Du western soja de bonne facture.
Tout le monde n'est pas Tonino Valerii, Corbucci ou même encore Leone. Il faut dire que peu ont eu le courage de se lancer dans le western soja. Les années 70 ont sonné la fin du western italien avec autant d'arnaques pas possibles (la série des Trinita) que de véritables chefs d'oeuvres dans le style de Il était une fois la révolution (l'un des meilleurs western Zapata, si ce n'est le plus grand au monde) signé Leone ou encore Mon nom est personne de Valerii, co-réalisé par Leone. Les grandes figures du western se mirent alors à disparaître, aussi bien dans la réalité que dans la fiction. La scène finale de Mon nom est personne proposait déjà la fin d'un genre (avec la mort de Beauregard, métaphore de la fin du western). Leone avait créée le genre en 65 pour y mettre fin à son tour en 73, quoi de plus normal à vrai dire, la boucle est bouclée. Mais finalement, c'est sans compter sur l'arrivée de petites productions bis, toutes de commande évidemment, destinées à surfer sur les genres à succès et à mettre en avant certaines stars sur le déclin (le grand Lee Van Cliff).
On est en 1975 dans la plus grande époque de la Shawbrothers, Margheriti a du flaire et se dit qu'il serait peut être bon d'aller chercher la star Chinoise locale et de l'amener en Europe pour la faire évoluer dans un genre inédit, le mélange du western (avec tous les codes du genre) et du Kung-fu (idem), sorte de pari à gros risque dans une optique de faire renaître le western italien. Le succès ne sera pas au rendez-vous mais qu'importe, il est assez rare de voir évoluer le concurrent de Bruce Lee à cette époque, Lo Lieh, dans un paysage d'Ouest simulé (les western italiens étant tournés majoritairement à Almeria) et surtout de le mettre aux cotés d'une "gueule" qu'est Lee Van Cliff. Rien que pour ça, pour ce pari osé, La brute le colt et le karaté mérite que l'on s'y attarde. Bien sûr, on est loin du côté presque Shakespearien d'un Leone ou du nihilisme et de la violence pure d'un Corbucci (Le grand silence, modèle du genre), mais l'ensemble se suit avec un tel plaisir que l'on finit par passer outre les énormes facilités de l'oeuvre.
En fin de compte, La brute, le colt et le karaté (co-produit par la Shaw) est une comédie, mais pas aussi grasse que le genre Trinita. Une comédie d'une grande simplicité, habitée par une ambiance frou-frou et par un duo de qualité : Lo Lieh et Lee Van Cliff, amusants dans leur complémentarité bien que tout les opposent. Lo Lieh représente le cliché du petit mec agile, plus intelligent que l'on ne croit (et au diable cette regrettable image), alors que Cliff quant à lui respire la maturité et la sagesse. N'ayez pas peur, personne ne sera gravement blessée tant l'oeuvre de Margheriti se distingue par sa bonne humeur d'ensemble (à des années lumières des morbides Si sei vivo spara (Giulio Questi) et Tempo di massacro (ici, signé Lucio Fulci) et son approche très politiquement correct du genre qu'il ne faut surtout pas froisser, tant le western marqua au fer rouge l'industrie du cinéma italien.
Quand on regarde La brute, le colt et le karaté il faut mettre de côté les anthologiques films de Leone, bien évidemment infiniment supérieurs aussi bien dans la fond que la forme (qui a fait mieux? Corbucci? Non.) et savourer pleinement ce petit film mélangeant à la fois traditions Chinoises (les séquences en Chine sont d'une grande puissance lyrique) et western italien de commande. Rien de révolutionnaire, juste une petite comédie louable qu'il faut voir par curiosité.
Grosse déception pour un film qui promettait tant.
Lee Van Cleef et Lo Lieh réunis pour un western spaghetti produit en partie par la Shaw, avec Antonio Margheriti, honnête artisan (comme dirait... ;) à la réalisation. Autant dire que le tout promettait et pourtant, que nenni. Film ultra lourd englué dans ses objectifs de bénéfices rapides, qui danse d'un pied sur l'autre et mélange braqueurs de banques penauds et combattant chinois manifestement altéré par le décalage horaire. L'ensemble est surtout terriblement lent et poussif avec un Lo Lieh carrément à l'Est, un Lee Van Cleef en vacances et une tonne de dialogues vaporeux. Difficile de tenir jusqu'au bout.