Une enquête passionnante
Le cas du cinéaste d’épouvante Shiraishi Koji est particulier. Il est le cinéaste de l’entre-deux, c'est-à-dire qu’entre deux trous noirs il y a comme un semblant de faisceau de lumière. Entre les Ju-Rei et le Grotesque, avec ou sans majuscule, on trouve pourtant deux belles malédictions : celle d’une femme adepte du coup de ciseau et ce qui nous intéresse aujourd’hui, Noroi, un esprit ancestral qui n’est pas tout à fait calmé.
Travaillé comme un reportage, Shiraishi Koji nous convie à suivre l’enquête du spécialiste en paranormal Kobayashi Masafumi sur toute une série d’évènements étranges. Accompagné de son caméraman, il parcourt villes et villages dans l’optique de trouver des réponses au paranormal. Plusieurs cas s’offrent à lui : une jeune femme qui se plaint d’étranges bruits provenant vraisemblablement de chez sa voisine, Kana une enfant aux pouvoirs de psychokinèse, Marika capable de ressentir la présence d’esprits jusqu’au malaise, ou encore Hori, personnage dérangé capable quant à lui de ressentir le mal. Au départ sans lien direct, le spécialiste décide de mener son enquête auprès de divers spécialistes, proches et voisins des personnes directement concernées, ce qui le mènera à une étrange découverte, celle d’un ancien rituel d’un village rural appelé « Kagutaba».
Et la peur au cinéma, ça s’invente. Tous les moyens sont d’ailleurs bons pour produire le petit effet qui nous fera sauter du siège, ou dans le pire des cas, nous y cloitrer. Car il faut bien dire que Shiraishi Koji sait ménager un suspense remarquable afin que chaque nouvelle révélation prenne une tournure effrayante, tout en déblayant le terrain histoire de s’y retrouver. Malgré son accumulation de témoignages, de nouvelles pistes et de nouveaux personnages, Noroi sait prendre son temps tout en restant passionnant. Plongé dans cette véritable enquête policière sur le paranormal, on suit sans sourciller les moindres mouvements de Kobayashi, lui-même souvent interloqué par ce qu’il voit. Merci au naturel des acteurs, très convaincants, malgré la tendance au cabotinage de l’illuminé, mais en même temps, son personnage doit l’être.
Superbe film d’hallucinations et d’images fortes, Noroi peut paraître repoussant au premier abord : image au caméscope, sens de la mise en scène épousant la plupart du temps les standards des reportages télé. Mais la peur doit être suggérée par tous les moyens, tous les supports, et Shiraishi Koji s’en sort à merveille. Ambiance sonore sourde, montage réduit à sa plus simple expression (comprenons par là, un enchainement de rushes dans un ordre quasi chronologique) mais vraie légende assez crédible malgré des explications un peu confuses en fin de métrage. La montée en tension du film, palpable, aboutie à une excursion en montagne doublée de plusieurs climax proprement terrifiants, faisant passer celui du Projet Blair Witch comme une berceuse étoilée. Le cinéaste confirmera son joli talent d’artisan de la peur par la suite.
Beaucoup de bruits pour rien
Partant d'un concept plutôt interessant (même s'il se rapproche assez clairement de Blair Witch), ce faux documentaire ne decolle malheureusement jamais. En effet, ça crie, ça court, ça bouge mais au final.... rien. Nada. Du faux suspence en permanence. Et ça dure 2 heures.
Soyons clair, ce n'est pas en faisant bouger systematiquement une caméra DV que l'on obtient l'effet documentaire (c'est devenu une mode ces derniers temps). En plus, la façon dont le film est monté peut être déstabilisant. C' est une véritable punition pour le spectateur vu qu'il ne s'agit là que d'une succession de "rushes". On se retrouve donc avec beaucoup de jump cut, d'ellipses, de flash back et bien entendu de faux raccords. La totale. Je n'ai rien contre le procédé mais je trouve que ça ne marche pas dans le film.
Bizarrement, le côté voyeur du journaliste à vouloir tout filmer m'a un peu agacé. D'ailleurs il ne lâche quasiment jamais sa caméra. Même dans des situations incongrues où le premier reflexe serait de lâcher la caméra afin de pouvoir réagir (je pense notamment à la fin). Sans parler du medium (recouvert d'alluminium et totalement allumé) qui est absolument insuportable.
Un film qui se veut malin à embrouiller les pistes pour finalement que dalle. Tout ça pour ça en 2 heures ? Même pas peur.
Bref pour résumé, une belle anarque en perspective.
The Woods
Dans la droite lignée du "Blairwitch Project", un panneau introductif prétend que le film a été monté d'après les bandes vidéo d'un journaliste disparu dans d'étranges circonstances, alors qu'il enquêtait sur une série de phénomènes paranormaux. Une fois habitué à la grossière image, le spectateur est vite happé par la dense intrigue. Habile mélange d'images vidéo brutes et d'extraits d'émissions de télévision, des événements semblant sans lien finissent par converger en une révélation terrifiante ayant fait hurler la salle d'effroi. Le réalisateur Koji Shiraishi prouve, qu'il suffit juste d'une bonne idée pour convaincre.