Andy Lau n'aurait pas renié non plus, ni une question de script de survivor entraînant une certaine exubérance sur le plan narratif avec des personnages qui perdent des doigts à tire la rigot, s'en prennent plein la tronche et en redemandent avec impertinence. The Odd One Dies c'est une approche décalée d'un sujet qui ne l'est pas, via une mise en scène tronquant sa noirceur évidente par des placements de caméra hallucinés et des mélanges de couleurs invraisemblables. Rarement le clinquant du rouge ou du bleu n'avaient donné pareil résultat à l'écran sans que cela en soit vomitif pour autant alors que l'on hurle au scandale ici et là devant les spots de couleur d'un goût douteux qu'un Gosha utilisait durant sa période mid-eighties. De plus, la couleur ici est sûrement justifiée en tant que procédé propre, film dans le film, actrice à part entière, reflet des émotions des personnages. Aussi s'attache t-on très vite au film grâce aux personnages : entre un comique de situation tournant autour d'une embrouille au couteau avec un homme de main malchanceux, une paumée (Carmen Lee) dont on ne sait pas grand chose si ce n'est qu'elle cherche des réponses à ses questions et une vie paradisiaque en guise d'Eldorado, un paumé presque muet (Kaneshiro Takeshi), et tout un tas de caméos présents pour nous filer la banane par leur dégaine et leur emploi au sein du film, un emploi qui permet à la narration d'être délicieusement décalée, inventive en bien des points et brassant les thématiques avec une virtuosité clairement affichée (le raffut soudain dans la chambre d'hôtel, les soins dans la salle de bain en guise de tremplin, la tentation du jeu, l'importance de l'argent, l'idéal...) tout en assumant clairement son statut de divertissement. Du grand cinéma inventif, beau à en crever, romantique à souhait malgré ses allures de bad guy. Quelle belle époque!
Rien d'extrordinaire dans le scénario, ni la manière de filmer. Mais le tout passe bien avec une belle prestation de Kaneshiro Takheshi et une musique qui colle bien aux images. A voir.
Un type capable de parier obstinément tout son fric petit à petit tout en le perdant, et puis finalement de voir que la chance a tourné et qu’il va rafler un paquet de fric exorbitant ; un type capable de provoquer une bande de caïds du jeu, de se faire frapper à mort et de revenir 10 minutes plus tard pour en redemander encore ; un type capable d’inviter à boire un verre le mec qui vient de lui défoncer la gueule à coups de poings ; un type capable de filer des coups de couteaux, de courir comme un fou dans les rues de Hong-Kong, de frapper un maître d’hôtel, de jeter du fric dans les chiottes … ; ce type-là, c’est évidemment un rôle taillé sur mesure pour Takeshi Kaneshiro sur la lancée de Les Anges Déchus ! Avec son regard naïf et absent, son inconscience, son mutisme et ses actions imprévisibles, il incarne un sacré personnage, la tête dans les nuages et même bien au-delà… Sa rencontre avec son alter-ego féminin n’entamera en rien ses traits de caractère si particuliers.
Ce portrait croisé de 2 jeunes en manque de repères est sympathique et agréable, bien filmé et tout et tout, mais le charme n’a pas agi sur moi ; il manque quelque chose, du rythme, du fond, pour rendre ce film attrayant et intéressant. Bref, je n’ai pas trop accroché, mais il est clair que The odd one dies s’appuie essentiellement sur la composition hors norme d’un Takeshi Kaneshiro en pleine forme. A voir donc en grande partie pour lui.
Cette production Milkyway Image (la boîte de production de Johnnie
To) est bien sûr dans la veine des polars développés par
le groupe depuis quelques années, mais le traitement a de quoi surprendre,
on est assez loin de ce qu'on a pu voir jusqu'ici, toutes catégories
confondues. L'aspect visuel est un des points forts du film, avec un filmé
caméra à l'épaule qui surprend dans ce genre de film.
Sans être du Wong Kar-Wai, on s'en rapproche pour les choix de cadrages
et les mouvements de caméra.
La caméra ne lâche pas Takeshi
Kaneshiro d'une semelle, s'attardant peu sur les autres personnages. Et
quand on voit les premières è du film, comment ne pas penser
à Les Anges Déchus, Takeshi ne parlant
pratiquement pas et agissant souvent de manière peu logique. On revoit
le gentil muet du film de Wong Kar-Wai,
c'est inévitable.
Takeshi est idéal dans ce genre de rôle, on pourrait presque
lui en donner l'exclusivité maintenant. Peu d'acteurs sont capables
de rivaliser avec lui sur ce terrain à mon avis. En face de lui, on
trouve la très très jolie Carman
Lee, qui a été plutôt enlaidie ici (mais je meurs
quand même lorsque je la vois, ne parlons pas de la scène du
bain, où j'ai failli m'évanouir... Explication
ci-jointe), surtout au début du film. Mais ensuite avec ses chevaux
coupées courts à-la-n'importe-comment, elle devient craquante,
autant pour le spectateur que pour Takeshi. Son rôle est aussi très
marginal, elle parle peu au début, et son passé la poursuit.
Le couple qu'ils forment tous les deux est des plus attachant.
On trouve surtout ce qui fait la différence entre un film banal et
un must : les petits détails. The Odd One Dies en est plein,
des chaussures que Takeshi met dans le frigo aux chaussettes sur le cintre,
de Carman qui
ne veut pas faire l'amour dans un hôtel miteux et se couche avec ses
vêtements, en passant par le malheureux homme de main qui se fait couper
le doigts... Tous ces détails forment un ensemble de è
assez cultes, drôles ou plus tragiques. Ajoutez à cela l'interprétation
et la réalisation originale, et on commence à se rapprocher
d'un grand film.
Le scénario, sans être d'une innovation confondante est tout
de même très habile, sait être émouvant, dur, comique,
tendre et intense. La fin du film est une vraie perle à ce titre, avec
un arrêt sur image qui laisse le spectateur dans l'expectative. Fin
du film ? Non, pas là quand même ! Je vous laisse la surprise.
En tout cas, un choix magistral pour une fin magnifique.
La
touche d'humour est aussi un des gros points forts du film, entre Takeshi
qui se transforme en Jackie, et les doigts qui volent. Moi qui aime les mélanges,
le mixage polar / humour / romance est idéal ici.
On termine avec une pointe de musique franchement sympathique et tout à
fait dans le ton du film, dont vous pouvez dégustez deux extraits ci-dessous.
Donc que reste-t-il de mauvais dans ce film ? Rien ! Courrez me trouver ça
malheureux ! A moins de 100 francs le DVD à Paris, c'est cadeau !!!
C'est du polar comme on n'en voit que très rarement, un mélange
d'idées déjà vues de-ci de-là mixées avec
la créativité de Patrick Yau, en bref, une perle. Avec son petit
frère Too Many Ways to be Number One,
ce sont probablement les deux meilleurs films de 1997 à HK.
Réussite incontestable, The odd one dies réussit à mêler différentes atmosphères allant du policier à la romance en passant par de sérieux moments de comédie, sans qu'à aucun moment ces différences de genre paraissent incongrues.
Des personnages qui parlent peu mais dont les silences en disent long, une mise en scène inspirée, une musique sublime et surtout une progression de l'intrigue qui rend le film toujours plus prenant à chaque minute.
Quelques années plus tard, le film fait (un peu) penser à Lost in translation pour son ambiance décalée, et les rapports d'affection entre les deux héros qui paraissent comme perdu au milieu de ce paysage urbain.
Un film que l'on ne peut qu'aimer tant il est marqué par le talent de la mise en scène, qui réussi - pari énorme mais gagné - à ajouter une dose énorme de poésie dans un sujet qui n'a pourtant a priori rien de poétique.
a voir....
c-est toujours le mème takeshi kaneshiro,silencieux,muet,impulsif,aime bien en prendre plein la gueule....cool quoi.
pas mal pour ce finir une soirée.
A quand le film ONIMUSHA avec evidemment takeshi kaneshiro et peut etre jean reno????
Règle de base d’un bon buddy movie : prendre un franc-tireur farouchement indépendant, limite incontrôlable, et lui flanquer un partenaire diamétralement opposé.
Mo ( aka Takeshi Kaneshiro) est tueur à gages : il se contente d’exécuter des contrats. Il est surtout, et évidemment, un franc-tireur farouchement indépendant, limite incontrôlable. On dirait même qu’il a construit son existence de telle manière à se démarquer systématiquement et en tous points du moindre détail qui pourrait le rapprocher de quiconque. Il a un look qui ferait rougir de honte n’importe quel adolescent rebelle au mauvais goût prononcé. Quand il va acheter un portable et une voiture, il choisit forcément les modèles les plus datés et les plus ringards sous l’œil ahuri du vendeur. Il fait tout le temps le con comme un enfant attardé. Plus impressionnant encore, il ne semble avoir aucune arrière pensée.
On l’aime, car ce n’est pas un cynique calculateur qui travaille ses effets de décalage. Il est réellement complètement à coté de la plaque.
A vrai dire, Mo passerait presque pour un autiste. Il ne semble avoir aucun ami. Il provoque, presque par défaut, et subit toutes les railleries (et les coups) des gens du milieu. Mo est un personnage crédible, mais un tueur à gages absurde. Un type tellement improbable qu’il en devient poème :
Mo et ses déhanchements bigarrés
Embrasent et rafraîchissent mon cœur
Je leur ouvre ma porte à jamais
Nicolas D.
Un soir au casino, en jouant en dépit du bon sens, comme à son habitude, Mo gagne une forte somme d’argent face au caïd du coin. Aussi bizarre que cela puisse paraître, et ça l’est, Mo est subitement un homme riche.
Problème : il venait juste d’accepter un nouveau contrat, prouvant ses capacités à l’exécuter en estropiant à l’aide d’un couteau la main du bras droit de son commanditaire. A quoi bon exécuter un nouveau contrat, et donc risquer sa vie à nouveau, quand on est à l’abri de tout problème d’argent ? « Ben, à rien justement » se dit Mo, comme quoi un comportement bizarre n’a jamais été incompatible avec une profonde lucidité.
Mo décide donc d’engager un remplaçant pour exécuter le contrat à sa place. Le buddy movie pointe enfin le bout de son nez.
Mo lance un appel à candidatures. L’Indien, son contacte, se charge de lui dénicher quelqu’un. Celui qui répond n’est pas un tueur mais une tueuse à gages (Carmen Lee Yeunk Tung). Cool, le buddy movie va pouvoir fusionner avec la comédie romantique (tout les oppose, mais ils tomberont dans les bras l’un de l’autre à la fin, le syndrome Harold et Maud en quelque sorte).
C’est à ce moment là que le film dérape, déraille et dévie de sa trajectoire. Il y a comme une erreur dans l’énoncé. Bien que Machine (je sais plus si elle a un nom, de toute façon on s’en fout) ait tous les atours d’ une franc-tireur farouchement indépendante, limite incontrôlable, elle n’est pas diamétralement opposée à Mo. Au contraire, elle lui est en tous points… IDENTIQUE. Il est un homme, elle est une femme. Là réside leur seule différence. Sinon, même look à l’emporte pièces ; même comportement en dépit du bon sens. Même job. Même culture. Comble de l’audace et du toupet, elle va même jusqu’à reproduire à l’identique le geste accompli par Mo plus tôt dans le film : questionnée par Mo sur ses capacités à remplir un contrat, elle s’empare d’un couteau et estropie à la main le même gangster que Mo avait blessé quand ses propres capacités avaient été mises en doute.
Ce geste répété devient symboliquement l’acte fondateur de leur relation (et d’une révolution du buddy movie). C’est du comique de répétition. Et donc le véritable début du cauchemar pour Mo : Lui qui fièrement s’escrimait à ne rien faire comme les autres, est confronté à son clone, qui, forcément, fait tout comme lui. L’idée que quelqu’un puisse répéter ses actes lui est insupportable. C’est le début de la fin. Les deux vont faire la paire (ils sont tellement proches qu’il ne pourrait en être autrement), mais ce n’est pas de gaieté de cœur.
Comment peut se dérouler un buddy movie dont les deux protagonistes ne sont pas diamétralement opposés mais au contraire en tous point identiques ? Tel est l’enjeu de The Odd One Dies. Un tel enjeu est évidemment une bombe théorique.
Il serait malvenu de raconter la suite. Le film apporte agréablement, et avec un certain brio, sa propre réponse à cette question inédite. Mieux vaut ne rien déflorer. Sachez qu’il y aura du souffle, de la passion, de l’humour. Des moments partagés à faire les cons dans une chambre d’hôtel, après avoir emmerdé le concierge. Il y aura le plaisir de ne plus être rejeté seul, mais à deux. Il y aura des ciseaux et des coupes de cheveux à déclencher des crises cardiaques aux adolescents rebelles et punk. Mais il y aura également de la trahison, des larmes, des retrouvailles, de l’honneur, de l’estime, du sacrifice, et une haute idée de l’amitié, de l’amour, et de l’amor. Puis, il y aura du suspense, une carte postale, un avion, et un arrêt sur images. Et ce sera fini. Mais c’était bien.
Reste ce titre : The Odd One Dies.
Odd : 1. bizarre, curieux (Harrap’s)
« Le type bizarre meurt » ? Dans le film, le type bizarre, c’est Mo, ou alors Machine. Ils ne meurent pas. Le seul type qui meurt dans le film n’a pas l’air bizarre.
Je propose donc une autre traduction :
Odd : 2. (number) impair (Harrap’s)
« L’impair meurt ». Si on est seul, on a le style, mais on est faible, malgré tout, en danger permanent, et ce quelle que soit l’image qu’on dégage. A deux, on forme un chiffre pair, on est plus forts. Et on vit. Le titre complet du film devrait donc être : « The Odd One Dies, The Even One Lives ». « L’impair meurt, le pair vit ».
Il ne faut pas oublier que si les cinéastes de Hong Kong sont réputés pour être de grands cinéastes de l’action, ce sont aussi de grands cinéastes du couple. Et Patrick Yau fait honneur à sa cinématographie.
Mo et Machine, je vous aime. Comme vous, je ne souhaite plus être impair.
PS : y’a un autre titre (One of two only one lives), mais il est complètement à côté de la plaque et n’a rien à voir avec le film.
Deux anges échappés de chez WKW se retrouvent dans la ville et se paient une bonne tranche de vie dans les méandres de l'insouciance. Au final, un film techniquement très bien maîtrisé qui passe sans embarras.
Surfant sur la vague Wong Kar-Wai, un film qui séduit de par sa réalisation caméra à l'épaule et son ambiance générale, traversé par quelques séquences virtuoses et campé par un joli couple (le classieux Kaneshiro et la très belle Carmen Lee). Un scénario trop vide et une mélancolie parfois ennuyeuse entâche cependant le tableau. Ne vous attendez pas à un vrai polar comme a pu nous habituer Johnnie To (à la production cette fois-ci, laissant Patrick Yau signer son premier film (soit-disant)). Un film un peu surestimé non ? A voir néanmoins dans la production hongkongaise.
A la deuxième vision je me vois obligé de remonter ma note initiale. En effet j'étais complètement passé à côté du film. Cette fois ci je suis rentré dedans et bien que loin d'être parfait je l'ai bien apprécié.
En gros les reproches que j'aurais à faire sont: une cinématographie et une ambiance (photo, caméra portée, intimisme) vraiment pompée sur WONG kar wai période Fallen Angels et Chungking Express (mais forcément moins réussie), ainsi que le personange et le jeu de KANESHIRO qui passe beauacoup mieux dans Fallen Angels. Ici il m'est apparu quelques fois trop poseur, maniéré et "faux". C'est aussi lui qui assure la réussite du film mais je trouve encore que THE ODD ONE DIES n'est pas un film essentiel, tout en étant sympathique dans le mélange des genres et l'ambiance certes pas vraiment originale. Un film sympa et à voir tout de même.
...mais qui n'y parvient pas tout à fait; au moins, c'est loin d'être un ratage total...
MAIS, mais, on était en droit de s'attendre à plus de la part de Milky Way, Johnnie To et Patrick Lau. Comme pratiquement tous leurs projets, leur film est un énorme recyclage de tout ce qui s'est fait (de mieux ?) jusque là, ou qui est alors à la mode : ici, ils se sont amusés à re-pomper (sans vergogne) caractères, situations et même cadrages des derniers films de Wong Kar Wai (derniers films à l'époque = Chungking Express + Anges Déchus). Le ton y est, l'absurde aussi, même la crasse sous les ongles des personnages; mais si j'adhère TOTALEMENT aux "Anges Déchus", le soufflé aura moins pris ce coup-ci...peut-être l'effet de surprise.
Quant à la fin...only the odd one dies !!! Donc : soit ! Et puis je n'aurais pas été moins surpris, si un ovni avait débarqué pour emmener l'héros, tellement le film est plein de trouvailles par moments !!!
Un petit polar à regarder et à mettre à côté des autres productions (phares, car des "Gimme Gimme" sont à BRULER d'urgence !!!) de Milky Way...