Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

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06/06/08 12:38 

C'est pas du tout une attaque frontale, Arnaud – au contraire, j'ADORE la plupart de tes critiques…
 
En revanche, des critiques comme al tienne concernant "Wonderful Town" me font toujours sortir de mes gonds (et ce n'est pas, parce que j'ai beaucoup aimé ce film et en ferai une présentation / débat au Cinéma Le Meliès, mardi 10 juin à 20h00 – et hop pour le coup de pub perso ; ) ).
Non, ce qui m'énerve, c'est le rejet relativement immature d'une ŒUVRE cinématographique, un VRAI film de la part d'un VRAI AUTEUR (dont le talent restera à confirmer par la suite).
Je comprends bien, que l'on ne puisse pas aimer ce genre cinématographique, mais il faut au moins avoir la décence de RESPECTER ce genre et de reconnaître une vraie démarche artistique.
ASSARAT s'inscrit effectivement dans une lignée de réalisateurs à vouloir représenter une certaine REALITE au cinéma. Des artistes, qui ne voient pas une œuvre cinématographique comme une forme de divertissement, où il en faut à tout prix en donner pour l'argent et de mettre des gunfights à tout bout de champ, voitures qui explosent et vaisseaux spatiaux qui s'envolent. Non, ce sont des histories ordinaires de gens comme toi et moi, à qui il n'arrive finalement rien de bien extraordinaire dans leur vie. Tente d'écouter ce que tu DIS dans une journée, tu verras le nombre incroyable de banalités que tu sors – et même Michel Audiard n'était pas connu pour ces tournures de phrases alambiquées outre sur le papier. Tu regardes par la fenêtre, t'es surpris de voir qu'il pleut, ben tu dis "@!#$ ! Il pleut". T'habites avec quelqu'un, t'as besoin d'aller faire des courses, tu préviens: "Je descends faire des courses". Ben voilà ! Voilà des dialogues tout ce qu'il y a de plus naturel, que tu retrouves dans le film d'Assarat. La vie est un long fleuve tranquille, une mobylette, ça n'avance qu'à 30 à l'heure et Assarat veut représenter ce feeling en la filmant entrant dans le cadre, sortant du cadre. Tout comme Tsai Ming-liang met un point d'honneur à faire fumer ses personnages un clope du début jusqu'à la fin. C'est peut-être @!#$, mais ça fait appel à tes propres sens et puis surtout, tu te mets à bien étudier les petits détails, l'attitude du personnage, les imperfections de son physique, la manière d'aspirer la fumée…ou encore d'évaluer le cadre tout autour de lui. C'est peut-être @!#$, mais c'est une manière de VOIR les choses – et qui reflète quand même énormément un certain esprit asiatique, où les gens ont une toute autre notion du temps, bien plsu bénéfique, que nous occidentaux, hyper-speedés et nourris de force au MTV. Je me faisais encore la réflexion en m'enquillant 40 films en 8 jours de Marché de Cannes: tous els films de tous les pays asiats ont tous une manière bcp plus lente à représenter les choses…mais au moins, on se donne la peine de REGARDER l'image, à s'imprégner des endroits, des gens, etc. C'est un parti pris, je comprends, qu'on ne puisse pas aimer, mais faut également prendre le parti pris de respecter la démarche du réalisateur.
Tu compares le cinéma d'Assarat à celui de Tranh – rien à voir, sauf un rythme plus lent. Tu condamnes celui d'Apichatpong – là, tu t'égares totalement. Apichatpong est un vrai ARTISTE (prouvé), qui a une vraie démarche artistique, une vraie thématique, un cinéma extrêmement fort et lourd de sens.
Assarat est davantage dans la "démonstration". Il se fait encore les dents et tente avant totu de capter une ambiance, le comportement humain, rien de plus. Tu condamnes le rapport au tsunami – il dit lui-même ne pas avoir sciemment fait le rapport, ni d'avoir voulu évoquer le drame. Son histoire aurait pu se passer n'importe où en Thaïlande; le souvenir du tsunami n'est évoqué qu'en tout lointain arrière-plan avec cette ambiance particulière de la ville détruite et le désoeuvrement des personnages, mais qui – au moment du film – se sont déjà re-construits.
Enfin, bref, il y a énormément de choses à dire et à percevoir – mais je comprends qu'on puisse rester insensible à ce genre de films. Moi-même, j'ai très longtemps été hermétique à ce genre de films et je ne dis pas avoir acquis la "spiritualité supérieure", mais je suis désormais plus intéressé par voir "au-delà" d'une œuvre et de voir la vraie démarche d'un réalisateur, de voir un film, qui me fasse réfléchir. J'adore me mater un bon "Machine Girl" – mais aussitôt vu et aussitôt oublié et ce film ne m'aura rien apporté de plus. Il n'y a pas de message, il ne m'aura rien appris. "Wonderful Town" m'aura donné envie de m'intéresser au comportement humain, au rapport si étrange de la culture asiatique envers l'Amour et l'expression de leurs sentiments en général et plus particulièrement en Thaïlande.
Et puis, j'ai le plus grand respect de jeunes réalisateurs, qui adoptent une démarche artistique dans un pays, qui fait tout pour étouffer ce courant intellectuel au sein de leur cinématographie commerciale. Faut en vouloir, pour mener à bien un tel projet sans aucune aide et fonds de soutien et – surtout – très peu de PERSONNES, qui t'encouragent à poursuivre dans cette voie.
Voilà…j'avais juste envie de prendre un peu la défense de ce petit bijou et de râler contre les critiques un peu très rapides et unilatérales envers des vrais artistes. Plus d'une fois, certaines critiques ont fait part de leur incompréhension que la critique internationale puisse couronner tel ou tel "auteur" chiantissime – ben ouais, mais faut se poser sérieusement poser la question et chercher à voir au-delà – et ça revient un peu à avoir le même type de préjugé que le public général, qui réduit le cinéma asiatique au seul terme de "kung-fu"…



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06/06/08 14:12 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

Ouhlà... Je vais me dépécher de mettre en ligne les fiches créées par Happy, sinon la prochaine avoinée elle est pour moi ! :-))


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06/06/08 19:51 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

Attention Bastian, terrain glissant que celui de la critique de critique. Je ne pense pas que le fait qu'un réalisateur soit un vrai auteur et un artiste avec une démarche sincère soit synonyme de bon film! On peut être malhonnête comme un cochon et pondre des gros films foutrement efficaces, et d'un autre côté avoir tout le coeur du monde à faire un bon film et ne pas réussir.

Toute critique est facilement attaquable, on aime pas les banalités, alors qu'on en dit toute la journée, c'est vrai, mais d'un autre côté, on peut comprendre qu'Arnaud n'ait pas envie d'entendre ça au cinéma. Et l'inverse est compréhensible aussi! Certaines personnes adorent des films parce qu'ils sonnent tout simplement "vrai". Qui a tort? Qui a raison?

L'intégrité intellectuelle et artistique d'un auteur est-elle forcément incompatible avec ce genre de critique? Je ne pense pas. Une mauvaise critique n'incite pas forcément un lecteur à ne pas voir un film, elle situe simplement le film par rapport à une sensibilité.

On insiste souvent sur cinemasie pour avoir PLUSIEURS ciritiques de rédacteurs afin de situer des sensibilités opposées ou différentes sur le même film. La critique d'Arnaud apporte un positionnement de plus par rapport à des critiques très bonnes. Est-ce que cela discrédite le réalisateur? Je ne pense pas. Je pense que la majorité des lecteurs sont à même de ne pas croire "mauvaise critique = mauvais film" et de savoir quoi faire de ce qu'ils lisent, surtout quand TOUTES les autres critiques sont très bonnes! La plupart liront sûrement la critique d'Arnaud et diront "ouais ok, je vois bien ce qui le gêne, mais moi au contraire j'aime ce genre de chose, donc on y va".

D'un autre côté je comprends que tu veuilles défendre ce que tu aimes, donc j'espère que tu comprendras que je défende aussi les gens que j'aime bien. N'oublions pas que Florent n'écrit plus vraiment sur Cinemasie à cause de ce genre de commentaires sur ces critiques. Donc allons y gentiment, on ne parle pas de mathématiques ou de vérités scientifiques ici, mais d'art.



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06/06/08 20:16 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

Pourtant, les critiques de Florent étaient amusantes. Même si on n'était pas forcément d'accord avec lui, il y pointait toujours quelque chose d'intéressant, et sa démarche était honnête. Il était juste un peu plus exigeant.

Sinon, pour ce qui est du "vrai", je me demande si finalement, vouloir faire trop "vrai" fait pas sonner "faux". On le voit souvent d'un point de vue technique (du genre la vraie pluie n'a pas l'air vraie à l'écran), mais est-ce que ça ne pourrait pas s'adapter aussi au contenu ?



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06/06/08 20:17 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

Et petit paradoxe cinématographique :

Je pense que vouloir raconter une histoire réaliste avec des dialogues réalistes, ça demande beaucoup d'imagination...



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06/06/08 20:49 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

Ca roule François. Il y a un brin de provoc’ dans mon texte ; j’assume docteur. On papote, c’est soirée débat à Cinemasie, c’est la fête.

J’enchaîne :
 
Happy, tu y vas fort camarade. Pas une attaque frontale, pas une attaque frontale… le « immature » j’ai un peu de mal à l’avaler. C’est vexant (je suis vexé). Et, gaffe, c’est ce type de mot que les détracteurs du cinéma dit « de genre » utilisent joyeusement, sans se priver, pour le rabaisser.

A ce jour je suis le seul à démonter Wonderful Town sur le site. Relativisons le massacre. A croire que certaines œuvres sont inattaquables dans les milieux autorisés. Ce qui, à t’en lire, est le cas actuellement pour une certaine frange du cinéma asiatique. A l’heure où un film comme JCVD pointe indirectement du doigt (hop) la critique facile du cinéma de genre, régulièrement démonté en deux coups de cuillère à pot, l’autre genre, dit « d’auteur », se devrait d’être vanné par force copies doubles blindées d’arguments bétons ? A aimer donc, forcément. Ou se taire, parce qu’il en existerait, finalement, de ces films inattaquables. Allons bon. On en aurait trouvé un, là ? Pas à mon sens.

Le cinéma de genre, fantastique en particulier, aurait été beaucoup plus riche en imagination, paraboles et autres raisonnement sur le tsunami que cette œuvre-ci. Qui aborde (sans l’aborder mais un peu quand même mais pas vraiment non plus) le sujet, que le réalisateur dise le contraire ou pas. Mon texte est court, soit, mais ne laisse rien au hasard. Ca n’en est pas un – de hasard - si j’aborde la période australienne de Peter Weir : lui savait instaurer un climat lourd, puissant et fantastique en racontant une histoire au scénario a priori complètement nul. Qu’il s’agisse d’une vague ou du gros rocher de Hanging Rock, la menace était tangible. Chez Assarat, non. Il essaye, si, mais manque affreusement d’imagination pour la figurer. Il se plante. Et dans sa menace – ouh la maison fantôme –, et dans sa romance - d’une banalité incommensurable -, et aussi dans sa mise en scène, léchée comme du Tran anh Yung - j’insiste -, mais beaucoup trop visible. Très formatée finalement. C’est ça : du cinéma d’auteur, formaté pour l’export. Je ne pense pas extrapoler tant que ça sur ce point.

Et, non, je ne vais pas au ciné pour me manger du banal sympa. Pour ça, je cause avec mes voisins, regarde un documentaire sur le banal des autres ou apprécie les plages banales au sein d’une fiction un tant soit peu intéressante : un enjeu, une trame, qui en arrive à mettre en avant cette banalité, justement.

Quand le cinéma d’auteur flirte sans l’assumer vraiment avec le cinéma de genre, il se plante. Cf le récent mexicain La Zona, par exemple, qui mélangeait maladroitement une étude de société avec une chasse à l’homme. Ils sont nombreux ces films-là. Je ne me souviens pas pour autant avoir écrit que Wonderful Town manquait de gunfights ou autres scènes bourrins. Ca n’est juste pas le propos. Ma critique concerne ce film-là. Je suis insensible à ce film-ci. Il en existe de belles des « tranches de vie ». Ca n’est certainement pas ma tasse de thé mais récemment un « La graine et le mulet », par exemple, m’avait bien emballé. Et si je reste insensible au cinéma de Tran An Hung, je reconnais à celui de Weerasethakul une certaine forme de surprise dans sa lenteur. Du foutage de tronche rafraîchissant, de l’arnaque amusante. Navré, mais dans WT je n’ai trouvé mon bonheur nulle part. Le long métrage n’est pas justifié. Un court, à la rigueur, et encore. Quelle réflexion avons-nous là : le temps détruit tout ? …

Pour le débat au Melies, apporte un gong pour après le film. Va falloir les secouer méchant les gens. Et n’hésite pas à causer fort, il te faudra de la voix pour couvrir leurs ronflements. Plus sérieusement : le tsunami n’est le sujet du film? Lors du débat, il sera évoqué. Quoi d’autre le sera? Pas grand chose, j’en fait le pari. Plutôt animer une soirée “Connaissances du monde” en ce qui me concerne.




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06/06/08 22:43 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

Nous sommes d'accord: ce n'est pas une attaque contre une personne; primo, je respecte trop l'avis des autres, secundo, je ne me permettrais pas a) en ne connaissant pas mon vis-à-vis e b) surtout pas par le biais de mon écran d'ordi tout peinard, tout tranquillos, tout interprétable de pleins de manières.
 
Arnaud, "immature" ne adressait donc vraiment pas à toi; et puis il y a trop d'adresse à jongler avec les mots, je sais bien, que la plupart de tes phrases et paraphrases – aussi courtes soient-elles, colportent leur sens de sens. Respect. Pas vexe !
 
J'ai voulu un post aussi, pour animer le débat, faire rentrer ans la valse des mots, des sentiments et des avis.
 
Non, je ne pense pas, qu'il y ait des monuments inattaquables. Que Desplenchin ramasse tous els louanges côté France, alors que la presse étrangère soit largement divisé, ça me débecte. Que certains réals soient sélectionnés d'office à Cannes, ça me débecte (voir Garrel et Wenders encore cette année). Que des auteurs soient défendus becs et ongles à chacune de leurs œuvres dans un Positif, comme dans un Cahier du Cinéma. Ca me débecte. Non, à chacun ses hauts et ses bas, ses bonnes réussites, comme ses échecs. Jia Zhang-ke sait se montrer opportuniste. Tsai Ming-liang est inégal; en revanche, il est indéniable, que tous deux (au hasard) aient fortement imprégné de leur patte les cinématographies de leurs pays respectifs. Ils ont une vraie démarche, une vraie pensée. Edmond Pang sur "Isabella" ne l'a pas. Il visait un certain circuit festivalier.
Accordons à Assarat le bénéfice du doute. Pour l'avoir fréquenté à des nombreuses reprises au cours de plusieurs festivals, il a effectivement une certaine démarche pour s'attaquer au marché (festivalier) international. A compris un certain marché; mais ne triche pas sur beaucoup de choses. Est proche de son cinéma. Sincère dans sa démarche. Et n'a définitivement pas voulu parler du tsunami ;  )
 
Quant à la soirée du Méliès, ce sera introduction au cinéma thaï. "In the mood for love – quand l'exceptionnel confirme la règle" et posera justement un regard sur la possibilité d'un certain cinéma d'auteur dans une industrie cinématographique à 99% commerciale. Quand je sonnerai le coup de gong, impossible de réprimander un sourire à ta pensée, Arnaud !  ; ) Et je ferai porter ma voix; je déteste me servir des micros en général.



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07/06/08 11:07 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

Juste pour dire que je soutiens Arnaud de tout mon coeur (on ne va pas faire des bébés tout de suite mais presque).
Du moins sur le principe, car je n'ai pas encore vu Wonderful Town - que je verrai probablement s'il reste une semaine de plus à l'affiche, puique j'en aurai pas la possibilité avant. A vue de nez, je me suis reconnu dans sa critique (ce qui me fait craindre pour les oreilles du films s'il tombe entre mes yeux, car Arnaud a bon fond, lui), et encore plus dans son post ci-dessus (voir même dans certains éléments du post de Happy que je hais profondement)(les éléments, pas Happy ^^).
Il y a notament quelque chose que je ne comprends pas, ce sont ces films, certes réalisés avec la meilleure intention du monde, mais qui pendant deux heures (quand ce n'est pas cinq) filment mal le vide et ne disent rien pour finalement n'exister que dans le discours que le réalisateur fera en marge de son film ou, pire, le dossier de presse (je cite toujours le dernier Tsai Ming-Liang parce qu'il fut particulièrement éprouvant pour moi).
Où est le film comme moyen d'expression, si celui-ci n'existe que si le réalisateur t'explique que là il a voulu faire ça, ce qui ne se voit absolument pas ? On fait de la note d'intention une oeuvre, le genre de choses qui me dépassent.



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07/06/08 12:12 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

Epikt:
Où est le film comme moyen d'expression, si celui-ci n'existe que si le réalisateur t'explique que là il a voulu faire ça, ce qui ne se voit absolument pas ? On fait de la note d'intention une oeuvre, le genre de choses qui me dépassent.


Ce qui fait la force de chaque art, ce sont ses différents niveaux de lecture, propre à chaque spectateur selon sa sensibilité, son environnement ou ses connaissances. Tout dépend de ce que l'on recherche.

Iron Man
peut par exemple n'être perçu que sous l'angle du gros divertissement bourrin, et l'on peut parfaitement s'arrêter là. Il se trouve qu'ayant lu Ayn Rand, j'y vois pour ma part un message différent, celui de l'American Dream qui autorise chacun à la poursuite de son bonheur comme la Constitution US le définit, sans autre entrave que de ne pas nuire à autrui. Cette interprétation qui m'est propre réhausse l'intérêt que j'ai pour ce film.

Je comprends parfaitement que le dernier Tsai puisse rebuter, surtout quand il manque au spectateur des repères précis, comme la connaissance des autres oeuvres de Tsai, de la situation politique malaise, de la vision du monde du réalisateur,... Tout est ensuite question de curiosité : soit on a envie de creuser pour comprendre (le meilleur exemple restant l'univers lynchien), soit l'on rejette tout en bloc et on passe à autre chose.

Certains films (pas beaucoup) réussissent l'exploit de dépasser le cadre contraignant de la durée ou de la technique en suscitant la réflexion, en poussant à approfondir le sujet traité bien après le générique final. Ce sont des oeuvres qui changent notre vision du monde, qui donnent envie de les défendre envers et contre tout, provoquant l'agacement devant l'incompréhension de ceux qui n'y voient pas le même intérêt.

Je crois enfin qu'on est plus disposé à aimer un film lorsqu'on connait le pays où il se déroule, et encore plus lorsqu'on connait le réalisateur. Yann K défendait par exemple avec autant de virulence sur ce forum un Hong Sang-soo que Gilles n'avait pas aimé...



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07/06/08 18:27 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

Entre moi et Yann, c'était différent, on était pas d'accord sur un point de vue plutôt technique, sachant qu'il en sait beaucoup plus que moi sur le sujet. Cela dit, j'ai toujours pas changé d'avis.

Une autre fois, j'ai reçu un message d'un autre membre de cinemasie parce que j'avais cassé un film d'une réalisatrice coréenne. Il m'avait dit que c'était son premier film, qu'elle s'était cassé le cul et tout pour faire son film et que c'était pas cool de lui démonter son film. Le discours se tient ; j'ai sur le coup accepté de changer le titre (parce que c'est vrai qu'il était dur) mais j'ai laissé le contenu de la critique parce que je trouvais que ce que je disais dessus se tenait aussi, et c'est ce que j'ai répondu à ce membre respectable. Justement je reviens à ce que dit François, sur le fait qu'une critique dépend de la personne qui critique. Si on fait une mauvaise critique, les visiteurs liront la critique et verront s'ils se reconnaissent dans les goûts de la personne qui a écrit, et de toute façon, sur cinemasie il y a en général assez d'avis pour se faire une idée. Et justement, comme dit ghost dog, la vision que quelqu'un a d'un film dépend de ses connaissances sur l'environnement qui entoure l'oeuvre et ce qu'il sait du réalisateur, ce qui signifie que changer ou altérer une critique sous prétexte de quelque chose dont on n'est pas au courant n'est pas honnête.

Mieux vaut laisser sa pensée s'écouler, de toute façon, si le réalisateur ou le sujet est méconnu du spectateur, ça se voit tout de suite dans sa critique. Et l'esbrouffe est pas facile à faire passer.



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07/06/08 21:14 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

Epikt > Juste pour dire que je soutiens Arnaud de tout mon coeur (on ne va pas faire des bébés tout de suite mais presque).

Salut & merci pour ton soutien camarade ! Dis voir, je suis au rayon papier peint là, ils disent quoi à l'écho, garçon ou fille? Que je sache quelle couleur prendre. Bleu ou rose? Dans les deux cas y'a des nuages blancs et un soleil jaune autour. J'hésite...



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08/06/08 01:55 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

Encore une fois ça m'embête de ne pas avoir vu le film, je sais pas si ce que je vais dire s'applique à lui. (ça m'embête aussi d'amorcer ce genre de débat le jour où je pars en vacances, voilà qui est balo)

Ghost Dog:
Ce qui fait la force de chaque art, ce sont ses différents niveaux de lecture, propre à chaque spectateur selon sa sensibilité, son environnement ou ses connaissances. Tout dépend de ce que l'on recherche.
Il y a deux choses que je veux bien concevoir :
1/ suivant les sensibilités un film peut nous "parler" ou pas, donc on peut accrocher ou pas
2/ différentes personnes vont pouvoir chercher des choses différentes dans un film
Mais là on ne parle pas de niveaux de lecture du film, mais de centres d'intérêt du spectateur.

(euh, oui, je viens d'épuiser mon quota de tolérance, vous me pardonnerez les affirmations péremptoires qui suivent, hein ?)
*petits yeux de fennec écrasé*

Il est bien sûr intéressant qu'un film ait plusieurs niveaux de lecture (cf ton exemple d'Iron Man)(mince, y a une fiche Iron Man sur ce site ? il suffit que l'assistant cuisinier ait une grand mère chinoise ou quoi ? :D ), mais :
1/ pour pouvoir se prévaloir d'un deuxième niveau de lecture il faut déjà assurer le premier. Ce que je reproche à tous ces films Tsai Ming-Lianguesques (©Epikt 2008) c'est bien de totalement négliger leur premier degré, leur forme ou tout ce qu'on veut, en vertue d'un soi-disant propos hyper profond et autres références obscures que parrait-il qu'il s'y trouve.
Procéder de la sorte, si vous me pardonnez la comparaison grossière, c'est comme se fignoler un super design d'intérieur alors que la baraque n'a pas de toit. Juste absurde.
Donc ne mettons pas la charrue avant les boeufs : le film doit un premier temps se tenir en tant que film, vouloir dire quelque chose par lui même. Ensuite il peut s'amuser à aller plus loin, mais ensuite.
2/ ça vaut pour les films, mais ça vaut aussi pour le critique. C'est à dire qu'il devrait un premier temps voir ce que vaut le film - sa réalisation, son histoire, ce qu'il raconte,... - avant d'essayer de le relier à la situation géopolitique du moment ou à telle théorie psychanalitico-je-ne-sais-quoi.
Sans oublier que si le film n'est pas un bon film, ce n'est pas parce qu'en passant six heures à la bibliothèque à lire des bouquins sur le thème qu'il aborde je vais apprendre plein de trucs que ça va le rendre meilleur.
Après tout c'est le boulot d'un critique de cinéma, parler des films, pas de leur thème, pas de leurs intentions.
3/ rien à voir avec l'exigence ou l'hermétisme d'un film (dont ce genre de films de non-cinéma prennent souvent la forme). Un film peut être obscur, mais il doit contenir ses clés en son sein et mettre à disposition de son spectateur les éléments de compréhension, même si ces derniers doivent se triturer la cervelle pour les remettre en place. Cela n'empèche pas de faire appel à des références extérieures voir même dans les oeuvres antérieures (lire Gemini à la lumière de Tetsuo II c'est assez chouette) mais encore une fois cela n'a d'intérêt que si le film en lui même se tient (Gemini est un bon film indépendemment de Tetsuo II).
Si un réalisateur a besoin d'expliquer ce qu'il veut dire dans son film, c'est que c'est un mauvais réalisateur, point barre, et qu'il ferait mieux de changer de moyen d'expression (ne donner que des interviews par exemple).

PS : J'avoue que c'est déjà un truc qui m'énerve en Art (celui avec une majuscule, vous savez), ces oeuvres qui ne valent que par leur explication par l'artiste et/ou comme exemple à une théorie d'histoire de l'art.


Gilles > juste pour continuer à jouer mon extrémiste de bas étage : je ne trouve pas que l'argument "c'est son premier film et pis tu te rends pas compte un film c'est du boulot" soit valable. Un type peut passer sa vie à faire son film, si c'est mauvais c'est pas de ma faute.
(d'ailleurs à ce titre tu as eu raison de ne changer que le titre, s'il était "violent" c'est normal, mais pas le texte)


Arnaud > une fille (si c'est un mâle j'avorte).
Mais y a pas moins kitch comme papier peint ? Je sais pas moi, un truc avec des tentacules...



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09/06/08 01:43 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

>N'oublions pas que Florent n'écrit plus vraiment sur Cinemasie à cause de ce genre de commentaires sur ces critiques.

Ce qui me genait dans certaines "critiques des critiques" me concernant, c'était qu'elles n'évitaient pas toujours l'attaque personnelle sous prétexte d'un point de vue à contre-courant (l'inattaquable dans les milieux autorisés dont parle Arnaud, je pourrais tout à fait dire qu'il ne se limite pas au cinéma d'auteur). Mais la raison majeure de mon "recul" reste que j'ai moins de temps à consacrer à l'asiacinéphilie désormais. S'agissant de l'avis d'Arnaud, je n'ai pas vu le film mais je trouve que sa critique explique de façon argumentée pourquoi il est "resté à quai". Et sachant que le site est un site généraliste, il doit permettre à tous de savoir si un film est "fait pour lui"... et en particulier à celui qui ne serait pas rentré dans le cinoche asiatique par la case "film d'auteur" s'il peut tenter le coup.



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03/09/08 20:49 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

> l'inattaquable dans les milieux autorisés dont parle Arnaud, je pourrais tout à fait dire qu'il ne se limite pas au cinéma d'auteur

Pas faux. Du genre : "Martyrs est une sacrée bouse" tiens, au hasard, sans parler d'un "A l'intérieur" & de qq autres.

Pour en revenir au lien Wonderful Town / Tsunami, j'attends bcp de l'approche de Fabrice du welz
sur le prochain Vinyan. Je suis curieux. 




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09/09/08 08:13 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

J'apporte aussi mon soutien à Arnaud... sauf pour un petit détail qui m'énerve toujours autant : Tran est français (arrivé en France à l'âge de 8 ans), ses films sont français et  malgré les apparences une bonne partie du casting et su staff est français... donc pas vietnamien (d'origine vietnamienne... c'est pas pareil).

Sinon, c'est toujours un peu près la même chose... on prend une cinématographie peu connue, on importe que des gros blockbusters et un, deux ou trois ralisateurs qui font autre chose... et parce que c'est autre chose, ces réalisateurs deviennent des artistes (et donc des intouchables). Le cas d'Apichatpong m'amuse toujours autant. Le mec réalise 7 films (pas mal, mais pas énorme non plus, je rapelle que Hark se fait toujours attendre au virage et que WKW vient de se faire descendre par pas mal de monde avec son petit dernier), sur les 7 seuls 3 ont été distribué sen France (et pas à grosse échelle) et un quatrième est trouvable en dvd (si j'en crois la fiche cinémasie). Et on voudrait nous faire croire qu'un type qui a réalisé 7 films et dont personne n'a vu la totalité des films (maximum la moitié) est un monstre sacré du cinéma !?! Tout ça parce qu'il est différent de la petite illustration du cinéma thaïlandais qu'on a essayé jusqu'à maintenant... Bref, j'ai pas encore vu le film (pas eu le temps) et même s'il se peux que je l'apprécie, l est bon d'avoir des textes qui recadre un peu en échec ce que d'autre vont trouver superbe simplement parce que c'est une oeuvre d'art et que tout ceci s'explique....

J'ai juste une question. Tu as vu le film au cinéma Arnaud ?



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09/09/08 10:59 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

Salut MLF,

j'avais déjà évoqué le cas "Tran" dans la dépêche de Gilles concernant "I come..."; en fait seul "Cyclo" a été tourné au Vietnam; "L'odeur..." a même été entièrement tourné (aussi incroyable que cela puisse paraître) en banlieue parisienne avec un casting composé d'immigrés viets.

Quant à Apitchatpong, il n'a tourné que 5 longs: "Mysterious", "Blissfully", Tropical Malady" et "Syndormes", tous sortis en France + l'inédit "Adventures..." qui est en fait une co-prod commerciale avec un (très proche) ami et n'a rien à voir avec le restant de son oeuvre. "Worldy" est un court et "L'état des choses" un film à segments, dont il n'a réalisé qu'un court de 16 mn. A part cela, il a tourné quelques autres courts et / ou films expérimentaux et réalisé des installations (vidéo) pour le compte de quelques musées / expos.
Il départage clairement critiques et fans; mais son cinéma s'inscrit dans une vraie démarche "artistique" avec expérimentations sur le son / l'image et la narration. On accroche ou pas, mais la "démarche artistique" est indéniable.
Après tu peux toujours te poser la question de SA Consécration au dépens d'autres personnes...C'est sûr; sauf qu'à t'immerger dans le cinéma thaï, tu verras, qu'il n'existe pas beaucoup d'exemples concrets de "cinéastes / auteur", parce que a) le ciné thaï est un ciné avant tout commercial, b) la Thaïlande est un pays encore assez pauvre, où les artistes sont "rares" en raison de la difficile survie en tant que tel et c) les gens s'essayant au cinéma (et / ou la vidéo / DV, etc) restent également assez rares en raison du coût du matériel / possibilité d'études et de formation, etc.

A la différence d'autres jeunes réalisateurs expérimentaux actuels (je pense à Rakasad Uruphong), Apichatpong est quelqu'un, qui est sur la scène depuis des très nombreuses années et qui a essayé par tous les moyens (et son association "Kick the machine") de développer un courant alternatif en Thaïlande. Ses efforts ont été couronnés de très peu de succès (notamment en raison d'un désintérêt total des "jeunes 'artistes'", qui n'ont pas du tout répondu à son appel et aux facilités mis à dispo pour réaliser des courts pour préférer tenter leur chance aurpsè des gros studios commerciaux - ou abandonner leurs tentatives), mais auront au moins réussi à attirer l'attention d'investisseurs mondiaux.
Pour la petite histoire, c'est Luc Besson, qui a "découvert" Apichatpong et a distribué son "Blissfully yours" en cinéma en France - à grosses pertes (mais épongées par ces "Taxi" et autres films "grands publics"); Besson, qui a également injecté pas mal d'argent dans la cinématogrpahie thaïe sans avoir forcéement des bénéfices en retour.
On peut donc raisonnablement acclamer Apichatpong comme un vrai artiste au vue de sa filmo jusqu'à PRESENT - après on verra les chemins qu'il prendra...Difficile d'attendre aussi la mort d'un cinéaste pour le proclamer "artiste" ou artisan" sur jugement de l'ensemble de sa filmo.

Le cas "ASSARAT" est un peu différent; c'est quelqu'un qui "bénéficie" de l'engouemetn autour du cinéma thaï et de la consécration d'un Apichatpong. Le cinéma thaï a bénéificé d'un certain engouement lors de sa "Nouvelle vague" commencé en 1997 et sa consécration au début des années 2000 par les succès commerciaux de "Ong Bak" et "auteurisant" d'Apichatpong (deux prix à Cannes quand même); même si la Thaïlande n'a jamais su réussir comem la Corée, on attend toujours le "prochain enfant miracle". ASSARAT a le mérite d'avoir su financer et mener à terme un projet estampillé "auteurisant"; seul l'avenir (et ses prochains films) dira, s'il saura confirmer les qualtiés de son premier ou si c'était juste "un profiteur" de la situation (l'effet "festival": on tente de répondre à certains critères chéris par le circuit festivalier international pour se révéler "artiste"). Apichatpong - lui - a déjà fait ses preuves.

Si vraiment tu es intéressé par te plonger dans le ciné thaï, je te conseille la lecture du SEUL livre en français (et second seul au monde) à avoir traité du cinéma thaï:
http://www.asiexpo.com/boutique/thailande/thai_cinema_le_cinema_thailandais.html
(je m'en vante peut-être, mais j'ai passé suffisamment de temps à le superviser / coordonner / écrire pour n'en pas faire la promo de temsp à autre, surtout qu'il est quasiment épuisé à a lvente !!  ;  p  ).
Il y a notamment des belles explications par rapport à la difficulté d'exister du cinéma indépendant thaïlandais.

Voilou...   ;  p



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10/09/08 23:25 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

un grand merci pour ta réponse Happy qui fut très instructive. Je ne connais pas le cinéma thaï et je pense que je ne m'y invisterais pas dans l'immédiat (je n'aime pas me disperser), mais je note le livre que j'irais chercher à ma prochaine visite en librairie et j'apprécie les éclaircissements que tu as apporté. Je me méfie tout de même d'un aspect de ton discours dans la manière dont tu sous entends ce qu'est un film d'auteur
ou artistique en opposant ces mots à divertissement. Je connais plus d'un réalisateur dont le travail sert de divertissement mais qui sont des auteurs à part entière (Jeff ... je suis donc bien certain que dans les blockbusters thaï il y a des films d'auteur et que ce ne sont pas forcément ceux qui arrive sur notre sol



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10/09/08 23:25 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

un grand merci pour ta réponse Happy qui fut très instructive. Je ne connais pas le cinéma thaï et je pense que je ne m'y invisterais pas dans l'immédiat (je n'aime pas me disperser), mais je note le livre que j'irais chercher à ma prochaine visite en librairie et j'apprécie les éclaircissements que tu as apporté. Je me méfie tout de même d'un aspect de ton discours dans la manière dont tu sous entends ce qu'est un film d'auteur
ou artistique en opposant ces mots à divertissement. Je connais plus d'un réalisateur dont le travail sert de divertissement mais qui sont des auteurs à part entière (Jeff Lau ... je suis donc bien certain que dans les blockbusters thaï il y a des films d'auteur et que ce ne sont pas forcément ceux qui arrive sur notre sol



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11/09/08 23:30 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

> Tu as vu le film au cinéma Arnaud ?

Yep, au ciné des Carmes à Orléans (pub). Les sièges y sont confortables, j'ai très bien dormi  :-)

> S
eul "Cyclo" a été tourné au Vietnam

Ca tombe bien, c'est le seul de Tran que j'ai vu.

>
Luc Besson, qui a "découvert" Apichatpong et a distribué son "Blissfully yours" en cinéma en France

Europacorp fait un excellent boulot à ce niveau, c'est grâce à eux, par exemple, que le très barré Adam's Apple nous est parvenu. Passé hier soir sur Arte. Rediffusions : 16.09.2008 à 01:15



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11/09/08 23:50 RE: Raison et sentiments - critique d'Arnaud de "Wonderful Town"

pour cyclo, le lieu du tournage ne défini pas la nationalité d'un film. Cyclo est, comme les autres films de Tran, un film français


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