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Echoes of the Rainbow
les avis de Cinemasie
1 critiques: 3/5
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6 critiques: 3/5
Dans sa bulle...
Bande annonce
Scénariste avant tout pour sa femme Mabel Cheung depuis le milieu des années 80, Alex Law est encore un jeune cinéaste peu prolifique (trois films en plus de vingt ans). Avec
Echoes of the Rainbow, film nostalgique du Hongkong des années 60, le cinéaste obtient une petite renommée internationale et voit son film récompensé cette année à Berlin dans une section parallèle à la compétition officielle, dédiée aux films sur l’enfance. Pas étonnant de voir le film récompensé au vu de son petit héros haut comme trois pommes, Grandes Oreilles, qui lorsqu’il ne pleurniche pas illumine le film par son insouciance et son large sourire. Le Hongkong d’époque joliment dépeint par le cinéaste et son chef opérateur est vu à travers les yeux –ou le petit aquarium que porte Grandes Oreilles sur sa tête, dans ses moments de joie et d’espoir (la distribution après l’école de fausses cartes dédicacées par les stars locales d’époque telles que Connie Chan, Josephine Siao ou Bobo Fung), mais aussi d’autres plus graves (la tempête qui ruine le commerce de ses parents, les Law). Il y a aussi la leucémie du grand frère, étudiant doué et digne représentant sportif de son école, mais le petit restera à distance de ces évènements.
Historiquement, on raconte déjà qu’il faut parler anglais pour réussir à Hongkong. Le discours du policier blanc faisant la morale à Grandes Oreilles, jusqu’à juger ses parents, est à ce niveau édifiant et révélateur des bouleversements sociaux qu’est entrain de connaître Hongkong. Etre vendeur de chaussures ou simple petit cordonnier indépendant est donc synonyme d’un échec socio-économique. Il est temps de faire de grosses affaires. Pourtant, c’est bien la famille Law qui continue à se serrer les coudes malgré les difficultés du quotidien. Le père (impeccable Simon Yam) n’accepte pas l’échec scolaire de ses enfants, la mère ne peut qu’encaisser les problèmes et relativiser, et l’aîné se voit incapable de continuer sa relation avec une jeune fille de famille bourgeoise, bientôt sur le départ pour les États-Unis. Les différences sociales rendent leur amour incompatible, mais ce qui est le plus intéressant ici, c’est le garçon amoureux qui refuse de pénétrer un environnement dont il se sent étranger. Et, point faible du cinéma hongkongais, les scènes de romance sont hélas toutes quelque peu moisies. L’image du bouquet de fleurs taché de sang en est d’ailleurs le pompon, à l’image des bons sentiments du film, mignons au départ et rapidement écœurants lorsque la photographie abuse de lueur diffuse et de couleurs très chaudes (oh le gros cœur tout chaud). Echoes of the Rainbow trouve sa belle vitesse de croisière lorsque les personnages se serrent les coudes et ne s’apitoient pas sur leur sort, comme lors de la plus belle scène du film au moment où une tempête s’abat d’un coup sur le petit quartier, ravageant tout sur son passage et ruinant – comme si ce n’était pas suffisant- les minces espoirs de la famille Law. Les nerfs lâchent, la fierté en prend un coup mais tout le monde reste solidaire.
Au film de trouver, après cette envolée de folie furieuse, un calme, une sérénité toujours contrebalancée, au final, par un évènement rendant la vie plus difficile qu’elle ne l’est déjà. Difficile de trouver un point de fixation, une stabilité. C’est un peu le Always - Sunset on The Third Street hongkongais, avec une approche plus sombre de son sujet, plus lacrymale également. Et il fallait que les problèmes de santé du frère aîné arrivent en plein hiver, comme s’il était vital de montrer Pékin sous la neige, un hôpital avec des vitres pleines de buée et des hommes vêtus de manteau dans le pur style soviétique. Bonjour le cliché, on a compris qu’il fait beau et chaud à Hongkong et que dans le mainland glacial, tout le monde a des mines cadavériques ! Chose plaisante, on retrouve un peu de contestation avec une critique acerbe du milieu hospitalier, traitant ses patients en fonction de leurs moyens. Il fallait bien cela au film d’Alex Law pour se dépatouiller de ses sourires guimauves et de sa narration dans le style des productions Buena Vista. Entre sa détresse et ses doux instants de rêves imagés par l’aquarium que porte Grandes Oreilles sur sa tête, comme enfermé dans sa bulle, ces jeunes bousculés par les pressions sociales et les études –l’art de la réussite en société- qui rêveraient d’être autre chose que des poissons dans un bocal –ou un aquarium, au choix, Echoes of the Rainbow fera passer d’agréables moments. Mais tout de même pas la belle surprise annoncée ici et là.
C'est beau, la ville, une vie.
Le discret homme de spectacle (la comédie musicale Song of light) et de cinéma (entre autres scénariste de The Illegal Immigrant, Autumn's Tale, City of glass ou Beijing Rocks; réalisateur de Painted Faces et Now you see love…now you don't) Alex Law revient avec un troisième long-métrage tourné en plus de 20 ans, une belle chronique nostalgique et semi-autobiographique du Hong Kong des années 1960.
Rien de bien révolutionnaire dans cette simple histoire de gens ordinaires, racontée du point de vue d'un petit garçon d'une dizaine d'années, qui se rêve astronaute en portant un aquarium sur la tête et fils d'un cordonnier de la classe moyenne du quartier de Shamshuipo.
On assiste aux habituels 400 coups du gamin, des vignettes d'histoires de son entourage proche et un bon gros drame en milieu du film, aussi rapidement évacué, qu'il ne soit arrivé.
Le casting est parfait depuis le décidemment versatile Simon Yam, qui enchaîne les rôles de père de famille, depuis le terrible psychopathe de "Night & Day" chez Ann Hui jusqu'au brave gars dans le présent film. A ses côtés, une Sandra Ng toujours aussi classe et qui réapplique à son rôle les modulations de voix utilisées pour son doublage dans la franchise des McDul et qui parle tant aux enfants. Dans le rôle des enfants Buzz Chung (Big Ears) et le chanteur en herbe Aarif Lee (Desmond) sont parfaitement craquants.
Au-delà du simple témoignage nostalgique d'un Hong Kong révolu (tous les aspects plus sociaux et polémiques comme la lutte des classes, la corruption des fonctionnaires, les problèmes d'acheminement d'eau et d'électricité sont à peine effleurés, du moins pas du tout approfondis pour préserver un aspect "propret" de divertissement familial), on retrouve pourtant la lutte à la préservation d'un certain héritage architectural, comme il l'avait déjà été le cas dans les films du début du millénaire comme dans "Golden Chicken", "My life as McDull" et comme il a été plus récemment évoqué par des réalisateurs comme Johnnie To ("Election 2", "Sparrow") ou Edmond Pang ("Dream Home"). Les nouvelles récentes spéculations immobilières, renforcées par la rétrocession à la Chine, ont entraîné une nouvelle gueguerre des constructions et nombreux sont les sites historiques à être balayés pour laisser place à des énormes immeubles laids et trop vite construits…
Pour la petite histoire, c'est également pour attirer l'attention à la disparition de tous ces sites, que Law a voulu son film – et il aura réussi au-delà de ses espérances, puisque suite à l'énorme succès populaire du film et – surtout – de son prix glané au Festival de Berlin en 2010, les autorités ont décidé à préserver le lieu de tournage principal du film, Wing Lee Street, qui avait été pourtant dit devoir disparaître à la fin du tournage.
Une grande victoire donc pour un petit film.