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God Man Dog

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les avis de Cinemasie

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1 critiques: 4/5

visiteurnote
Bastian Meiresonne 4


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Chacun cherche son charme

Singing Chen – l'une des plus talentueuses réalisatrices de la "Troisième Nouvelle Vague Taïwanaise" en devenir – et également l'une à relever au mieux l'héritage laissé par ses illustres aînés. Les participations de Jack Kao, acteur récurrent des films de Hou Hsiao-Hsien et – surtout – du petit Yang-Yang de l'extraordinaire film "Yi Yi" d'Edward Yang devenu grand, ne sont certainement pas anodines.
Des précédentes vagues, Chen reprend cette approche quasi documentariste d'histories simples de gens ordinaires et – surtout – cette quête identitaire. Comme dans les films de Yang – surnommé l'Antonioni du cinéma asiatique – elle reprend le désarroi et l'isolement de petits gens dans un monde matérialiste. Tout a un prix: les pêches véhiculés par l'aborigène alcoolique (dont la vie, elle, vaut moins que celle des fruits qu'il transporte), le chien – même les Dieux (ou plutôt leur représentation) sont évalués. Le jeune voyageur clandestin, marginalisé par la société, tente de reprendre ses propres droits: il "vole" le bien d'autrui et participe à des concours, dont il revend le prix au plus offrant (et en conséquence à la femme de l'aborigène alcoolique – la vie n'est qu'un cercle).
La religion est évidemment au cœur de l'intrigue. Aliéné, l'homme ne pense trouver un échappatoire qu'en fin de vie, lorsque le prétendu "Paradis" lui ouvrira ses portes; mais même cette fois est "ébranlée": un homme ne cesse de réparer des icônes religieuses brisées (des Dieux à son image, puisqu'il lui manque une jambe et que même sa prothèse est usée), une femme ne pense se réfugier dans la religion qu'après avoir donné la mort. Les néons se reflètent sur les images bouddhistes; l'autel religieux devient un champ de foire. La mixité des différentes religions au sein du film reflète bien évidemment l'incroyable mixité de la culture taiwanaise en elle-même, composée par quantité de communautés différentes et ballottée par ses sempiternelles invasions successives, depuis les espagnols, en passant par les hollandais, puis les japonais et les chinois. A la fin, une antiquité est abandonnée au milieu de la rue, entourée de statues endommagées; la fin des classes sociales, comme en témoigne le chien à sang pur, qui s'en va courir avec des bâtards. ENFIN, Singing Chen exprime un sentiment de liberté dans un climat autrement oppressant.
Tout n'est pas encore parfait, ni parfaitement maîtrisé; mais l'incroyable richesse métaphorique de ses images, la représentation ancrée dans une culture profondément taiwanaise qu'elle s'accapare malgré son jeune âge et en dépit de son sentiment d'enfermement laisse présager une grande carrière. Elle emboîte en tout cas les pas laissés par l'immense Edward Yang et donne envie de la suivre.


19 février 2008
par Bastian Meiresonne


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