Ne pas faire de (nouvelle) vague
Horiko Ryuichi n'en finit plus de tourner et est certainement l'un des tous derniers "indépendants" de la grande époque du cinéma d'art et essai des années 1990s en activité. Sitôt l'ambitieux "Lightning Tree" en boîte, il enchaîne par ce mélodrame beaucoup plus indépendant, sorte de revival des soubresauts de l'influence Nouvelle Vague ressenti un peu partout dans le monde durant les années 1980s et 1990s.
Et c'est justement là, que le bât blesse: il y a quelques décennies, ce film aura été une véritable révélation; aujourd'hui, ce n'est plus guère qu'une bouffée d'oxygène un peu désuète dans un système ô combien cloisonné.
Quel bonheur fou de voir ces deux jeunes marginaux enfreindre toutes sortes de codes de bonne conduite de l'actuelle société nipponne…ET de l'industrie cinématographique…En revanche, rien, mais absolument RIEN de bien neuf dans cette histoire d'amour condamné d'avance des deux marginaux.
Hiroki fait preuve de beaucoup d'amour et de bienveillance à l'égard de ses deux protagonistes, faisant durer les plans, les cernant de plus près, partageant au plus près câlins, comme coups de gueule…Une liberté d'expression largement absente des actuelles productions et qui rend les deux personnages d'autant plus attachants. Tout se corse dans la dernière partie, classique et beaucoup trop longue avec un dénouement forcément attendu. Là encore, on saluera l'extrême liberté d'expression, mais – encore une fois – rien qui n'ait pas été déjà vu dans d'autres films dans d'autres pays du monde entier par le passé…
Du coup, "The Egoists" colporte une curieuse impression de légèreté nostalgique…pas sûr, que cela suffise de convaincre l'actuelle génération très loin des préoccupations des trentenaires actuels.
