Ordell Robbie | 1.5 | Début de Kaji Meiko à la TOEI écrit et filmé de façon quelconque. |
Xavier Chanoine | 2.5 | Vraiment trop inégal pour s'imposer |
Sans être non plus un vrai ratage, Wandering Ginza Butterfly vaut surtout le coup d'oeil pour la jeune Kaji Meiko alors débutante dans le métier, mais déjà suffisamment charismatique pour imposer sa patte de déesse de l'exploitation nippon des seventies. On y trouve la thématique habituelle de tout bon yakuza eiga, sauf qu'ici on note une touche de "classe" et d'humanisme davantage mise en valeur grâce au fameux "aniki", boss toujours en costard blanc, aidant les opprimés de Ganza grâce à son importante fortune et son image d'homme bon, n'hésitant pas non plus à acheter des fleurs à la petite Ginko, orpheline. WGB puise donc son intérêt dans le portrait bien ciselé de ses personnages, mais cette touche d'humanisme fort (les femmes s'entraident, le repent de Nami) ne masque pas la faiblesse d'une mise en scène à la fois peu inspirée par son sens du cadre bien décevant et aléatoire, ou alors trop inspirée par ce que faisait Fukasaku à la même époque. Ce "copycat" largement inférieur vaut aussi pour le score, à mi-chemin entre du Fukasaku et du Suzuki, sauf qu'ici il se contente de faire dans le "bon" classique en reprenant des airs presque déjà connus des amateurs de yakuza eiga.
De plus, ne passons pas non plus sous silence la mauvaise direction artistique et la décevante direction d'acteurs, quand bien même Kaji Meiko tire son épingle du jeu par sa prestance et son charisme franchement inné, les autres interprètes font un peu ce qu'ils veulent ou disparaissent tout bêtement du récit pour les retrouver une heure plus tard pour deux minutes de causette à tout casser. Cette étrange sensation d'être devant un métrage sans ambition (plus ou moins commercial avant d'être "cinéma" à proprement parlé) empêche donc Yamaguchi d'atteindre les hautes sphères occupées par quelques artisans bisseux de bonne facture (Suzuki N, Ito Shunya) ou artisans tout court (Fukasaku, Suzuki S), développant de manière plus fun, héroïque et féroce à la fois le cinéma sur la vengeance et la peinture du milieu yakuza. Le cinéaste aurait pu faire plus simple, même si son oeuvre n'en demeure pas moins intéressante en bien des aspects comme cette excellente séquence où des dettes peuvent être effacées sur une partie de billard. WGB vaut aussi le déplacement pour sa boucherie de fin, les chansons habituelles de Kaji Meiko, quelques rares moments où Yamaguchi arrive à se détacher du lot sans pourtant faire montre d'un grand talent.