Ordell Robbie | 3 | Irresponsable et formellement rigoureux. |
Junta | 3.75 | Vous avez dit exploitation ? Bis repetita… |
El Topo | 3.25 | Le meilleur film de torture d'Ishii Teruo |
A l’image de L' Enfer des Tortures, 1er segment de la trilogie autour de la torture de ISHII Teruo, on pourrait décrire ce film comme un long métrage de torture japonais poétique et onirique.
Dans ce film à sketchs le côté onirique ressort plus que dans l’Enfer des Tortures, certaines scènes sont très belles et colorées. Ce qui fait la force de cet opus, c’est un second degrés (pour le public occidental) très présent qui permet au film de garder son rythme car niveau torture c’est assez léger. Même si on assiste à un avortement à coup de caillasse ou encore une césarienne au couteau, le côté gore est relativement léger ; par contre certaines séquences comme cette attaque de nains violeurs ( ??!!) ou la découverte de la maladie nommée « sadisme » grâce à des ouvrages hollandais sont particulièrement drôles. Comme autre scène bien bis on peut citer le lâchage de taureaux dans une cour de courtisanes vêtues de rouge, 2 solutions s’offrent alors à elles : soit elles crèvent soit elles se mettent à poil :-) ; ou encore cette scène où « l’héroïne » veut avoir une expérience sexuelle avec un africain, l’accomplissement de ce souhait donnera alors lieu à une scène surréaliste où la morale y est plus que douteuse (l’Africain est considéré comme un « objet » monstrueux au même titre que les nains ou les grands brûlés…).
Le lien commun entre les différents sketchs est un médecin au regard concerné assez amusant de par son sérieux à toute épreuve, d’ailleurs il est à l’image du reste du casting, c’est à dire pas très bon mais impliqué, c’est bien ça le plus important dans un film d’exploitation.
Pour l’onirisme la séquence qui me vient en 1er à l’esprit est celle où ce couple coure au milieu de draps multicolores présents au sol comme dans les airs, c’est très beau et cela nous transporte complètement.
Les 2 petits bémols d’Orgie Sadique de l’Ere Edo sont le rythme, il arrive qu’il y ait des petits creux, et le fait que chaque segment se termine de façon « morale », mais bon, ce ne sont que des broutilles…
Nombreux sont les cinéastes nippons (notamment de la Nouvelle Vague) qui critiquèrent et firent la satire de la corruption idéologique et psychologique des Japonais consécutive au miracle économique. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Ishii Teruo rejoint leurs rangs avec ce film qui est probablement le meilleur de la série des Joy of Torture. Comme tous les autres, il situe son action dans l'ere Edo et plus précisément à l'époque Genroku, période de grande prosperité économique. Dans l'ouverture et la conclusion du film, Ishii Teruo nous dit que ces années furent aussi celle d'un « mal de l'âme » qui vient, selon lui, expliquer les déluges de sadisme et de masochisme dont il fait la chair de ses personnages. Jusque là on pourrait s'interroger sur le rapport avec un propos sur l'époque contemporaine du film mais ce serait ignorer que les historiens, voyant de nombreuses similitudes entre ces temps de richesse et d'opulence soudaine et le Japon post-miracle économique appelleront à terme ce dernier la décennie « Showa-Genroku ». Dès lors on comprend le parallèle évident qu'Ishii a tenté de dresser, et la critique qu'il entend jeter à la face de ses contemporains en portant un regard sur le passé. Si les visées sont autres que celle des cinéastes plutôt gauchistes de la Nouvelle Vague, le constat est plus ou moins le même.
Mais Orgies Sadiques de l'Ere Edo est avant tout tout un film d'exploitation et en l'espèce, il est particulièrement réussi. Mille et une outrances sont mises au services des exigences du genre et les trois sketchs se succèdent avec pour ligne de continuité un déluge de perversions sadiques en tout genre. Sommet s'il n'en est qu'un, la « césarienne » pratiquée de force sur la grossesse en carton pâte d'une courtisane par celui qui est son père et son amant, avant que bourreaux (car il n'y en a jamais qu'un) et victimes ne soient emportés dans un spectaculaire incendie qui vient purifier tout ce petit monde pourri jusqu'à la moelle.
Et si les deux premiers sketchs déçoivent un peu comme dans Femmes Criminelles (mais dans une moindre mesure), on est là face à un film d'une toute autre allure. Orgies Sadiques de l'Ere Edo est non seulement bien mieux mis en scène et plus riche esthétiquement, mais c'est aussi une véritable mine de morceaux de bravoure du calibre de celui décrit plus haut. Lâcher de taureaux sur un troupeau de geishas, viol nocturne par des nains d'une femme ne goûtant que le contact d'êtres anormaux, courtisane peinte en or...etc. Rarement un film de tortures d'Ishii Teruo se sera révélé aussi riche en la matière et il y a matière à s'en réjouir.