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Breaking News

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les avis de Cinemasie

17 critiques: 3.32/5

vos avis

79 critiques: 3.51/5



jeffy 4.25 Signé Johnnie To
Elise 4 Tres bon polar
Tony Wong 4
Archibald 4 Quand, au milieu d'un champ de bataille, les Médias deviennent une arme
François 3.75 Excellent film policier, moderne dans le fond comme dans la forme
Alain 3.75
Vivivivi 3.5
Anel 3.5
Arno Ching-wan 3.5 To's pirouettes (cacahuètes). Trop salé?
Ordell Robbie 3.25 (Assez) Grand Spectacle
drélium 3.25 Pas de quoi fouetter un Michael Mann
Astec 3.25 Ciné TV réalité
MLF 3
Xavier Chanoine 2.75 Johnnie To, ou le fils spirituel de Luc Besson.
Sonatine 2.75 Des scènes spectaculaires, un fond original mais des faiblesses scénaristiques.
Ghost Dog 2.5 Toujours pas la joie
Aurélien 1.5 Un film qui peine à se démarquer.
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Signé Johnnie To

Sans être colossal, Breaking News est un film efficace quant à son scénario et surtout magnifiquement mis en image par M. "le maître" Johnnie To, le plan séquence d'ouverture bien sur, mais même les scènes de transition prennent une autre dimension avec lui, regardez le travelling sur la voiture où Nick Cheung et Hui Siu-Hong prennent leur déjeuner, ca c'est du cinéma! L'histoire aussi est bien amenée, la montée en puissance des personnages de bad guys est vraiment l'élément clef de l'histoire, avec notamment un Richie Ren impécable. Kelly Chen et Nick Cheung semblent un peu en deça, sans que ça nuise gravement à l'histoire étant donné leurs personnages, ou peut être devrais je plutôt dire à cause de leur personnages ils sont un peu en deça. Le tout est agrémenté de guns fights assez classiques, même si on a l'impression que les flics devraient apprendre à mieux viser. Et le combat médiatique qui se superpose aux combats armés est un élément scénaristique bien exploité. A voir donc, avant tout pour la maîtrise de Johnnie To mais aussi pour l'histoire qui est plutôt originale.

06 août 2004
par jeffy




Tres bon polar

Tout d'abord le film commence par un plan-séquence de 8 min assez impressionant qui plante bien le contexte du film, à cela viennent s'ajouter ensuite l'intrigue vis à vis des média et l'utilisation psychologique des nouveaux moyens technologiques (internet, téléphones,...) et donc une bataille acharnée entre une centaine de policiers et quelques bandits assiégés dans un immeuble. Le scénario est très bien monté et l'intrigue très moderne est un bon sujet pour ce nouveau polar. Les deux acteurs principaux sont très convaincant mais il est à regretter que Kelly Chen soit complètement vide de caractère et joue exactement pareil que dans Infernal Affairs ou encore Tokyo Raiders. En gros elle joue mal. Enfin malgré elle, on assiste à un très bon polar, inventif et bien interprété par le duo principal.

28 juillet 2004
par Elise




Quand, au milieu d'un champ de bataille, les Médias deviennent une arme

Richie Ren & Kelly ChenJohnnie To Kei-Fung fut apellé pour présenter son Breaking News à Cannes 2004 (hors-compétition toutefois) et je trouve que c'est bien mérité. En effet pour une bonne majorité des gens ici en Occident, il y a une vraie confusion entre cinéma chinois et cinéma hong-kongais alors que chacun a son propre histoire, ses propre codes, jusqu'à sa propre langue et pourtant tout le monde prend Wong Kar-Wai pour un chinois, une opinion qui fausse tout jugement tant les deux sont éloignés et qui méne beaucoup à penser que de Hong-Kong ne sort que deux genres de films : les films d'auteurs et les films de kung-fu. Si il est vrai que ces derniers occupent une place prépondérante dans l'industrie hong-kongaise, Wong Kar-Wai par contre, est premièrement le seul réalisateur (hormis Ann Hui On-Wah et quelques autres) made in HK à avoir eu une carrière de films dit d'auteurs (terme qui, entre nous ne veut pas dire grand chose). Deuxièmement, le talent indiscutable de WKW semble s'être considérablement tarie (il n'est pas le seul...) depuis son internationalisation (ceci est mon avis personnel, bien entendu). Mais pourquoi parle-je de Wong Kar-Wai dans une critique d'un film de Johnnie To, me direz-vous ? Et bien tout simplement parce qu'entre une poignée de films "d'auteurs" et une profusion de wu xia pan parfois moyens, il existe à Hong-Kong des films comme ceux de Johnnie To.

Premièrement, To est l'inclassable par excellence, certains en arriveraient presque à lui en vouloir de ne rentrer sagement dans aucune case, il aborde tous les genre et tous les thèmes comédies, romances, polars noirs, films hybrides mais aussi buddhisme, judo, triades, vie de bureau, etc... Les thèmes qu'il traite et les approches visuelles qu'il met en place sont aussi variés que les genres au cinéma. Certains l'ont pris pour le nouveau John Woo...c'est aussi vrai que de le comparer au frères Hui. Arretons les étiquettes, il n'est le nouveau personne, il est lui-même avec ce qu'il apporte de déja vu mais aussi et surtout d'inédit. Et deuxièmement, la croissante attraction que certains ont pour ses oeuvres ici en Occident ne semble pas avoir eu d'effets sur sa manière de travailler ce qui n'est pas le cas de beaucoup.L'humiliation publique d'un policier, la cause de la guerre médiatique. Bien que Johnnie To n'affectionne aucun genre en particulier, on peut quand même dégager trois tendances : 1°) les comédies romantiques (Needing You, Love On A Diet) ; 2°) les films hybrides melant thèmes et atmosphères (Running On Karma, Throwdown) et 3°) les polars alternant léthargie et nervosité, aux plans nocturnes des rues désertes, véritable marque de fabrique de la Milkyway Image. Breaking News rentre plutôt dans cette catégorie. Mais exit les nuits figées "à la To", l'histoire se déroule en une seule journée, mais l'apparent flottement entre deux scènes plus percutantes n'est pas sans rapeller les Running Out Of Time et autres The Mission, sauf qu'ici tout est dans l'instant. Le film débute sur la bande de Richie Ren Xian-Qi prête à sévir dés le matin pour s'achever en fin de journée non loin de là. En plus d'autres effets très bien utilisés, le côté "télé-réalité" du film est considérablement renforcé par une telle construction temporelle, mais aussi construction spatiale car les deux tiers du film se déroulent en huis clos.

Pour pitcher rapidement, une bande de braqueurs mandarins se font débusquer par des flics et s'engagent dans une bataille rangé contre eux. Seulement le côté gangster/flics se décrepit un peu et To a une formidable manière de chambouler tout cela en insérant une tierce entité, un troisième pouvoir : les médias. Car lorsque Richie Ren abat un policier devant des caméras là par hasard, la donne change pour les flics comme pour ceux qu'ils traquent et leur affrontement prend tout d'un coup une autre dimension, une dimension médiatique. En effet, de peur de dégager une image de vaincus, le chef de la police Simon Yam Tat-Wah confie à Kelly Chen Wai-Lam, jeune gradée ambitieuse, de retourner l'opinion publique. Dés lors c'est un "great show", pour reprendre les mots de Kelly, que met en place les forces de l'ordre. Mais les braqueurs se réfugient dans un imeuble dans lequel s'engouffre à leur suite l'équipe de flics de Nick Cheung Ka-Fai. De là et grâce à la technologie et au média qu'est internet, les gangsters livrent leur propre version des événements ce qui méne à une véritable guerre ouverte à l'information ; le Média devient une nouvelle arme dans leur combat.

Hong-Kong est une ville où les journalistes en tout genre ont atteint leur apogée. Tout comme dans d'autres pays, l'information semble être devenu un produit qui se vend très bien, les chaînes du cable consacrées à l'information sont nombreuses et c'est son avis personnel (plutôt dénigrant) sur "l'over-information" que nous livre Johnnie To dans Breaking News (en francais, "flash spécial").

Richie Ren, excellent dans le filmLa réalisation est très soignée, le film ouvre sur un incroyable plan uncutted de 8min !!! comprenant dialogues et gunfights. Autant dire que sur le plateau la pression était palpable. Il y a un autre long plan à la fin du film mais celui-là a capoté car le cameraman s'est tout simplement vautré sur Richie Ren pendant un crash. Tout comme d'autres effets (véritables flash spéciaux, long travelling...), ces plans longs de plusieurs minutes sans coupures contribuent à l'effet "live".

Les acteurs sont solides, To a eu la brillante idée (qui ne date pas d'hier pour lui) de les utiliser à contre-emploi. Nick Cheung campe un flic au méthodes rudes et en désaccord avec sa hierarchie, tandis que l'habituellement jovial Richie Ren se voit confier le rôle du méchant, mais tout comme le flic est dur, le gangster sait être tendre. Et cela fonctionne magistralement, on ne s'attend pas du tout à ce que Nick Cheung nous fasse une grimace (Nick étant plutôt un habitué des comédies bien lourdingues), et Richie est tout à fait crédible ; ce dernier a d'ailleurs vu dans ce rôle l'opportunité de sa carrière d'acteur. Lui étant cantonné aux rôles de gentil niais, Johnnie lui a offert sa chance de prouver aux gens du métier qu'il pouvait jouer autre chose. Et ce geste de confiance lui a donné des ailes car il semble avoir le contrôle des choses tout du long. On éspére le voir plus souvent dans ce genre de rôle, mais en tout cas une chose est sûre, Breaking News a lancé la carrière d'un méritant Richie Ren. Nick Cheung est également convainquant et, quand on connait le numéro, semble être métamorphosé. Kelly ne fait pas d'éclats mais reste juste et affiche une glaciale autorité très crédible.Les Médias, thème du film

En Bref, Johnnie To nous offre un bon polar en huis clos au thème cinglant, assez satirique et plus que jamais d'actualité. Breaking News montre également d'excellents acteurs et une technique de réalisation déja éprouvée mais toujours pas dépassée. Un excellent film qui montre à Hong-Kong que l'on peut faire des films exportables sans pour autant tombé dans l'américanisme et qui montre au monde qu'outre les films d'arts martiaux, Hong-Kong (et Johnnie To) sait produire de solides films.



16 avril 2005
par Archibald




Excellent film policier, moderne dans le fond comme dans la forme

Quoi qu'on en dise, Milkyway Image est le studio qui a su maintenir depuis quelques années une qualité de production au-dessus des standards Hong-Kongais, il est vrai peu élevés. Après une bonne série de comédies plus en phase avec le public local que les polars peu rentables des premières années, le studio de Johnnie To profite de l'embellie créée par Infernal Affairs pour revenir à des sujets plus sérieux. Sélectionné à Cannes (mais pas en compétition officielle), ce Breaking News était évidemment attendu, même si le casting "popstar" pouvait tempérer l'excitation des connaisseurs. Johnnie To ne déçoit pourtant pas, avec un solide policier soigné à la fois sur le fond et la forme.

La forme, on se la prend dans la figure dès les premières images, avec le fameux plan séquence raté, atteignant "seulement" les 6 minutes au lieu des 10 soit disant prévues. Ces 6 minutes sont pourtant déjà bien suffisantes pour en mettre plein la vue, avec des mouvements de caméra très lent balayant une scène d'affrontement en pleine rue. C'est assez typique de Johnnie To et bien loin (en terme de style) de la référence du genre, à savoir le gunfight sur deux étages de Hard Boiled. Le reste du film se montre évidemment moins anthologique, mais fait preuve d'un savoir faire évident. To utilise à merveille les décors locaux, de même que Tsui Hark dans sa fusillade de l'immeuble de Time and Tide.On pourrait avoir quelques réserves sur l'utilité de ce genre de plans séquence, mais il sert pas vraiment à masquer des carences scénaristiques, comme souvent dans ce genre de "trip visuel".

Car sans être un chef d'oeuvre définitif du polar, le scénario se montre moderne et bien en phase avec le Hong Kong actuel: omniprésence d'internet et des téléphones portables, importance des médias dans la vie locale. La satire est assez légère, on se moque légèrement de la mise en scène des infos faite par la police, mais sans que cela soit le centre du film. Le scénario se montre très rythmé et sans trop de temps morts, et jongle habilement entre scènes d'action et scènes soit plus légères soit plus haletantes. Si le film pêche tout de même un peu par sa conclusion (moins intéressante que le reste dirons-nous), par son manque de développement des personnages (et donc le manque d'émotion), il compense par un rythme et une tension très bien gérés.

Et si l'on pouvait légitimement avoir une appréhension vis à vis du casting, on peut constater à nouveau que Johnnie To a su utiliser à contre emploi des acteurs pas forcément reconnu. Après avoir "awardisé" deux fois Andy Lau et rendu Ekin Cheng enfin "cool", Johnnie To a tenté ici de gommer tout sourire des visages de Richie Ren, l'éternel "Nice Guy" et de Nick Cheung, l'éternel "Funny Guy". C'est mission accomplie, car même si ces rôles de voleur et de policier ne sont pas des rôles à awards (le film n'a pas vraiment de prétention à ce niveau il faut dire), les deux acteurs s'en tirent très bien. On peut simplement regretter que Kelly Chen hérite d'un rôle aussi monolithique et que Hiu Siu-Hung soit utilisé à nouveau dans une veine comique parfois déplacé alors qu'il est capable de jouer à contre emploi. Quant à la musique, on regrette un peu Raymond Wong, car la bande originale n'a rien de mémorable et alterne le bon (rythmique des passages de tension) et le moins bon (musique décalée peu efficace).

Au final, même si ce Breaking News ne vient pas taquiner les plus grands films de Johnnie To, il se révèle être un film de genre suffisamment malin dans son scénario et soigné au niveau formel pour être une vraie réussite qui fait passer un très agréable moment, ce qui est bien la première chose qu'on demande à un film. Le film est clairement ciblé grand public, avec une violence présente mais jamais trop appuyée. On est loin du traitement beaucoup plus réaliste et pessimiste de One Night in Mongkok, mais il est évident que le film est plus accessible et exportable. Mission accomplie donc, le but recherché est atteint.



26 juillet 2004
par François




To's pirouettes (cacahuètes). Trop salé?

Un mec qui coureBizarre ce film. Un plan séquence de ouf au début, ultra bourrin, un scénar étrange avec des vrais-faux personnages principaux dedans et surtout des idées d'enfer mais... inabouties. "Comme d'hab" serait-on tenté de dire, à croire que le bonhomme et toute son équipe ont à chaque fois un scénar en béton armé qui leur tombe dans les pattes et qu'il leur manque systématiquement ce petit quelque chose qui ferait du métrage un chef d'oeuvre. La raison? Ici des stars en trop et du temps en moins, peut-être. Ailleurs du blé, je pense à Expect the Unexpected en écrivant ça. Ce dernier aurait pu être une bombe, twist final aidant, mais ça n'est pas complètement le cas à cause d'un manque évident de ...budget? Ici re belote grâce à ce concept hallucinant de guerre des médias, mais encore une fois c'est raté mais pour des raisons bien différentes. Gageons que Breaking News dame le pion à un probable futur polar US qui abordera également cette idée.

 

Film d'une époque ou ce genre de combat de l'information se fait de plus en plus (Mickael Moore/Bush par exemple), ce polar est inabouti pour plusieurs raisons: le film est trop court et aurait mérité plus de scènes pour que le final soit plus prenant. On comprend ce qu'a voulu montré To mais on ne le ressent pas lors du visionnage, principalement à cause de personnages trop fades, l'inspecteur en tête. Ce dernier est traité par dessus la jambe, on s'en fout même carrément, preuve en est cette scène de poursuite où on ne le voit conduire sa moto que de loin, caméra posée à l'arrière de la bagnole du bad guy, qui lui, shoote allègremment notre flic qui tombe comme une m... Par cette mise en scène le "héros" est ridiculisé et le bad guy en sort grandi. Des mecs qui courentTo a fait son choix, mais je mettrais ma main à couper que la star-flic devait être particulièrement casse-bonbons pour qu'il subisse un tel traitement!! Lau Chin Wan n'aurait jamais été moqué ainsi. A moins qu'il s'agisse juste d'en mettre plein la vue avec un plan séquence. Auquel cas c'est de l'épate inadaptée. Pour une fois, le temps rikiki aloué à ses films permet (peut être) à To d'improviser comme il veut & d'orienter telle ou telle scène autrement que prévue initialement... On imagine aisément la super-star: "Eh johnnie, j'veux une scène de poursuite en moto!! J'veux courir au ralenti aussi!! Et puis, et puis,...". Et Johnnie (vas y fais moi mal) de répondre: "Oui mon petit, bien-sûr que tu vas l'avoir ta scène... Et même c'est toi qui va tuer le méchant!" "Oh merci m'sieur To! Merci!!". "De rien mon gars...". Et quand on voit la scène finale... J'extrapole beaucoup, c'est vrai, mais l'idée me plait en même temps...

 

Que dire d'autre... La BO bof (facile!), issue de Infernal Affairs & Co est assez efficace mais un peu trop dans l'air du temps pour être honnête.

 



04 août 2004
par Arno Ching-wan




(Assez) Grand Spectacle

Il y a deux manières de considérer Breaking News. D’un coté, se plaindre que le film soit loin de faire partie des grandes réussites d’un cinéaste/producteur qui sut apporter du sang neuf dans le cinéma hongkongais post-rétrocession. Le film est loin d'être aussi maîtrisé qu'un the Mission ou un PTU et le casting rayon rôles principaux est dans l'ensemble loin d'avoir autant de présence que les Lau Ching Wan ou les Francis Ng désormais indissociables des débuts tonitruants de la Milkyway.

D’un autre coté, Johnnie To offre ici une belle démonstration de son savoir-faire comme cinéaste d’action (ce qui fait plaisir au vu du contexte hongkongais actuel) et le scénario exploite au maximum le potentiel de son pitch (prise d’otages « médiatique ») tout en tentant souvent avec succès le mélange des genres et les ruptures de ton qui vont avec. Du coup, Johnnie To offre une série B pas reversante mais bien menée et efficace. Commençons donc par l’inventaire des points les moins enthousiasmants du film histoire de pouvoir les mettre de coté et de se concentrer sur ses points forts particulièrement satisfaisants. La photographie est loin d’être aussi renversante que dans un PTU. Kelly Chen est expressive comme un tank mais c’est aussi son role qui veut ça. La plupart des acteurs n’offre pas de prestations renversantes et n’a pas non plus un charisme énorme mais ils jouent bien c’est déjà çà. La musique fonctionne bien quand elle illustre simplement ce qui se passe à l’écran mais ses décalages ne sont pas toujours judicieux. Le score est dans l'ensemble inférieur aux meilleurs scores Milkyway. Quant aux dialogues autour de la conscience qu’ont les personnages de faire un show, le procédé n’est pas finaud même si déjà moins saoulant de lourdeur que le même type de procédé dans Full Time Killer. Enfin, les ruptures de tons comiques donnent parfois dans le pire de l’humour cantonais (le gag récurrent des pets).

Reste que tout cela n’arrive pas à enlever le plaisir de spectateur ressenti au visionnage ainsi que les qualités du film. Son ouverture fonctionne malgré des passages plus maladroits sentant le filmage "à l'arraché" l'empêchant d'être le tour de firce espéré. Avec sa longue séquence d’ouverture, To pose néanmoins les bases de son récit en balayant l’espace de tous cotés avec ampleur pour faire des rues de Hong Kong un espace assez étendu pour qu’un tireur quelconque puisse en surgir et ajouter au chaos d’un canardage, un espace d’insécurité permanente que la police a du mal à maîtriser et qu’elle veut de nouveau faire sien. C’est d’ailleurs de cette façon que seront toujours filmés les extérieurs du film.

Johnnie To n’oublie pas non plus d’user de grand angles pour varier les points de vue et éviter que cette approche sombre dans la monotonie ou la virtuosité en pilotage automatique. A l’opposé, les scènes en intérieur sont filmées de façon à faire ressentir la claustrophobie des lieux, avec une certaine sécheresse. Pour créer de la tension, To n’hésite pas non plus à user de split screens à l’emploi judicieux. La cohérence du projet de mise en scène n’exclut donc pas la volonté d’amener un peu de variété afin que le film ne s’endorme pas sur son dispositif et remplisse ainsi son objectif de série B captivante du début à la fin. Le scénario exploite quant à lui très bien le potentiel narratif du jeu de manipulation médiatique que se livrent la police et les preneurs d’otages. L’information se retrouve truquée par le montage pour le public. Les journalistes mentent ou filtrent l'information. D’autres moyens de communication (internet, téléphones mobiles) que la télévision sont exploités afin de déstabiliser l’adversaire. De part et d’autre, chacun a une conscience forte du pouvoir médiatique et de son statut de showman.

L’ironie des scènes de face à face par « médias » interposés contraste quant à elle avec le ton très premier degré des scènes d’action. Les ruptures de ton que cela implique sont très bien amenées par le scénario. Satire des médias? On est loin d'Un Après-midi de chien de ce point de vue. Mais pas de quoi crier à la pose auteurisante. Certes, en commerçant qu'il a toujours été, Johnnie To tente en interview de "vendre" le film comme une série B d'auteur. Mais il s'agit juste d'une de ces séries B sans prétention que Hong Kong produisait au kilomètre durant son dernier âge d'or. Pas de prétention de discours sur les médias, juste une utilisation de ces derniers comme purs ressorts dramatiques.

Au final, le film, malgré ses défauts pas négligeables, aura été une belle démonstration de savoir-faire au service d’une série B efficace comme on n’en fait plus assez du coté de Hong Kong. Il confirme que, même si To est un cinéaste/producteur très irrégulier (The Mission et PTU comme seules réussites majeures récentes), son savoir faire est loin de faire pâle figure face à la concurrence actuelle rayon cinéma de genre asiatique.



26 juillet 2004
par Ordell Robbie




Pas de quoi fouetter un Michael Mann

En fait, Johnnie To est un peu à l’image de son long plan séquence de départ, quelqu’un qui cherche à vendre un style et à bien le montrer mais qui ne se met jamais vraiment en danger pour sortir de ses gons, explorer plus avant et peut-être finalement se transcender, tant thématiquement que visuellement. Du coup, l’intérêt apparent n’est plus qu’une façade qui perd facilement sa beauté première. Ce fameux plan séquence de départ sent déjà furieusement le réchauffé et surtout sonne paradoxal pour ne pas dire faux. Il reprend la lenteur, l’espace et le principe d’un Robert Altman pour le début de son The Player, alors qu’il est censé nous faire vivre une fusillade live à la Michael Mann dans son mémorable Heat. Étrange paradoxe de l’action dans l’inaction cher à To bien trop reservi pour convaincre seul. Globalement, Breaking News résonne beaucoup comme un Phone Game aussi, en particulier pour l'ambiance de face à face tendu dans un lieu unique avec pour relais le multimédia. Ça passe assez bien au gosier mais ça ne mène pourtant pas à grand-chose au final. Alors oui au réalisme, à l'ambiguité de chaque camp, à la petite satyre des médias, aux splits screens bien sentis, aux acteurs justes, à la mise en scène qui s’approche du meilleur To, The Mission. Oui ok mais sous le charme de ce beau paquet qui reprend tous les thèmes favoris apparaît déjà une torpeur d’autant plus grande que le très classique dénouement approche.

Sur ce, c'est l'heure de la chouille alors bon réveillon à tous ! ^_^

31 décembre 2004
par drélium




Ciné TV réalité

Si mes souvenirs sont bons, sacré coup que celui orchestré par Johnnie TO pendant le Festival de Cannes 2004 : visite inattendue du réalisateur qui en deux temps trois mouvements y réussit la promotion parfaite de son Breaking News alors fraîchement tourné. Bien accueilli par le public comme la critique, le film de TO jouait sur l’ambiguïté même de son cinéma (série B d’auteur ou poudre aux yeux) pour rallier à sa cause le cinéphile « élitiste » tout comme l’amateur de série B. Une stratégie de communication qui faisait écho au sujet du film finalement..

Sous des airs de déjà vu thématique - la relation média/pouvoir, la manipulation - mise à jour à la sauce CNN/Internet/portables (la trinité médiatique de notre ère), Breaking News est un petit polar ne révolutionnant sûrement pas le genre - et est-ce l'ambtion du réalisateur ? - mais assez bien troussé à différents niveaux pour accrocher un tant soit peu son public. De la fusillade d’ouverture en plan séquence aux courses poursuites "tactiques" dans des immeubles aux couloirs exigus, Breaking News offre déjà assez de moments de pure adrénaline pour « justifier » son existence. Mais loin de n’être qu’un actionner linéaire, le film utilise aussi sa thématique comme un second champ dramatique – et non comme un simple prétexte - lui permettant de ne pas tomber dans la surenchère d’action (enfin, en l'état ça aurait donné une "sousenchère" du coup) tout en ménageant une tension propre à la « guerre de l’information » que se livre les parties en présence. La réflexion n’est certes pas très poussée et sorti d’un constat de « société du spectacle » le film de To ne prétend pas se hisser au-delà du niveau d’une dissertation de premier cycle, mais l’intrusion en force des médias dans un dispositif scénaristique qui lui est coutumier (l’opposition flic et voyou) apporte assez de sang neuf et de bonnes petites idées par ci par là pour passer outre ces limites. Ajoutons à cela un casting à contre-emploi de bonne tenue qui n’a de faible que sa partie féminine (heureusement que Kelly Chen hérite d’un rôle plutôt monolithique, malin le TO...) et le plaisir de redécouvrir les rues vues et archi vues de Hongkong sous un angle nouveau, et nous avons là tous les ingrédients pour passer un bon moment.

Alors oui, Breaking News recycle et décline ce qui a déjà été vu ailleurs. Oui TO est un styliste averti à qui la scène d’action anthologique très "tactique" dans des immeubles du Time and Tide de TSUI Hark n’a pas échappé. Oui, TO est l’homme des compromis qui une fois sur deux n’exploite que partiellement son pitch de départ, quand il ne fait pas parfois dans l’exercice visuel vain un peu prétentieux (Throwdown).... Mais il le fait une fois sur deux plutôt bien et dans le cas de Breaking News bien mieux que beaucoup. Un film qui se consomme pas trop mal finalement.



20 octobre 2005
par Astec




Johnnie To, ou le fils spirituel de Luc Besson.

Si le style de To s'affirme au fur et à mesure de ses films, on ne peut que rester définitivement insensible à sa vision de voir les choses, de les concevoir sous forme de blockbuster crétin et d'en supprimer ainsi toute forme d'émotion quelconque. Breaking News n'a d'intérêt que pour deux scènes, un peu maigre me direz vous, mais ce n'est que la pure vérité. Séquence d'intro, le film démarre cash en enclenchant la première via un plan-séquence maîtrisé où l'on assiste un peu perdu à une bataille rangée chaotique dans une rue qui l'est tout autant (marchands de proximité, poubelles un peu partout, saletés sur les routes). Cinq minutes intéressantes, pleine de créativité où To s'amuse à filmer tout ce qui se passe dans les alentours sans agir sur la moindre coupe de bobine, prend son pieds à monter dans les aires aux mains de sa caméra grue et à épier ce qui se dit aux fenêtres, tout en sévissant dans les gunfights qui arrivent un peu plus tard avec prises en contre-plongée, zoom sur l'ambulance, placement en vue 3/4 dos d'un tireur, etc...De l'esbroufe? Pas sûr. Du spectacle? Pour sûr! Mais l'ensemble paraît vain, un poil longuet même, mais the show must go one. To pourrait être qualifié de "metteur en scène" au sens propre du terme dans la mesure où il se plaît à faire joue-joue avec son objectif, un peu à la manière de Luc Besson qui comme un gamin de 16 ans, joue avec son caméscope en reproduisant ce que faisaient ses idoles, le sens de l'inutile en plus. C'est pourquoi certains cadres peu judicieux prennent trop de place dans l'oeuvre dite critique de To : et voilà un joli travelling derrière une Honda, et voilà un autre sur un gratte-ciel, tout en abusant de la technique du plan-séquence. Spectaculaire mais fatiguant.

Enervant de la part du réalisateur phare de Milkyway, trop axé et calqué sur le cinéma à la Michael Mann avec cette fois l'opposition de différents gangs au sein d'un immeuble. Prise d'otage un poil flambeuse, personnages au charisme discutable (jamais Kelly Chen n'aura été aussi énervante) et sens du visuel froid et bleu sans aucune identité. On croirait même voir par moment une réplique du Time and tide de Tsui Hark (le talent en moins). L'endroit est pourtant un joli prétexte au carton en tout genre, mais on devra faire face à d'interminables séquences de parlotte mélangeant (avec un grand sens du ridicule) le cantonais et l'anglais. To le plus américain des cinéastes HK?

Comme je le disais précédemment, ce "flash spécial" mérite d'être vu pour deux séquences. Le plan-séquence du début, donc, et une autre absolument fantastique, apportant son lot de pureté, de calme et d'humanisme (vrai/faux), celle du repas en plein milieu des "négociations", accompagnée d'une musique à la gratte suffisamment forte pour l'entendre et ne pas déranger ceux qui prennent leur repas. Les gangster gringos deviennent alors attachants, parfois même rigolos, où les ravisseurs partageront un repas "copieux" accompagné d'une bonne bouteille débouchée par leurs otages, bouteille réservée jusque là pour "les grandes occasions". Chacun y va de son plateau-repas, que ce soit la police ou les journalistes. Tant que l'on parle des journalistes, passons rapidement sur la soi-disante critique des médias et de la presse par Sieur To. Certes elle s'avère présente sur tous les faits-divers ou situations chocs, mais sans elle, qui serait tenu informé de ce qui se passe autour de nous? Ne pas mettre toute la presse dans le même sac serait une belle copie à revoir pour votre prochain film Johnnie.

Esthétique : 3/5 - Sens certain de la mise en scène jusqu'à en faire souvent trop. Photo pas terrible. Musique : 2.5/5 - Quelques thèmes moyens, d'autres plus intéressants (guitare acoustique). Interprétation : 3/5 - Souvent juste mais l'on ne s'attache jamais réellement aux personnages. Scénario : 2/5 - Vite, vite, un film d'action pop-corn et une critique des médias pour faire genre. Merci Luc!



30 septembre 2006
par Xavier Chanoine




Toujours pas la joie

Aucun des films de Johnnie To ne m’a jusqu’alors vraiment convaincu, et ce Breaking News ne faillit malheureusement pas à la règle. To est pour moi un petit malin qui exploite médiocrement les bonnes idées des autres et qui ne s’attarde pas trop sur ses scénarios. L’entrée en matière est ici symptomatique : voulant imiter De Palma ou Gitai, il se vautre lamentablement dans une tentative de plan séquence qui part dans tous les sens et qui s’avère totalement gratuit en plus d’embrouiller complètement le camp dans lequel se trouvent les personnages. Sa désormais classique opposition manichéenne flic/voyou se voit cette fois-ci affublée d’un troisième larron, à savoir les médias, omniprésents et très influents comme ils pouvaient l’être déjà dans le moyen Mad City de Costa Gavras. Malgré cette intrusion de « l’actualité à chaud » loin d’être révolutionnaire et démontrant laborieusement la toute-puissance des médias dans le traitement de l'information, Breaking News parvient trop rarement à sortir des sentiers battus : seul le petit jeu de surenchère manipulatrice que se livrent les journalistes et la responsable communication des flics, ainsi que la scène de repas pacifique entre les otages et les gangsters parviennent à retenir l’attention quelques minutes. Pour le reste, difficile de se passionner pour ce blockbuster poussif et convenu, qui plus est mollement interprété. Mieux vaut revoir Heat une petite dizaine de fois…

29 mars 2005
par Ghost Dog




Un film qui peine à se démarquer.

Breaking News devait être une des bonnes surprises de 2004. Il s'agit pourtant d'un film pénible qui n'offre rien de neuf et ne parvient pas même à atteindre le niveau d'un bon polar hongkongais.

L'idée de départ - une guerre de l'image entre les forces de l'ordre et des gangsters - était pourtant excellente et aurait peut-être permis au film de se démarquer si elle n'avait pas été ici exploitée de manière si peu soignée.

Tout semble bâclé dans ce film. Le scénario semble avoir été écrit à la va-vite sur une nappe en papier. La mise en scène est brouillonne et en aucun cas originale. La musique s'égare complètement et l'ensemble des morceaux n'a aucune cohérence. Les acteurs sont mauvais quand ils ne sont pas tout simplement pathétiques. Et, bien entendu, Kelly Chen parvient à plomber définitivement le film grâce à son interprétation extraordinairement mauvaise.

Au final, ce n'est certainement pas le premier plan du film qui le sauvera... Peut-être la scène la plus agréable est-elle tout simplement celle de la cuisine.

Un des meilleurs films hongkongais de 2004 ? Je suis quelque peu inquiet.



11 août 2005
par Aurélien


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