Les insipides
Pas tout à fait honteux, non. Maladroit, mou du genou et inutile, oui. Infernal Affairs est un bon polar ludique qu’il était clairement difficile - voire inepte ? - de décliner en remake. Cette nouvelle formule est plus longue. Redondante, elle explique trois ou quatre fois de suite aux non-comprenants les différents rebondissements là où la version de Lau et Mak faisait un minimum appel à l’intelligence du spectateur. Récurrence hollywoodienne. Tout est à ce point ultra balisé que Scorcese en arrive à sacrément valoriser le film HK original, qu’on n’avait pourtant pas encensé plus que ça chez nous, ainsi que le savoir faire des cantonais en matière de polar urbain. Il souligne leur capacité à gérer des tensions et un bon scénario en seulement 1h40 de métrage.
Pour s'amuser, on peut voir dans ces infiltrés un hommage au magnifique Les anges de la nuit de Phil Joanou et à sa trame identique de flic parti en sous-marin dans un gang d’irlandais. Il n'empêche que le « Gimme Shelter » des Stones y’en a un peu ma claque, la violence gratuite a ses limites et la vulgarité également. "Scorcizi" ou pas "Scorcizi".
Un grand réalisateur fait l'affaire
Il semble qu'il soit de bon ton, parmi les fans de cinéma asiatique, d'aimer Infernal Affairs et de dauber sur Les infiltrés. Je préfère pourtant nettement le deuxième au premier. Il faut évidemment reconnaitre à Infernal Affairs l'antériorité du scénario, seulement voilà : d'abord ce n'est pas si ébouriffant d'avoir inventé un film avec cette idée basique "flic inflitré chez les truands / truand infiltré chez les flics", surtout à Hong Kong ou tous les polars racontent peu ou prou que flics et truands c'est pareil. Ensuite Infernal Affairs démarre très mal et roule en zigzag, en voulant à tout prix plonger dans l'action avant même de présenter des personnages. Ni le chef du gang, ni les deux flics/ truands n'ont d'épaisseur, sans même parler des autres. Les Infiltrés prend les personnages d'Infernal Affairs mais les développe lentement, puis il rajoute un personnage de flic pur et solitaire, mais très énervé, le stupéfiant Dingam, et enfin il mixe les deux personnages féminins fadasses pour créer une belle psychologue à tendance schyzo. Le reste n'est que de l'ambiance et des détails, mais dans ces domaines, Scorsese est souverain : il nous dépeint la communauté irlandaise comme il a autrefois décrit les italiens, et il reprend d'Infernal Affairs de nombreux détails mais en les rendant plus riches ou plus crédibles. Il a aussi une heure de plus, certes, mais on n'est pas ennuyé une seconde.
Il prend des acteurs magnifiques. Nicholson est idéal en truand finissant tellement immonde qu'il nous ferait gerber, décidémment Scorsese est le meilleur inventeur de crapules sanguinaires, Di Caprio garde sa couronne de l'acteur américain le plus énergique et polyvalent de sa génération, Mark Wahlberg est méconnaissable mais garde son regard de fou, Matt Damon joue une partition subtile, carapace de froideur pour masquer la ruine de son personnage.
Enfin il y a la mise en scène. On peut préférer les petits effets série américaine années 90 d'Infernal Affairs, tartines de musique et ralentis à gogo. Ou la main d'un maitre derrière des plans aussi précis que modestes et l'art sans cesse renouvelé de Scorsese dans le montage, son mixage de la musique, d'une inventivité folle (grande découverte du punk irlandais au passage).
D'accord ce n'est pas Casino, ce ne sera peut être plus jamais Casino, reconnaissons le une bonne fois pour toutes. D'accord un grand maitre ça fatigue aussi, oui le dernier plan avec le rat sur la balustrade est faiblard, comme me le rappelait un pro Infernal Affairs pour jeter un dernier argument contre Les Infiltrés. Mais quand on regarde la concurrence, du côté des piliers du cinéma américain, à l'heure ou De Palma ne sait même plus filmer et en l'absence de Coppola, on constate que Scorsese, à l'instar de Spielberg, vient d'aligner trois films pas parfaits mais qui gardent la tête haute, des films à qui on demandait trop mais qu'il est impossible de ne pas admirer, Gangs of New York, Aviator et Les Infiltrés.
Si l'on ne doit pas oublier l'antériorité du scénario à Infernal Affairs, il est indéniable et définitif de clamer haut et fort, que Les Infiltrés est un époustouflant polar du maitre Scorsese. Au matériel d'origine hong-kongais, clipesque (ou telefilm c'est selon les goûts) qui brillait par l'ingéniosité de son histoire, la stylisation de sa réalisation et l'élégance de ses 2 acteurs principaux, "Les Infiltrés" est une plongée dans l'abime du crime et de la pègre, bien plus dure, puissante, aliénée et angoissante, sans concession, violente et brutale.
Mais le point fort du film hong-kongais est qu'il maintenait une frontière plus floue et ténue entre flics et gangsters, où la moralité se diluait dans cette guerre féroce entre 2 clans rivaux, où le concept de bons et truands n'était qu'une illusion, juste de l'honneur, de la loyauté et de la trahison.
Dans les Infiltrés, la frontière entre ces 2 mondes y est plus distincte et délimitée, et la parabole philosophique de la quête de rédemption chez l'Homme, y est moins présente tout le long du film... mais la dernière scène, en forme de retournement de situation, exclusive au film de Scorsese, livre une vision finalement plus subversive et nihiliste, de la nature humaine,
En revanche, là où les Infiltrés dépasse son modèle, c'est dans la précision de son scénario, de sa mise en scène réaliste et sobre, l'introspection et l'épaisseur psychologique de ses personnages, bien plus travaillés. Et un casting de très haute volée.
Là où Infernal Affairs était "juste" un bon film, ce qui n'enlève rien à son mérite, Scorsese l'a poli et retravaillé pour en restituer une "claque", incontestable et manifeste, du grand Cinéma, taille patron.
Inférieur à l'original.
Inférieur à l'original en tous points, le film reste plaisant à suivre néanmoins, et la vulgarité des dialogues est telle que ca en devient presque jouissif. De toute facon cela fait des années que Scorses ne propose plus de grands chefs d'oeuvres, on est loin d'un Casino par exemple.
Comme le kiss cool, le remake peut avoit deux effets
Soit on arrive à un film plus fun que l'original, soit à une vague parodie, à l'image de "vanilla sky", qui blablate plus pour un résultat moins efficace. Pour moi, "the departed" fait partie de la deuxième catégorie. Si le film avait été réalisé par un illustre inconnu ou un réalisateur de l'écurie Besson, il y a fort à parier que le tout aurait été lynché depuis belle lurette.
Alors qu'on a beaucoup reproché au film de Mak et Lau ses effets clippesques, Scorcese nous pond une réalisation encore plus proche de ce qu'on peut voir sur MTV, sans âme, sans rien avoir à raocnter ou à rajouter pour approfondir les thématiques de l'original. Une des scènes les plus représentatives de ce point de vue est celle où Di Caprio suit Damon dans une ruelle. D'une efficacité redoutable dans la version HK, on assiste ici à tout un tas de ralentis et d'effets de styles inutiles, qui plombent l'ensemble et rendent la scène ridicule.
De même, en voulant à tout prix rajouter du sang, pour donner des scènes chocs, l'ensemble devient trop conventionnel, trop classique, alors qu'infernal affairs sortait des sentiers battus par son traitement de la violence. S'appuyant sur des personnages forts aux relations complexes et un scénario bien construit, "IA" n'avait pas besoin d'hémoglobine pour nous maintenir en haleine. Cette débauche de peinture rouge dont nous afflige scorcese prouve son incapacité à rendre palpitant un thriller en se basant uniquement sur le suspense.
De même, l'ajout de personnages pour mener à une résolution finale aussi inutile que pathétique prouve que l'équipe n'a rien compris à ce qui rendait la fin de l'original si forte.
Côté casting, Matt Damon n'est clairement pas Andy Lau (même si c'est un acteur que j'apprécie) et Nicholson est ridicule. On a l'impression qu'il nous rejoue sa version (mauvaise) du joker dans le "batman" de Tim Burton. Seul Di Caprio s'en sort vraiment bien et vient relever le niveau.
Un casting d'une inconsistance effrayante, qui n'ajoute rien à l'original mais en retire la substance...
BadFellas
Première crainte non confirmée: Scorsese ne s'empare pas bêtement du matériel original pour en signer une plate conversion à l'américaine 1:1, mais se sert de l'intrigue pour la plaquer à son propre univers bien maîtrisé au fur et à mesure de sa filmographie. Il s'en dégage du coup un curieux sentiment pour tout fan du film original: celui de retrouver des petits bouts bien connus enveloppés dans une toute nouvelle enveloppe charnelle. Un peu comme si l'on se mettait à produire du dindonneau laqué ou de transférer l'esprit et la voix de Shu Qi dans le corps de Scarlett Johansson (je sais, je m'égare).
Ce curieux ressenti m'aura finalement pas fait accrocher plus que ça à cette version revue et corrigée: trop déçu de ne pas retrouver l'effet de surprise de la première version du vrai "Infernal Affairs" et celui d'être dérouté par l'univers habituel de Scorsese, qui sonne…ben, faux. Il n'aura jamais été aussi bon, que dans son étude de Goodfellas dans un pays étranger; mais en appliquant une couche orientale à la culture profondément celte, il y a un truc qui cloche.
Sinon, attention au véritable bolide de course: si "Infernal Affairs" avait déjà de quoi dérouter les non-habitués du film asiatique avec des bouilles interchangeables et une intrigue en dents de scie temporels, "The Departed" passe la seconde en traversant l'intrigue au véritable pas de course. C'est rapide et c'est nerveux, mais manque du souffle épique des vrais chef-d'œuvres de l'immense Marty.
Supérieur à l'original, mais un gros manque de tronches et figures Scorsesiennes...
Le voilà donc le remake de "l'excellent" thriller du "génial" Andrew Lau, mis en scène par le has-been hollywoodien de service, auteur de quelques bouses tout juste potables comme Raging Bull, Casino...
Trêve de plaisanterie, The Departed écrabouille le film de Lau sur toutes la ligne, au point de vue de la mise en scène, sachant allier thriller à tiroir et véritables films de gangsters avec une certaine maestria chère à l'auteur de Mean Streets.
La photographie est superbe et la distribution ultra tendance assure à quelques exceptions prêtes.
Di Caprio qui a perdu son allure pouponne de jouvenceau acnéen assure parfaitement dans un rôle de dur qui lui réussit parfaitement, à croire que quelques collaborations avec Marty auront apportées du poids à son jeu et l'auront changé physiquement. Il porte littéralement le film sur ses épaules.
Le reste de la distribution laisse plus à désirer, entre un Nicholson qui en fait cent fois trop "Hé Jack, t'es plus dans Les Sorcières d'Eastwick là !..."; un Matt Damon mono-expressif, et quelques ex-stars sur le retour, on est en droit d'apprécier la performance de Mark Wahlberg.
La mise en scène dynamique chère à Marty est toujours là, reconnaissable et unique dans son genre. On sent la patte Scorsese, seulement on a envie de lui dire de se lâcher plus, d'être moins retenu... mais mince, un gangster chez Scorsese ça fait pas dans la poésie généralement.
En fait tout était rassemblé pour nous sortir enfin le Big Comeback du grand Martin Scorsese, génie inconstesté et incontestable. Malgré tout ses atouts, sa mise au placard sans difficultés de l'original, son juste dosage des genres, The Departed n'est pas un grand film de gangsters, ça manque de tronches Scorsesienne, les explosions de violence d'un Joe Pesci, les Frank Vincent, Frank Sivero et autres vraies têtes de bandits italos-américains manquent sévèrement.
Vivement l'énigmatique "Frankie Machine" avec Bob De Niro, qui semble parler des déboires d'un ex-tueur de la maffia... Le grand comeback du film de gangsters Cagneyien...
SCORSESE a le mérite d'avoir transposé ça dans un univers différent,tout en restant cohérent avec l'original. Le film est sympa mais pas aussi classe (et beaucoup plus vulguaire) que Infernal affairs ou que les meilleurs SCORSESE (Casino en tête). Marty déçoit une fois encore parce qu'il a placélabarre tellement haute que ça devient dur d'assurer maintenant.
Meilleur que IA
La longueur du metrage de Scorcese permet au pitch de Lau et Mak de respirer de prendre de l'altitude. Le gros défaut de IA était son coté téléfilm trop vite expédié, mais ici pas de ca. Une bonne vieille réalisation bien solide à la sauce de tonton Marty et le film prend une ampleur largement supérieure. Les enjeux psychologiques sont bien mieux traités, le jeu de manipulation et de provocation également. La violence y est traité de façon bien moins gentillette et envoie quelques bons crochets dans la face du spectateur.
Seul défaut du film: Matt Damon. Il ne s'agit pas tant de Nicholson, qui fait du Nicholson, donc, qui surjoue comme peté. Di Caprio est excellent et confirme tout le bien que je pensais déjà de lui. Wahlberg se lache et est bien ordurier, pourquoi pas? Papy Sheen assure comme d'habitude et on ne voit pas trop Alec Baldwin. Mais Matt Damon, lui,... c'est autre chose... oulalala mes amis. S'il y a un truc que je regrette de IA (et Dieu sait que je m'attendais pas à dire ca un jour), c'est bien Andy Lau. Une tranche de paté de foie aurait aussi bien fait l'affaire... Mais bon, il n'arrive quand même pas à gacher le plaisir simple d'un bon petit polar scorcesien, sec, dur et parfaitement troussé. Rien à redire, en fait de polar, les US en ont encore sous le coude. HK? pas si sur.
Un sacré polar à défaut d'être l'un des meilleurs Scorsese
Scorsese est un inépuisable. Si
Casino, sorti en 95, demeure son dernier véritable chef-d'œuvre à ce jour, de ceux que l'on classe automatiquement parmi les
Taxi Driver,
Goodfellas,
New York, New York,
Raging Bull et autre remake de
Cape Fear, le cinéaste n'a pas eu pour autant les mains dans ses poches durant les dernières années de son parcours et
The Aviator ainsi que cet excellent
The Departed sont là pour le témoigner. Mister Scorsese a eu la bonne idée de ne pas visionner le matériau d'origine et de se contenter d'apprivoiser uniquement le script d'
Infernal Affairs, ce qui crée un fossé très intéressant entre son film et celui du tandem Mak / Lau, leurs approches visuelles et narratives, leurs styles respectifs. Verdict: pas la moindre influence résulte de ce remake,
The Departed emprunte une trajectoire entièrement personnelle, et c'est tant mieux. Tout d'abord, là où Alan Mak et Andrew Lau optaient pour une sophistication formelle extrême, Scorsese ne déroge pas à ses habitudes en nous livrant une mise en scène brute et sans fioritures, mais techniquement irréprochable. L'on remplace ensuite la bande-son moderne d'
Infernal Affairs par une multitude de vieux hits pop/rock chers à Scorsese. Au niveau de l'interprétation, la durée importante du métrage permet une plus grande étoffe des personnages, peut-être trop par moments. Quelques longueurs se font tangibles dans la première partie, mais comment se plaindre avec une direction d'acteurs aussi maîtrisée ? Mark Wahlberg n'a jamais aussi bien joué dans ce rôle de flic viril et arrogant, à l'insulte facile, malheureusement secondaire dans l'histoire. Quant à Matt Damon, la sobriété lui convient toujours très bien. On pourra reprocher à DiCaprio et Nicholson de cabotiner parfois jusqu'à plus soif mais on les sent eux aussi sacrément impliqués dans leurs personnages respectifs. Martin Sheen et Alec Baldwin endossent à la perfection les costards de supérieurs hiérarchiques, quant à Vera Farminga, elle supplante même de loin la psychologue apathique jouée par Kelly Chen dans
Infernal Affairs. À noter également que la violence est ici nettement plus accentuée, atteignant son comble lors d'un jeu de massacre final impressionnant. Mais tous ces bons points n'enterrent guère le bébé de Mak / Lau pour autant. On conservera toujours un faible pour la finesse, l'élégance et le raffinement esthétique du polar hongkongais d'origine, qui ne souffre d'ailleurs pas de ses revisionnages, tant le plaisir persiste. Aller jusqu'à qualifier
Infernal Affairs de cinématographiquement plat – malgré les influences US à foison, malgré l'aspect clinquant de la chose – relève de la boutade absurde, les deux œuvres portant tout simplement pour chacune la griffe de son auteur, et ce sans avoir besoin de rougir l'une face à l'autre. Ne se contentant pas de figurer comme un brillant remake d'un blockbuster HK déjà culte,
The Departed redonne par la même occasion un bon gros coup de fouet au polar hollywoodien, qui était depuis belle lurette tombé dans les mailles de l'aseptisation et de l'indolence. Scorsese signe un film sec, ultra-violent et très abouti, d'une grande densité narrative, doté d'une distribution en béton et d'un scénario intelligemment détourné. Que demande le peuple ?
Lau vs Scorsese ?
The departed est très largement supérieur à Infernal affairs. Le critique de Télérama écrit que le fait que ce soit un remake importe peu, et c'est absolument juste. Le scénario, les personnages et quelques scènes sont repris, oui, mais la narration, la direction d'acteurs, la psychologie et la mise en scène sont à mille lieux du film de Lau, qui, s'il reste détenteur du scénario original, est cinématographiquement plat.
Si The departed est moins bon que Casino par exemple, il n'en reste pas moins un des meilleurs films sortis récemment, avec une mise en scène et des dialogues excellents qui mettent en lumière la fadeur d'IA (à scénario égal bien sûr). S'il s'agit bien d'un remake, la ressemblance avec l'original s'arrête sur ce point, et c'est ce que l'on attendait tous, que l'on aime ou pas Infernal affairs.
PS : si je critique IA, c'est que je viens de le revoir au cinéma et qu'il m'est apparu encore plus mauvais, même s'il est sorti avant The departed !
HK 1 / USA 0
Plat, ennuyeux, vulgaire et parfois pénible. Scorsese est toujours aussi mauvais tout en prouvant malgré lui qu'Andrew Lau est décidement meilleur qu'on ne le croit. Oubliez le glamour, oubliez les flics sexy, oubliez l'intensité émotionelle et graphique, oubliez l'intrigue tortueuse, oubliez tout, mais surtout pas Andrew Lau.