Réquiem pour un Dévalement...
La Rétrospective que consacre la Cinémathèque Française à Kiyoshi Kurosawa permet de décourvrir en salles ses DTV (qui demeurent de purs films de cinéma... la preuve, le TV-film
Séance est sorti chez nous en salles), mais aussi son travail pour la télé et ses "erreurs" de jeunesse comme l'excellent crypto-polar
Vertigo College, son premier long en Super-8. Mais aussi un film surprise que personne n'est censé voir ; un DTV de Kiyoshi Kurosawa sur les courses cyclistes.
Men of Rage (dont le titre original,
Otokotachi no Gekijô signifie "
La Passion des Hommes". Le "
Jan" du titre japonais étant la cloche qui frappé annonce dans une course les derniers tours..) est l'histoire de Wataru Tachibana, un jeune coureur cycliste talentueux (comparé par le journaliste Akiba comme un génie), expert dans le dévalement, une technique qui consiste à commencer la course dernier, puis d'accéder lors de l'avant-dernier tour, à la première place et de la garder jusqu'au bout. Son obsséssion est d'affronter coûte-que-coûte le N°1, Ryo Kiyohara, un ancien de sa promo. Ainsi, Wataru s'engagera dans une voie quasi-autdéstructrice, affrontant violemment un adversaire (qui n'est autre qu'un double plus ancien et repenti de lui-même), se brouillant avec son meilleur ami, refusant l'amour de Yoko, la soeur de ce dernier, qui pourtant le soutiendra, lui nettoiera son appartement, le remettra à sa place quand il déconnera pour de bon, l'embarssera même...
Pour Wataru, le vélo est bien plus important que la famille. Tandis que son ennemi, fils de bonne famille, malgré la "honte" que lui inspire sa riche famille (il va même jusqu'à menacer quiconque lui glisse ne serait-ce qu'une simple insinuation), devra sacrifier ses ambitions pour des raisons familliales (son père tombera gravement malade le jour du duel entre lui et Wataru) alors qu'il demaure une authentique machine de guerre totalement déshumanisé (son regard de zombie quand il est sur le circuit). Wataru a aussi ce côté déshumanisé, ne vivant que pour le circuit. Leurs combinaisons et leurs casques leurs donnent un aspect robotique...
Comme toute curiosité, le film, sorte de
Jours de Tonnerre cycliste, a ses défauts (les transparences ou les cartons qui font très "Pubs TV Japoniaises" et même une très belle scène où l'anti-héros pédale, on y voit dans le ciel, le visage de son ennemi...), mais il se regarde avec un très grand plaisir.
Un film plus ballardien (voir même miliusien, l'infiluence de
The Big Wenesday pour le surf est plus que frappante, même si musicalment, l'orgue Botempi propre aux DTV japonais n'atteint jamais la grâce de la sublime BO de Poledouris) qu'on ne le croit (oui, je me permets de glisser une référence à
Crash !), mais avec un côté
Michel Vaillant (la très belle scène finale en est un pur hommage).
Un film qui se doit d'être vu, car de sombres problèmes de droits (on raconte que les droits du DTV auraient été récupérés par les Yakuza) l'empêche de sortir officiellement (c'est pas un
Film Surprise pour rien), voir sortir tout court !
Mais bon, officiellement, je n'ai pas vu
Men of Rage !!!