A l'instar de A War Named Desire(sorti la même année d'ailleurs), The Blood Rules reprend une trame archi-usée et mille fois vue mais se distingue de la masse de par son ambition malgré un faible budget. Avec ce film, c'est comme si Marco Mak nous présentait sa carte de visite, une certaine démonstration de son talent via un genre complètement tombé en désuétude. On note déjà la qualité des relations entre les personnages qui s'est considérablement étoffé depuis "l'âge d'or" du ciné HK: les héros ont une une vie privée, des sentiments et des besoins plus proches de la réalité(l'amour n'est plus platonique comme dans les Woo, ici le sexe entre aussi en ligne de compte). C'est d'ailleurs assez bien de retrouver Lam Suet dans un rôle plus dramatique que d'habitude et Michaël Wong trouve ici l'un de ses meilleurs rôles.
Mais Marco Mak ne laisse pas de côté l'aspect "Hero" du film avec une Suki (ou Shooky, comme on veut) Kwan qui crève l'écran et redonne ses lettres de noblesse au genre "girls&guns". Par ailleurs, les scènes d'action sont très bien découpées et poussent à l'extrême l'émotion à ces moments du récit. Aussi, Marco Mak pose un certain regard critique sur le genre via le personnage d'un flic qui est quelque peu l'observateur et le témoin de cette violente tragédie. Et surtout, le film ne serait rien sans cette ambiance assez unique que délivre la musique et les effets de style jamais inutiles et très efficaces de la réalisation. Amateurs de série B de haute qualité, The Blood Rules est fait pour vous.
Il est évident que ce n'est pas du côté du scénario qu'on va trouver l'originalité du film. En fait il est très difficile de chercher de l'originalité dans le film, mais c'est aussi ce qui fait son charme. Cela "reste" un bon vieux hero-movie à la HKgaise, comme on les a aimés et comme on les aime encore.
Bien sûr, la réalisation de Marco Mak est plus moderne qu'un film du même genre des années 80. Marco a bien retenu la leçon de ses maîtres (le papa John surtout), et utilise assez bien ses ralentis et la musique. Bien sûr, ce n'est pas chef d'oeuvre-issime, mais du bon travail. L'art du ralenti est assez difficile il faut dire. Certains plans passent moins bien que d'autres, mais dans l'ensemble la réalisation est bonne. Les gunfights sont lisibles et plaisants à voir, les scènes plus calmes sont classiques.
Autre point positif, l'interprétation. Michael Wong est plutôt convainquant en chef de file (il est assez expérimenté pour faire le chef de file il faut dire...), même si pour une fois il franchit la barrière et passe du côté de la pègre. Le bon vieux Lam Suet continue son petit bonhomme de chemin et livre une nouvelle interprétation très solide. Quant à Shooky Kwan, elle laisse également une bonne impression.
Quant à ce scénario, que tous les fans connaissent évidemment, il récite sa gamme sans trembler : amitié, règles, trahison, vengeance, etc... Seule petite différence, ici les liens entre les personnages du groupe qui va souffrir (hero movie = souffrance, rappelons-le) sont ouvertement amoureux au lieu d'être purement amicaux. Les femmes n'ont souvent pas beaucoup de place dans les heros movie, sauf pour faire les compagnes éplorées (Le Syndicat du Crime pour n'en citer qu'un...) ou les garces causes de tous les maux ( Cheap Killers pour prendre une extrême). Normalement les heros sont des hommes pour qui l'amitié et le code d'honneur sont tout. Bien sûr, certains évoqueront les relations tendancieuses de certains films (Better Tomorrow again, Cheap Killers forever...), mais ici c'est bien la première fois à ma connaissance que des liens de ce type affectent le groupe. Ces liens complètent bien ceux plus classiques d'honneur/amitié/respect pour donner de l'émotion aux scènes d'action, force principale du hero movie.
Enfin, soulignons aussi le bon rythme tenu par le film, puisqu'après un début un poil lent passé la première fusillade, la fin du film passe à bonne allure. Tout ceci concourt à faire de The Blood Rules un bon hero-movie qui nous rappelle le bon vieux temps, ce qui est déjà pas mal en cette période d'Hollywoodisation du cinéma de Hong-Kong. Bien sûr, Marco Mak débute et ne maîtrise pas complètement sa réalisation et le scénario comporte aussi des faiblesses. Mais globalement c'est un bon début pour ce réalisateur qui progresse régulièrement depuis.
Ne vous fiez pas à la pochette tape à l’œil, elle n’est pas très belle (voir vraiment moche) mais le film est réellement bon. Le scénario n’est pas très original, une dernière mission qui se passe mal, cependant certains rebondissements et la qualité de la réalisation font que ce film est une excellente surprise.
Le casting dans l’ensemble a le ton juste. Michael WONG Man-Tak en chef de bande est pas mal ; je ne connaissais pas l'héroine , elle n’est pas une grande actrice mais ça suffit ici et LAM Suet en gangster, on est habitué et ça lui va comme un gant. Les acteurs ne sur-jouent pas et n’en font pas des tonnes (bien que certaines scènes s’y risquaient), ce qui est le plus important dans ce genre de production. Ici le flic est du genre décontracté, il allége certaines scènes et apporte une petite touche d'humour.
La musique est belle, elle a des tonalités asiatiques du meilleur effet. Par moment discrète, elle sait se faire entendre lors des moments opportuns. La réalisation est intéressante, Marco MAK Chi-Sin utilise quelques effets visuels stylés qui passent très bien car il n’en abuse jamais. Au début, il se sert beaucoup du ralenti ; lors de certains gunfights il utilise un accéléré/ralenti/accéléré ; une balle traverse un aquarium en tuant un poisson avant de toucher sa cible, … tous ces petits effets sont les bienvenus. L’ambiance générale est assez sombre. La lumière est belle, les séquences en présence des aquariums sont revêtues d’un bleu assez joli.
L’histoire mélange du polar avec des gunfights et des scènes de romance avec différentes relations : Wong est marié et il aime sa femme (ce qui ne l’empêche pas de coucher avec une inconnue dans les toilettes avant une mission, ça le délasse…), sa coéquipière est amoureuse de lui et Lam Suet est amoureux d’elle. Enfin, le quatrième du groupe se fait mener par le bout du nez par sa petite copine qui est un tantinet matérialiste. Cette partie mélo permet comme souvent dans ce genre de production d’apporter de l’épaisseur au scénario, malheureusement certains de ces passages traînent un peu trop en longueur et les acteurs n’étant pas des « grands » du cinéma local, on n’accroche pas toujours.
Au final, on peut dire que Marco Mak signe un bon polar, avec de bonnes intentions aussi bien scénaristiques que visuelles. Mais les parties mélo qui devaient renforcer les fondations plutôt bonnes agissent de façon inverse. Mak qui a encore peu de réalisation à son actif peut devenir un bon réalisateur, attendons les confirmations car tellement d’autres avant lui avaient fait des films prometteurs….
Ce premier film n'invente rien mais comment le lui reprocher quand le ciné hk est un cinéma de recycleurs. Contrairement aux cinéastes dont il a été le monteur (excellent), Marco Mak n'a pas inventé la poudre mais sait parfois la faire parler. Et cela suffit pour en faire un cinéaste à suivre vu la situation du ciné hk.
Commençons par les points positifs et surtout le point positif: les gunfights. Blood rules filme de façon très hachée des gunfights avec un nombre conséquent de figurants (10 à 15 soit beaucoup plus que dans the Mission) ce qui fait qu'on ne sait jamais d'où va surgir le prochaine balle. Ils sont dynamités par de belles idées: le mitraillage de l'aquarium, l'heroine se dressant en obstacle aux balles, les trous dans le mur (déjà vu dans Longest Nite), gunfight avec uniquement de la musique (Volte/Face). Au positif, on a aussi quelques belles idées: les diamants planqués dans la @!#$ d'un voyou, le plan de l'aquarium symbolisant la confusion mentale des personnages, le don de sang de wong à son acolyte. Le reste est une compil correcte de 20 ans de polar hk: honneur, fidélité, trahision, gangsters frimeurs à la Jiang Hu, le flic qui connait bien le voyou, le vieux parrain qui controle tout à la longest nite, violence à la Milkyway des débuts. La mise en scène n'est pourtant pas exemptes d'erreurs de jeunesse: quelques accélérations tape à l'oeil inutiles, un abus du ralenti wooien, scènes d'intimité abusant aussi du ralenti. Enfin, l'histoire d'amour entre wong et son acolyte est d'une énorme mièvrerie et le film convainc beaucoup plus quand il revient sur les rails du polar. Espérons que Mak confirme mieux que d'autres espoirs du ciné hk.