People from down under
"Désir inassouvi" devait être le second film d'Imamura, qui s'est finalement vu imposé le tournage d'un véhicule pour la star Frank Nagai (La station de Ginza)avant de pouvoir s'atteler au tournage de ce film.
Sur un scénario de l'écrivain Toshiro Suzuki, IMAMURA donne les premiers signes embryonnaires des fondements même de ses futures oeuvres. En s'attachant à décrire la petite vie communautaire au sein du bidonville, il s'intéresse déjà à la basse classe sociale d'un Japon en pleine reconstruction. Ayant reconstruit leur propre petite microsociété des décombres de la guerre, ils ont su se relever tous seuls sans aucune aide gouvernementale.
A l'opposé, le petit groupe de "truands" est constitué de la conséquence directe de l'enrôlement militaire. La date symbolique (le jour de la défaite japonaise) de leur rendez-vous n'est bien évidemment pas un hasard et tous sont des âmes écorchés, qui ont eu beaucoup plus de mal à se remettre du conflit. Au lieu d'avoir su reconstruire leur vie, comme les habitants du bidonville, ils pensent la morphine comme le seul moyen de leur enrichissement.
Leur "chasse au trésor" permet à Imamura de révéler la véritable nature humaine (violente et cupide) et même déjà de les représenter sous forme "d'animaux" (en l'occurrence des taupes, "bouffant" littéralement la terre ou des cafards se réfugiant dans les fissures de la terre et n'apparaissant que la nuit tombée). Le réalisateur n' pas encore défini son propre style et sait moins bien contrôler ce qu'il cherche à exprimer que dans ses futures oeuvres.
De plus, il se sent "obligé" de surajouter une intrigue amoureuse secondaire, sans doute pour plaire à un plus large public - ou sur demande expresse de son studio; la manière de réaliser et de traiter cette sous intrigue laisse pourtant clairement paraître le peu d'intérêt qu'il accorde à cet aspect de son intrigue globale.
La fin est une merveille de réalisation, de suspense et de maîtrise technique et d'une ironie si typique des futures grandes oeuvres du génial cinéaste.