On connaît la chanson
A peine remis du succès (surprise) de son précédent "Tokyo Tower", le réalisateur Matsuoka Joji embraye déjà sur son projet suivant…et se met du côté sûr du business cinématographique actuel…sans aucun doute pour bâtir sur son capital sympathie auprès des gros producteurs…comment s'expliquer sinon son soudain enthousiasme pour – comme par hasard – un genre très en vogue actuellement, (ce que j'appelle) le "film choral", soit un scénario très basique construit autour d'une chorale. Si la France a connu son propre succès populaire des "Choristes" (et ses – heureusement – rares ersatz), le Japon aime à user un filon jusqu'à sa corde…Sortent donc quasiment main dans la main "Sing, salmon, sing" (un film pour grands-mères…et encore) et ce "Double Trouble" pour lequel Matsuoka a au moins le bon goût de demander les services de l'excellent conteur Rakugo Shinosuke Tatekawa. Réputé pour sa verve et son extraordinaire habilité à croquer le plus commun des mortels, le comique réussit effectivement à insuffler un soupçon de qualité dans l'histoire autrement classique…mais ne réussit finalement pas non plus à transcender le classicisme d'un genre fort limité. Soit donc une première partie pas trop mal, où le directeur culturel un brin paresseux est vraiment malmené par les deux chorales et ne sait plus où donner de la tête pour trouver une solution. Se rajoutent quelques problèmes personnels et une abracadabrante histoire de poisson rouge (qui réserve d'ailleurs le meilleur gag en toute fin). En revanche, du moment que la solution soit trouvée (soit au bout de malheureux 40 minutes de film), l'histoire emprunte donc les chemins balisés du genre et on a droit à foultitude de chansons certes parfaitement interprétées, mais en même temps le spectateur était peut-être plutôt venu pour voir un film, plutôt que d'assister à un concert. Sans évoquer la fin forcément positive, qui récompense un tout chacun pour célébrer la nouvelle année et satisfaire la ménagère de moins (?!!) de 50 ans, principale cible visée – peut-être non pas pour aller voir ce film en salle, mais au plus tard tranquillement chez soi sur le petit écran.
Et de regretter, ce qu'un SABU aurait pu faire avec une idée de départ similaire…
