sympa et frais
énième histoire de trio amoureux, le film séduit par son ton frais et dynamique.
les trois acteurs sont convaincants (et Zhou xun toujours séduisante), la réalisation est plaisante, et ce qui limite la réussite du film est le côté arty/"art conceptuel" qui ne fonctionne pas vraiment et rend certains passages un peu artificiels (dans le sens ou le réalisateur use d'artifices et dans le sens ou ça rend les situations peu naturelles parfois).
ceci est pardonné par l'énergie présente et la dynamique globale.
ce film a tout d'un film de jeunesse, et plaira aux gens ayant apprécié BAOBER IN LOVE, BEIJING ROCKS ou encore SUZHOU RIVER. (bien qu'inférieur à ce dernier).
Beijing campus movie / Ballade déroutante
Quel étrange objet cinématographique que ce film ! Ecrit, réalisé, filmé et même composé pour la chanson titre par Gao Xiao Song (un pur représentant de la pop culture estudiantine pékinoise jusqu'alors plus connu pour sa "campus ballad music"), "Where have all the flowers gone" a de quoi dérouter à plus d'un titre.
Formellement tout d'abord, assumant un parti-pris artistique apparenté à l'art conceptuel (utilisation de mannequins blancs en guise de figurants, stylisation saugrenue et répétitive de certains décors tels la chambre/jardin secret du rôle féminin planté au beau milieu d'une prairie,...). Sur son mode naratif ensuite, présentant une dé-structuration du temps quasi systématique effectuant des allées et venues semblant à première vue tout aussi fantasques que les sautes d'ambiances qui les accompagnent.
Le fait est que ces deux parti-pris radicalement troublant finissent par se complèter et par constituer un ensemble quand à lui d'une certaine cohérence stylistique a défaut d'énoncer clairement son propos (d'où la difficulté d'en établir un résumé...). A ce titre, il fonctionne souvent d'avantage comme un générateur de sensations pour une part forcément subjectives que comme porteur d'un message universellement identifiable.
Bref, déroutant mais d'une importance culturelle certaine, "Where have all the flowers gone" est de ces films dont il est difficile d'affirmer la qualité cinématographique globale. Pour autant, il fait assurément partie des indispensables pour quiconque s'intéresse à ce nouveau cinéma chinois, en prédécesseur* des
"Suzhou River",
"Green Tea" et bien d'autres dont certains, bien que dus à la génération précédente, joueront sur cette vague avec plus ou moins de réussite tels
"Les Démons à ma porte" ou
"Baober in Love".
Qui plus est, bénéficiant d'une technique bien maitrisée et porté par une distribution manifestement inspirée par le projet (à commencer par l'excellente Zhou Xun, l'égérie de ce nouveau cinéma chinois, ici dans son premier grand rôle), il ne se montre pas désagréable à suivre pour peu qu'on se laisse porter et/ou qu'on se force un minimum l'attention (ma co-visionneuse pourtant parfaite sinophone s'est tout de même affalée d'épuisement intellectuel à la moitié du métrage...).
Un bel essai cinématographique à contempler muni d'un esprit alerte...
* : le film fut réalisé en 1999, soit l'année d'avant "Suzhou River", mais fut retenu par la censure pour des raisons qu'elle-seule n'ignore pas jusqu'en 2003.