MISS ZOMBIE se choppe le Grand Prix ! J'hallucine ! Bonne nouvelle, vraiment, c'est un chouette film. Le plus mainstream - mais très bon - Babadook prend tout le reste... ex-aequo avec Rigor Mortis pour le Prix du jury. Soulignons une grosse reprise en main du ciné asiat' cette année. De son côté, le gonflé The Sacrament de Ti West se garde le prix Syfy. Bref. Ayé, on fait les valises, retour dans la vraie vie, tout ça. Et merci au nanar de 16h, Static, pour la 'tite sieste bienvenue.
En dehors du palmarès, cette journée fut consacrée à attendre la projection du très bon Tales from the Dark 2, en effet un bon cran au-dessus du premier et diffusé pendant la cérémonie de clôture, zappée pour la bonne cause. Gordon Chan (Final Option) nous revient en grande forme par la grâce du court-métrage. Le sien, Pillow, stimule les sens avec sa bien belle héroïne qui se voit possédée dans tous les sens du terme par son oreiller (pillow). L'oreiller l'a crevée, elle a dû rêver trop fort. Erotique, léché, caressé et bien mis en scène, l'objet fait plaisir à voir. Le second sketch, Hide & Seek, signé Lawrence Lau, s'amuse et nous aussi de ses gamins s'en allant jouer à cache-cache dans une école fermée, hantée par des fantômes victimes du SRAS. Le conte est cruel, les comptes fatals in fine mais le tout s'avère finalement plus fun que véritablement effrayant. On termine en beauté avec le bien trash Black Umbrella, dans lequel le tout petit Teddy Robin filme et joue à la perfection cette magnifique histoire basée sur un folklore sacrément passionnant, aidé comme tous les autres d'une partition efficace de Kenji Kawai. Il ne faut point trop en dire sur ce bijou, noir comme le fond d'une impasse à Hong-Kong, la nuit...
Hors sujet : The Sacrament de Ti West reprend en mode found footage le concept du sketch de Gareth Evans dans V/H/S 2 pour en faire une réflexion pertinente sur les sectes. Le film, réussi, repose sur l'écriture et la prestation charismatique du Père, qui aide à comprendre le tourbillon de folie dans lequel on sombre lorsque qu'on entre dans ce type d'univers. D'utilité publique, bien joué.
Laissons le mot de la fin à Miss Zombie.
J'aimerais remercier toute l'équipe, sans qui rien n'aurait été possible. Je m'excuse encore auprès de la famille du preneur de son. Il est mort, il a beaucoup souffert, c'est de ma faute. J'avais un peu faim, pardon. Merci au réalisateur, Sabu, de m'avoir permis d'exister. Et de montrer que la mort envahit parfois les vivants lorsqu'ils se laissent aller à dépérir mentalement, tout simplement. Merci encore, vraiment.
Je compte agir contre la contagion du contingent ! J'espère que ce journal vous aidera à éviter les pièges dans lesquels je suis tombé. J'en sais trop sur les coins d'ombres de ce monde. La folie me guette, les films tourbillonnent dans ma caboche : danger !
Tales from the Dark 1 est un triptyque plutôt léger qui permet de varier les plaisirs, plutôt répétitifs du côté de l'occident. Simon Yam s'en sort honorablement à la réalisation sur un premier segment bien écrit - c'est tiré de bouquins de Lillian Lee -, et bien joué. Il y est terrible en pauvre gars perdu, survivant dans une HK sans aucune pitié pour ceux qui échouent. Marche ou crève. Evoquer ces kidnappeurs d'urnes funéraires – ça existe – qui exigent une rançon en retour des cendres d'un être décédé est un excellent postulat. Et ça parle en cantonais de la ville de HK, donc ça me parle. En milieu de film, Lee Chi Ngai nous offre un jeu en roue libre de Tony Leung KF et Kelly Chen, qui en médiums locaux s'éclatent à chasser du fantôme. Surtout elle, lui s'en fout, il voit des esprits tous les jours aussi les libérer de leur malédiction fait gentiment partie d'une routine dont il se passerait bien. Trop léger mais jubilatoire pour un fana. Et puis ça parle en cantonais de la ville de HK donc ça me parle. On finit en beauté avec le très beau – et profond – tronçon de Fruit Chan. Il aborde l'exorcisme quotidien - on y va comme on va acheter son poisson au marché - à base d 'éclatage de chaussure sur la photo d'une personne à qui l'ont souhaite du mal. En effet, ça finit mal. Bien joué, très belle photo, pas con... et puis ça parle en cantonais de la ville de HK donc ça me parle. Tale from the Dark 2 est parait-il meilleur : ce sera pour dimanche soir. Chaque horreur indicible en son temps.
Dans l'excellent V/H/S 2, qui une fois n'est pas coutume joue très bien des codes pourtant balourds du Found Footage, la partie de Gareth Evans et de ses potos indonésiens est, il est vrai, bien dégueulasse. Il pose son ambiance malsaine autour de la découverte d'une secte de tarés d'obédience lovecraftienne, balance du gore bien craspec sans aucune once d'humour – la salle ne fait pas la fière et moi non plus – jusqu'à sa conclusion et sa bonne grosse blague qui permet à tout le monde de respirer un peu. Impressionnant.
Hors sujet : toujours dans VHS 2, on peut voir un formidable segment nous racontant la zombification d'un cycliste en pleine forêt par le biais de sa GoPro, perchée sur son front. Bonne poilade mémorable.
On finit la tête à l'envers avec la nuit fantastique. Sharnado et ses milliers de requins pris dans une tornade entament les hostilités, tuant des californiens dans la joie et la bonne humeur. Les productions ricaine The Asylum rivalisent pas mal rayon connerie avec les Sushi Typhoon japonais, absents cette année. C'est ballot, je comptais sur le festival pour me montrer un petit Toilet of the Dead ou autre mais soit.
Un peu plus tôt, l'anglais The Last Days on Mars, sous Alien de plus dans l'espâââce, nous propose en mode conduite assistée les déboires d'astronautes sur - roulements de tambours - Mars, en conflit avec un parasite – martien – qui, Ô originalité, où es-tu ? - transforme ses victimes en zombis. Pas trop mal fichu mais sans intérêt, contrairement au The Station autrichien de l'avant-veille qui sur ce même concept part dans un délire bisseux bienvenu. Si le scénario y pompe gentiment The Thing, son traitement bis mais premier degré, avec un second degré à aller chercher soi-même dans des rebondissements bien fun, assure un succès festivalier pour l'objet, très aidé par une ministre de l'écologie - croisement fictionnel entre notre Eva Joly et l'allemande Angela Merkel - qui ne manque pas de ressources dans l'action. Final mi fandard mi sérieux étonnant. Péloche sympa. Le très bon The Babadook australien risque bien de remporter le Grand Prix. Même s'il fait clairement doublon avec la Mama de l'année précédente, il est mieux construit, contient plus de sens, montre moins sa bête et, cerise sur le gâteau, est réalisé par une femme. Ca donne du cachez-vous, ils arrivent ! NOOOOOON !
Un médecin aisé, sa femme et leur fils reçoivent un jour une mystérieuse cage avec, à l’intérieur, paisiblement assise, une morte vivante. Elle est accompagnée d’une note d’instructions précisant « ne pas lui donner de viande - peut devenir violente » et d’un pistolet au cas où la créature s’en prendrait aux humains. Frottant et nettoyant sans relâche, Miss Zombie devient rapidement la servante docile de cette maison, entraînant au sein de la famille une succession d’événements malheureux et inattendus, causés par la fascination qu’elle exerce sur le jeune fils comme par l’attirance que le père éprouve pour elle.
Sabu (Postman Blues) nous revient avec sa Miss Zombie dont je me méfiais comme de la peste. Pire que bubonique, la zombie nique ? Voilà un jeu de mot de très mauvais goût qui ne doit en rien nuire à cet excellent film qui apporte une belle pierre au mythe du zomblard ainsi qu'à la terrasse que notre morte-vivante domestique doit récurer sans cesse. Sur ce sujet casse -gueule (Fido est passé par là, la série suédoise Real Humans également...), le réalisateur s'en sort avec un sacré brio. Il prend le temps, laisse ses personnages et l'intrigue évoluer doucement mais inexorablement vers le traditionnel bain de sang. J'ai adoré : la lenteur de la narration prend sens avec les mouvements de la créature, le scénario est servi par une mise en scène belle à en pleurer, aidée d'un montage au diapason, d'un noir et blanc somptueux... et pour qui aime quand le zombi apporte des réflexions sur la vie, la mort etc, il sera servi. La notion de temps, celui de reflet, les attentes de l'homme par rapport à la femme, les liens maîtres et serviteurs qui s'inversent etc : tout cela est évoqué avec une humanité bouleversante, non dénuée, en plus, d'un humour noir léger mais bienvenu. Je suis certain qu'il plairait à papi Romero, ce film-là ! D'autant que tout fana aimant dessouder du zomblard virtuel à l'occasion – j'en suis - en prend pour son grade. Tout défouloir a son prix, même s'il semble inoffensif. Hormis quelques fautes de goût sur la fin, c'est du tout bon. Il y a du Onibaba là-dedans. J'espère qu'elle remportera le Grand prix, la miss.
L'autre événement de la journée fut la conférence de presse donnée par Kim Jee-won. Comme beaucoup, je n'ai pas pu bénéficier d'une interview en tête-à-tête – ce sera ma grosse déception - mais l'échange n'en était pas moins intéressant. Ma question fut la première, j'en avais tout un tas sous le coude : elles y resteront. Quoi que cette position n'étant pas très confortable, rangeons-les plutôt là, dans ce tiroir. Sait-on jamais. Retranscription à venir.
Enfin, notons que le film anglais The Machine, maladroit dans sa narration et trop bavard, propose une belle série d'emprunts à l'univers robotique dont quelques belles scènes inspirées par le Ghost in the Shell de Mamoru Oshii. La gestuelle guerrière du robot féminin, nue, est équivoque...
Histoire en partie vraie intégrée au folklore japonais, celle des 47 ronin fut souvent adaptée à la tv et au ciné là-bas (cf. notre base de données). Cette version 2013 occidentalisée a de quoi interloquer, voire énerver le puriste. Pourtant, on connait le respect profond de Keanu Reeves pour la culture asiatique ; son Man of Tai Chi est parait-il très loin d’être honteux et l’on connait aussi cette longue volonté qu’il eut d’adapter en live l’anime Cowboy Bebop. Après m’être envoyé plusieurs fois cette bande-annonce les yeux plus pétillants encore que devant celle du Hobbit 2, j’y crois dur comme fer. En espérant qu’il soit plus solide que celui d’un Homme aux poings de fer. A l’écrit, il semble que Keanu Reeves incarne un faux premier rôle (source : scriptshadow.net), il partagerait équitablement la tête d’affiche avec Sanada Hiroyuki, qui après The Wolverine semble s’offrir une chouette seconde carrière aux US. Sur le tard, comme Keanu Reeves qui approche mine de rien des 50 ans. C’est un premier long pour le réalisateur Carl Rinsch, il a sans doute mis tout son cœur à l’ouvrage, aidé par une pelletée hallucinante d’artistes à ce que j’en vois sur IMDb et un scroll infini sur le staff, 3D et VFX aidant. La BA nous présente un bestiaire fabuleux, des scènes d’action de malade, des visuels bandants et une mise en scène de toute beauté, aérienne, qui semble comme baigner dans un esprit wu xia HK que paradoxalement n’a pas celle d'un The Four 2, dernier Gordon Chan en date, avec un Anthony Wong qui rappelle le Sammo Hung de Zu. Et le Anthony Wong de Heroic Trio, tiens, oui. La BA de nos 47 ronin évoque par ailleurs davantage un Detective Dee à la faveur d’une belle et vilaine femme tournoyant joliment autour de statues. Repérons qui plus est dans le casting - pas dans la b.a - notre bon vieux Asano Tadanobu (Survive Style 5+) en affreux Kira du jour et on obtient ça + ça + ça + ça, à savoir une oeuvre qui, je l'espère, s'annonce respectueuse et sacrément inspirée.
47 Ronins sortira le 25/12 aux USA, beaucoup plus tard chez nous : en avril 2014 à en croire Allocine. Fichtre.