François | 3.5 | Bon film, tout simplement |
Sorti dans un quasi anonymat assez étonnant vu le retour sur grand écran de celle qui fut la chouchou du public au début des années 90, Love Trilogy en est-il pour autant un pseudo direct-to-video dont nous n'aurions jamais dû entendre parler ? Pas vraiment, le film faisant preuve de sacrés qualités, et méritant un autre intérêt que le bide assez retentissant qu'il eût en salles.
Alors que cette sortie en catimini laissait penser une production à tout petit budget plus proche d'un téléfilm, le film se montre finalement tout à fait décent à ce niveau, même si le DVD de bien moyen qualité ne l'aide pas forcément. Tourné en partie à Hong-Kong et en partie en Chine, il varie les décors (ville, campagne, village), suit six personnages bien écrits autour d'un scénario plutôt ambitieux, le tout sous l'oeil d'une caméra assez maligne.
Le scénario d'Aubrey Lam est en assurément un des points forts. Après un Twelve Nights qui dérangeait déjà par son réalisme, la scénariste/réalisatrice continue son exploration des relations amoureuses avec un nouveau concept: l'analyse en parallèle de trois avancements. On suit ainsi un couple marié depuis 7 ans, un couple fraîchement marié, et un couple pas encore marié. Chacun vient d'un endroit différent, le premier de Hong Kong, le second de Chine, le dernier de Corée. Si les six personnages et trois relations ne sont pas évidemment pas tous de la même qualité, on y retrouve toujours ce réalisme assez troublant, car touchant même si peu original. La plupart des spectateurs se reconnaîtront invariablement à un moment du film dans un des personnages ou une des situations, ce qui confère au film un capital sympathie immédiat quand on est habitué à ingérer des comédies romantiques totalement irréalistes.
C'est évidemment le couple Anita Yuen / Francis Ng qui vole un peu la vedette, on n'associe pas l'ex enfant chérie du cinéma HKgais avec l'un de ses acteurs cultes sans déclencher la curiosité. S'appuyant sur un scénario d'excellente qualité, les deux acteurs forment un couple attachant, malgré son apparente fragilité. La touche d'humour est également un des qualités du film, qui ne se prend jamais trop au sérieux. Derek Chui apporte également son lot d'idée à la caméra, complétant ainsi la touche d'humour assez légère des dialogues. Bref, le premier quart est un vrai bonheur.
Le second couple apporte une approche un peu différente, et fait se croiser les personnages avec ceux de la première histoire. Si l'effet Anita/Francis n'est plus présent et qu'on aurait invariablement aimé les voir un peu plus, cette second partie n'en est pas mauvaise pour autant, même si à la fois le propos et l'interprétation sont un cran en dessous. La troisième partie est plus longue et s'appuie sur les deux premières pour étayer son propos. Ici aussi, le fond est un peu moins réussie que dans la première partie, la faute à un romantisme curieusement moins touchant que l'apparente froideur du premier couple. Mais la fraîcheur des deux acteurs principaux est bienvenue, de même que la variété des paysages.
Au final, si l'ensemble ne parvient pas à maintenir un équilibre parfait, les qualités rassemblés de très bons acteurs, d'un réalisateur très peu connu mais pourtant intéressant (Sealed with a Kiss, Frugal Game) et d'une scénariste de talent dans son domaine font de Love Trilogy un film de qualité qui mérite un autre intérêt que celui qu'il a connu. A la fois sérieux tout en étant drôle et techniquement assez soigné, il se montre autrement plus convainquant que la majorité des comédies romantiques sortis depuis quelques mois, et pas seulement à Hong-Kong.