L'humain plutôt que la patrie
Quand on vous annonce "le film de guerre chinois n°1 au box office local", on imagine assez vite un autre de ces films ultra patriotiques aux moyens humains conséquents mais à la technique encore un peu limitée, à la "
On the Moutain of Tai Hang" mais avec le bénéfice des trois ans qui les séparent. On parle de mauvaises habitudes, c'est heureusement le cas ici, puisque le bien mal traduit
Héros de Guerre est un drame humain poignant avant tout.
Le film ayant reçu l'aval du bureau de la censure, on se doute évidemment que le propos reste patriotique. Mais ce côté nationaliste est finalement réduit au strict minimum. Rarement on entend des propos acerbes sur l'ennemi, ce dernier n'ayant tout simplement jamais la parole et dont l'identité n'a finalement pas beaucoup d'importance dans ce scénario. Du côté des "gentils" chinois, on trouvera des éléments critiques assez étonnant dans un film "patriotique", le héros commençant le film en abattant un ennemi désarmé, puis devant se battre contre son propre camp pour prouver son identité. La suite n'est guère plus valorisante pour l'image de la guerre en général, et la politique n'y prend jamais plus d'importance.
Héros de Guerre est avant tout et surtout un drame humain qui parle d'un petit groupe d'hommes et de leur leader, et de l'importance de la mémoire. Le film déborde donc largement du simple conflit armé pour parler de l'après et de la lutte de Gu pour retrouver ses anciens compagnons d'arme. Il n'y a rien de fondamentalement nouveau dans cette histoire, mais sa simplicité et son authenticité font justement sa force. La quête acharnée de Gu Zidi touche car elle n'a rien d'un message va-t-en-guerre nationaliste mais est porteuse au contraire de simples valeurs humaines.
Les acteurs chinois sont comme toujours crédibles au pire, très bon au mieux, avec en tête Zhang Hayu. Techniquement, le film creuse un vrai fossé avec ses prédécesseurs chinois: on est tout simplement au niveau de n'importe quelle superproduction internationale. La scène d'ouverture, entre
Il Faut Sauver le Soldat Ryan et
Frères de Sang est en l'exemple parfait: photographie froide très soignée, caméra à l'épaule très nerveuse, moyens pyrotechniques très impressionnants, on est loin des productions chinoises habituelles.
Au final, on retiendra surtout de ce
Héros de Guerre son efficacité dramatique et technique bien sûr, mais aussi la quasi absence de message patriotique qui place habituellement la nation au dessus de l'individu. Le "héros" du film homonyme de Zhang Yimou est à ce titre bien loin. Excellente surprise donc.
« Je veux ma médaille !!! »
Héros de Guerre se présente comme un mixte entre le film de guerre grosse production style Il Faut Sauver le Soldat Ryan (référence quasi-obligatoire depuis une décennie) et le film de guerre nationaliste chinois (aïe aïe aïe).
Après une première partie grosse bataille, grand spectacle et tutti quanti vient le besoin de reconnaissance du bon soldat patriote. Et là patatrac, le début prometteur et plutôt agréable à suivre s'écroule tel un château de cartes. Cette volonté obsessionnelle de recevoir une décoration (juste une médaille hein, rien de plus...) pour ses actes passés sera le leitmotiv du reste du film. Cette quête est clairement lourde, redondante et irritante. SPOILER Après une seconde moitié de film remplie de jérémiades, rebondissements caducs et réclamations diverses le capitaine reçoit enfin cette foutue médaille... c'est bon il est content, il peut enfin se taire et crever en silence FIN SPOILER. Enfin bon n'oublions pas non plus que ce vaillant soldat n'hésite pas à tuer des japonais qui se rendent drapeau blanc en main... mais bon ces soldats avaient tué ses braves camarades alors c'est forcément plus acceptable... bref, relou.
Pompier
Si la première heure récite fort efficacement les leçons apprises d’un Soldat Ryan/Taekguki, la seconde heure se traîne de manière interminable et incroyablement désordonnée dans un brouillon de scénario mêlant quête du souvenir et de respectabilité sur fond de mouvement de grues et de violons. Même si le message patriotique semble plus mesuré que les précédents blockbuster chinois, le propos laisse un sale gout dans le bouche… prend ta médaille et tais toi !
Body counts
Une première heure sous forme de sous-"TaeGukGi" (tiens, les effets spéciaux est de la même boîte d'effets spéciaux!!) avant de virer au drame humain plus intimiste. Dommage seulement, que Feng Xiaogang (et/ou son co-réalisateur Zhang Li) ne sachent davantage s'impliquer dans leurs blockbusters taillés sur mesure pour le marché (inter-)national pour donner l'émotion absolument nécessaire pour le traitement de l'histoire. Reste quelques belles scènes d'action (quand la caméra daigne s'arrêter de trembler pour…trembler et faire comme les plus grands) avec des corps giclant à chaque coin de l'image – mais aussi des grands moments de ridicule, notamment quand le personnage "lettré", poncif du genre, va connaître toutes les horreurs de la guerre en moins de 15 secondes…et en coule une longue traînée de morve, mystérieusement disparue au plan suivant.
Critique plus détaillée et constructive dans un proche avenir.