Ris amer!
Valeurs familiales et sens de la patrie restent les thématiques principales des vingt à trente productions vietnamiennes à se tourner chaque année; "White Silk Dress" ne fait pas exception. Au-delà de la pénible chronique familiale, c'est avant tout le sens de la famille et l'amour pour une patrie tiraillée entre différents conflits qui en ressort. Si quelques symboles fleurent bon la propagande (les français sont – une fois de plus – montrés comme des envahisseurs particulièrement monstrueux et le sigle de "l'US ARMY" est bien mis en évidence sur les bombes ayant frappé de malheur des pauvres innocents), force est de constater, que cette chronique historique prend quand même bien les tripes. Le réalisateur ne donne pas dans la demi-mesure et fait traverser sa petite famille attachante les pires épreuves de la vie jusqu'à un dénouement tout sauf heureux.
Du coup, certaines parties sont franchement inégales, se traînant parfois en longueur (le début) avant d'expédier d'autres épisodes en bien moins de temps qu'il n'en aurait fallu (la noyade d'un des personnages). Curieuse, également, cette incroyable scène venue de nulle part – et sans doute l'une des plus belles qui m'ait été donné à voir ces dernières années: dans un décor d'un gothisme parfait (tons noirs et rouges), la mère de famille donne le sein à un vieux monsieur au bord de l'agonie à travers un trou dans un mur…Le film touche une beauté glacée, comme on n'en voit normalement que dans les films japonais.
Une autre longue séquence reprend largement le singapourien "Homerun", lui-même largement inspiré de l'iranien "Les enfants du ciel" avec les deux filles aînées partageant une même robe (au lieu des chaussures dans les deux modèles précitées) pour aller à l'école. Une histoire complète en elle-même, "The White Silk Dress" accumule des multiples sous-intrigues de même acabit, qui tient tous les sens en éveil et fait oublier les quelques gros défauts du film. A découvrir.