Déjà sage ?
Pour son deuxième film, le singapourien Royston Tan abandonne la provoc’ de son premier long, le controversé 15, pour se tourner vers un style beaucoup plus contemplatif à la taiwanaise, avec de longs plans fixes et le thème de la solitude comme base de travail. Si le rythme très lent en ennuiera plus d’un, Tan démontre cependant une réelle sensibilité et un vrai talent d’auteur tout au long de ce portrait d’un jeune garçon livré à lui-même, se levant tous les matins à 4h30 pour découvrir ce qui l’entoure, à commencer par son intriguant parent coréen suicidaire. Et malgré ce silence parfois pesant et l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose, Tan parvient à mener à bien quelques gags réussis et même à nous arracher une larme dans un escalier en plein milieu de la nuit. A 30 ans à peine, ce jeune réalisateur est à suivre…
Lenteur, quand tu nous tiens...
Vu au festival de Deauville 2006.
Histoire qui aurait pu être touchante, mais pour moi Royston Tan passe à côté des sentiments exprimés par le gamin. Peu de choses véhiculent entre le garçon et cet homme, son père, pareillement entre le film et le spectateur. Je me suis beaucoup ennuyé...
pas complètement réussi
En opposition au précédent "15", Royston TAN réalise ici un film très posé, minimaliste mais néanmoins agréable à regarder, cela reposant principalement sur "Xiao wu" qui joue très bien son rôle. (c'est assez rare les enfants naturels à l'écran). Le personnage adulte du beau père a un rôle plus minimal, mais colle très bien au personnage suicidaire.
Le film est tout de même trop laconique à mon gout, et on ne peut s'empêcher de penser que ça aurait fait un très bon moyen métrage, alors que sur 1h30 il perd en intensité sur la dernière partie.
Un film touchant que j'aurais préféré voir sur grand écran.
Il était un père (ce héros)
Voilà finalement venir le second long métrage du jeune prodige Royston Tan; nouvelle œuvre, qui confirme tout le bien pensé à la vue de sa foisonnante œuvre de courts-métrages et qui saura ENFIN faire taire les nombreuses personnes le cantonnant à son seul précédent film clipesque très éloigné de ses principales préoccupations.
En même temps, il réussit également à surprendre ceux qui le suivent de plus près, son "4:30" empruntant une nouvelle fois des sentiers totalement inédits par rapport à ses précédentes œuvres.
Après ses magnifiques courts "Sons" et "Mother", TAN explore une nouvelle fois le thème de l'affiliation. Lui-même entretenant des rapports particuliers avec son père, après que ce dernier ait eu maille à entretenir sa famille suite à de mauvais placements financiers, TAN semble une nouvelle fois vouloir lui rendre un vibrant hommage, l'accusant d'une certaine absence, mais lui prouvant également tout l'amour qu'il lui porte.
Film bien plus dans la lignée de son mentor et producteur Eric KHOO, "4:30" est un lent et contemplatif portrait d'un jeune garçon, qui observe secrètement (et la nuit venue) son père. Tout comme l'enfant, le spectateur découvre petit à petit l'étrange homme, à la seule différence, qu'il est impossible de dresser un portrait aussi joli et naïf que ne le fait l'enfant. En effet, le père semble un être très peu social, uniquement porté sur la bouteille; ce n'est que peu à peu que s'assemblent toutes les pièces du compliqué puzzle.
Filmé principalement à hauteur d'enfant, TAN exclut tout adulte de son métrage (à la seule exception du père, marchand de glaces et retraités faisant de la gymnastique) pour entièrement se focaliser sur l'histoire de l'enfant et de son père; il prolonge en cela sa précédente réflexion sur l'absence des liens parentaux, des formes d'autorité (les enseignants n'apparaissent que sous forme d'une voix anonyme) et les laisser pour compte des enfants. Thèmes typiques de l'actuel cinéma singapourien, les adultes sont une nouvelle fois montrés comme des gens obligés de travailler tout le temps et n'entretenant que peu de rapports avec leurs enfants (personnage de la mère); mais traitent également du suicide et de l'incapacité de communiquer / de se comprendre. Moins virulent que ses précédents "Cut" (en court-métrage) ou "15", TAN ne peut tout de même s'empêcher d'égratigner les formes de Censure actuelles sous forme de l'opposition à une certaine discipline de l'enfant en "embêtant" le groupe de gymnastique du matin et par les scènes d'école (enfant refuse d'obéir à la prof; malgré le portrait "complet", il est demandé à l'enfant d'obéir strictement aux 300 mots demandés, alors qu'il n'en a fait que 150; est évoqué la loi de 1957, accélérant le droit à la nationalité pour améliorer le droit de vote, alors que le passage sous l'autorité malaisienne, puis le "régime dictatorial" singapourien seront imminents).
Bien plus mature que son précédent et au risque de désarçonner la plupart de ses "fans" du premier, TAN confirme pourtant l'exception de son talent certain (de plus est à son jeune âge). Il n'est à espérer, qu'il ne se fasse écraser par l'actuel "rouleau-compresseur" de l'engouement du cinéma asiatique et sache préserver et mener la carrière comme il l'entend.