Allô maman, ici bobo
Assistant et coscénariste émérite de bon nombre de productions de son mentor WAKAMATSU (il a notamment cosigné "Quand l'embryon part braconner" et "Violated Angels") et militant engagé éprouvant un fort besoin de se faire entendre, il n'était qu'une question de temps avant qu'Adachi ne prenne la voie de la réalisation.
En 1967, il signe ainsi un premier "Contraceptive Revolution", pur divertissement à la limite de la misogynie de la franchise des productions S & M produites par Wakamatsu. Un film aux relents sulfureux de la plupart de ses écrits, mais pas vraiment en phase avec ses revendications habituelles.
"Gushing Prayer", au contraire, porte la marque profonde de son réalisateur . C'est un véritable pamphlet féministe engagé, qui bouleverse tous els codes du pinku eiga habituel et a dû servir de couche froide à plus d'un salaryman venu se réfugier dans l'une des nombreuses salles noires projetant ces films à la fin des années 1960.
Film érotique totalement nihiliste, il remet totalement en cause le principe même de l'érotisme. Dès le départ, on voit une femme se faire "aimer" par un jeune homme parmi d'autres jeunes de leur âge. Elle est inerte, comme morte, totalement inexpressive – mais, au contraire de la plupart des autres productions de même type, ne changera jamais de comportement, ne trouvera jamais cette fameuse voie de la "libération sexuelle" en fin de métrage.
Elle ne comprend pas comment on pourrait éprouver le moindre plaisir à faire l'amour, à "simuler" l'acte de procréation sans forcément avoir envie de donner la vie…mais elle comprend encore moins le désir de donner naissance à un nouvel être dans une société aseptisé et mû par des êtres régis par le sexe et la violence. Adachi se sert donc du pinku eiga pour faire passer son propre ressentiment envers une société figée et qu'il combattra d'ailleurs en tant que membre très actif de l'Armée Rouge. LA scène choc du film sera d'ailleurs l'incitation à évacuer les fœtus…en tirant la chasse d'eau…
Comme dans les productions Wakamatsu de la même époque, il y a quelques très belles idées, notamment dans la métaphore de passer des idées personnelles et politiques en détournant totalement un genre (le pinku eiga) pas du tout pensé à ce genre d'exercices à la base; en même temps, c'était le seul terrain sur lequel les réalisateurs avaient entière carte blanche et pouvaient espérer toucher un (large) public. En même temps, la plupart de ces productions accusent aujourd'hui un sacré coup de vieux, s'étirant terriblement en longueur avec une bonne dose de prétention nombriliste assez austère. Faut se farcir els déambulations de cette jeune femme un peu à côté de la plaque, maniaco-dépressive à plus d'un moment et qui ne suscite en rien la sympathie du spectateur, notamment par l'absence totale d'une quelconque émotivité…Reste, que ce genre de films reste un sacré témoignage d'une époque totalement révolue et que ce n'est certainement plus aujourd'hui, qu'on verrait des jeunes faire preuve d'une même force revendicatrice et réussir à détourner les actuels moyens de communication pour exprimer leurs idées…