Il est habituel qu’une série à succès débouche sur des OAV. Bien souvent celles-ci ne sont que des épisodes supplémentaires un peu plus soignés que ceux destinés à la télévision. Mais les OAV de Kenshin dépassent très largement le niveau habituel de ce genre de production.
Un contexte historique à connaître pour apprécier l’histoire
Tout d’abord il faut savoir que Kenshin repose très largement sur un contexte historique, qu’il est nécessaire de comprendre un minimum pour savoir ce qu’il se passe (à moins que l’aspect combat/boucherie ne vous suffise :)… Et encore ce ne sera pas toujours facile !
Si dans la traduction Française du manga des notes de bas de page permettaient de suivre plus facilement le récit, il n’en va évidemment pas de même pour les OAV.
En bref il faut savoir qu’une guerre civile a éclaté au Japon vers la fin des années 1860. Le premier camps se voulait le garant des traditions et coutumes séculaires du Japon, le second prônait l’ouverture du pays à l’extérieur, en particulier à l’Europe, pour parvenir à moderniser le pays. Kenshin a choisi de rejoindre le second parti, qui se bat contre le pouvoir en place, et utilise ses talents au sabre en tant qu’assassin.
Bien sûr il y a de très nombreuses autres références historiques, qu’il n’est pas possible de lister ici. Avoir lu le manga est une bonne aide puisque celui-ci apporte déjà un certain nombre d’informations sur cette période troublée de l’histoire du Japon. Les livres d’histoire peuvent être un autre support, mais à coup sûr un moyen plus rébarbatif d’aborder le sujet qu’une BD :-)
Une bonne réalisation
L’OAV reprend le style graphique de la série tout en étant plus soignée. L’animation est fluide, les quelques musiques jouées sur des instruments traditionnels ajoutent une certaine touche. Rien à redire sur la forme, c’est du tout bon, très rarement atteint pour des OAV (en fait la réalisation est plutôt équivalente à celle d'un film d'animation).
Une histoire passionnante, mais en rupture totale avec le manga Kenshin le vagabond
Le principal intérêt de ces OAV est de présenter la jeunesse de Kenshin et son action pendant la révolution, périodes de sa vie non abordées dans les autres opus de l’univers Kenshin. Ainsi nous découvrirons sa rencontre avec son maître, son apprentissage du sabre, puis son engagement politique/militaire dans la rébellion, et enfin l’origine de ses cicatrices sur la joue gauche. Sur un rythme très élevé, entre combats, fuite, trahison et retournements de situation, un scénario ébouriffant qui ne laisse pas de répit au spectateur.
Pourtant le scénario est en rupture quasi totale avec l’esprit du manga. En effet, alors que l’humour tenait une place omniprésente dans ce dernier et que les combats débouchaient le moins possible sur des morts violentes (cf. le sabre retourné de Kenshin qui blesse et assomme sans tuer) ici les combats sont nombreux et de vraies boucheries. Dès le début on peut être déconcerté. Massacre, homme, femmes, coups d’épées à travers la gorge, corps déchiquetés, tout y passe… Dans l’ensemble l’anime est (très) violent, violence physique lors des combats mais aussi psychologique avec les doutes et la détresse du héros et des différents protagonistes. Et comme aucune note d’humour n’est là pour détendre l’atmosphère, on se trouve finalement en présence d’un film de sabre/combats à l’univers assez noir.
Bien sûr il était moins aisé d'ajouter une touche d'humour alors que Kenshin n'est à ce moment qu'un tueur sans pitié, voire quasi impossible de donner la même atmosphère à une histoire pour laquelle le héros est cette fois un meurtrier et non un brave gars rigolo... Toujours est-il qu'il y a une rupture indéniable dans le style narratif et l'atmosphère en général. Les fans de la série et du manga risquent donc d’être surpris…
Il n’empêche que l’histoire est passionnante et apporte des infos très intéressantes sur la vie de notre héros, à voir autant par les fans de combats de sabres que les passionnés de la série, mais n’espérez pas vous tordre de rire devant l’anime !
Autant vous le dire tout de suite, si vous abordez cet OAV de la même manière que moi, à savoir en ignorant absolument tout du personnage de Kenshin et de la longue série télé qui lui a été consacrée, il y a de quoi être surpris ! En me référant au titre, je m'attendais en effet à une sorte de road-movie sanglant où un vagabond nommé Kenshin trancherait tout ce qui bouge au fil de sa route, vous voyez, un mélange de Ninja Scroll et de Ken le survivant qui déchire bien. Que nenni ! J'avais négligé le sous-titre " le Chapitre du souvenir ", qui propose un retour aux sources conséquent, de son enfance marquée par la mort de sa famille jusqu'au second tournant de sa vie, la mort de sa bien-aimée. Ne vous étonnez pas non plus de ce fameux Kenshin se fasse appeler Imura tout au long de l'OAV, c'est tout simplement son nom de famille… Ne soyez pas choqué non plus que Kenshin soit roux dans une scène, puis brun dans la suivante (ça doit être la luminosité).
Passé ces quelques surprises, on peut enfin pénétrer dans un récit à la narration alambiquée mais ambitieuse, mêlant tour à tour au risque de s'y perdre différents moments de la vie de Kenshin, du moins pendant la première heure. Après ça se calme, les auteurs ayant choisi la carte efficace du mélodrame. On retrouve Kenshin, désireux de se faire oublier de tous les samouraïs du pays, et sa femme de fortune apprenant la vie de paysans au fin fond d'une région enneigée. Une partie agréable à suivre, précédent le chaos infini du reste de la vie de ce combattant idéaliste qui veut changer la face du monde. Les dialogues truffés de noms japonais (Shinsengumi, Chosho,…) confèrent un aspect presque mythique à cette époque pré-ère Meiji (avant 1868), et l'animation, notamment dans les scènes violentes, est de très bonne qualité. Plein de bonnes raisons pour s'intéresser à cet OAV, donc. Même si on n'y connaît rien.
Kenshin le vagabond, le chapitre du souvenir est une OAV précédent le manga. Elle raconte la jeunesse de Kenshin et son action en tant que Battôsai l'assassin en faveur de la restauration Meiji.
Ses qualités techniques sont très proches de celles des films d'animation : l'animation est sans faille, les musiques très bien choisies, le dessin de très grande qualité et son scénario des plus intéressant.
De plus, ce dernier est en totale adéquation avec l'esprit du manga. En effet, bien qu'étant le même personnage, les protagonistes du manga et de cette OAV sont très différents : pour le premier, il s'agit de Kenshin le vagabond qui protège la veuve et l'orphelin sans être dénué d'humour et pour la seconde, c'est Bâttosai l'assasin qui est un des bras armés les plus violents de la révolution. Au vu de leur différence, le traitement ne pouvait être identique, tout en conservant une grande cohérence. L'humour est très peu présent et la violence physique tient une place importante. Les combats sont de véritables tueries : pluies de sang, os brisés, … Par moment, nous retrouvons le même style dans le manga lorsque Kenshin redevient le temps d'un combat Battôsai l'assasin.
Alors que nous pourrions croire qu'il n'est qu'un assassin sans conscience, nous le retrouvons assiéger par le doute notamment lors de ses séances d'introspection (celles de la toupie) ou lors de sa rencontre avec Tomoe. Il sait bien que le chemin utilisé pour son combat n'est pas le plus facile : la violence entraînant la violence. La croix présente sur sa joue gauche montre à elle seule son état d'esprit.
Cette OAV mérite plus qu'un détour. Elle est essentiel pour comprendre un peu mieux le personnage
très complexe de Kenshin/Battôsai. A ne manquer sous aucun prétexte, surtout pour les amateurs du
manga.
Loin du ton « teen ager » et jeux vidéo du manga ainsi que de son adaptation télévisée, cette OAV emprunte beaucoup plus à la tradition cinématographique des jidaigeki des années 50, à l’époque florissante des grands studios, qu’au produit calibré pour animefan. Une œuvre ambitieuse qui allie qualité technique et artistique pour donner un résultat allant bien au-delà de son matériau de départ. Tiré du manga à succès Kenshin le Vagabond, l’OAV n’en reprend pas la trame mais seulement une petite partie, celle où le personnage de Kenshin évoque son passé trouble lorsqu’il était assassin. On retrouve donc les éléments constitutifs de la série mais dans une ambiance résolument plus mature et sombre, avec un récit qui se suffit aisément à lui-même (à noter que fin 2001 est sortie au Japon une suite en 2 OAV, toujours réalisé par la même équipe).
Les premières images traduisent, tant au niveau des graphismes, de la mise en scène, des voix..., tout le soin apporté à la réalisation de cet OAV. La musique de Iwasaki Taru est pour beaucoup dans l’atmosphère qui baigne cet animé et dès la scène d’introduction, un long flash back relatant la rencontre entre un Kenshin orphelin et son maître, envoûte par sa mélodie lancinante et la tristesse qui s’en dégage, en parfaite adéquation avec son propos. Il est clair qu’on n’est pas là pour rigoler ! Et l’époque ne s’y prête guère, l’intrigue prenant place au cours de l’année 1864 (fin de la période Edo), dans un Japon en pleine guerre civile qui voit les partisans du Shogun de la dynastie des Tokugawa confrontés à la fronde de nombreux clans pour le compte desquels Kenshin officie en tant qu’assassin, sous le nom de Hitokiri Batosai. Engagé par révolte contre l’avis de son maître, armé de sa technique de sabre redoutable (le Hiten Mitsurugi), Kenshin est bientôt pris dans les rets d’une période trouble et violente, au rythme des ses assassinats.
Kazuhiro Furuhashi, le réalisateur, joue parfaitement du contexte historique hérité du manga (soins de la reconstitution). L’intrigue se dote donc, en plus du questionnement existentiel de Kenshin sur sa qualité d’assassin et de son histoire ambiguë avec la mystérieuse et passive Tomoe, d’une dimension plus « romanesque » faite de manoeuvres politiques et de traîtres à démasquer, mais sans jamais tomber dans les dérives du « serial ». Le choix d’une mise en scène sobre privilégiant les « temps morts » y est pour beaucoup et participe de la mélancolie ambiante, tirant définitivement le récit vers le drame. La relation qui unit Kenshin à Tomoe est d’ailleurs, d’emblée, nouée sous le signe de la fatalité et de la mort. La scène de leur rencontre donne un indice du lien qui va les unir : alors que Tomoe assiste à un combat de Kenshin, elle est éclaboussée par le sang de la victime (en l’occurrence un ninja chargé d’exécuter le Battosai). Sans concession dans sa représentation de la violence, mais sans excès non plus, Furuhashi a parfaitement su doser les scènes d’exposition et de dialogues avec les moments où prime l’action. Ces derniers, s’ils ne sont pas en nombre, possèdent une très grande intensité et font irruption dans la narration en parfait contrepoint au rythme lancinant qui prédomine le reste du temps. Traités avec style et dynamisme, les combats ne glissent jamais vers la joute vidéoludique, comme c’est si souvent le cas dans le manga, et gardent une solennité qui colle bien mieux à la gravité des enjeux.
Techniquement, si quelques faiblesses (relatives) sont à déplorer ici ou là sur la qualité de l’animation (principalement en raison du format et du standing de production) ainsi que sur l’intégration de certains décors en 3D, l’ensemble fait montre d’un travail de haute volée ménageant de nombreux moments de plaisir purement visuel. Un classique qui devrait faire l’unanimité.