Banal ! Sans inventivité ! Mise en scène absente ! Interprétation honorable ! Ce n'est certainement pas le chambara parfait ! Ce film ne supporte pas la comparaison avec les Baby Cart, Lady Snowblood ou même les autres adaptations du Passage du Grand Bouddha!
Au dos de la vidéo éditée par Ciné Horizons, on peut lire ce commentaire de Tatsuya Nakadai au sujet de son rôle :
"Si on compare les deux interprétations du personnage de Ryunosuke Tsukue, la mienne est plus sauvage, plus barbare, plus intense que celle de Raizo Ichiwaka. Et beaucoup plus pathologique."
Hum ... Plutôt osé cette comparaison mal placée dans la mesure où le film de Misumi dépassé sword of doom sur tous les plans visuels, narratifs ( ce contentrant sur l'histoire et non le discours ) et surtout de l'interprétation. Car qu'on se le dise Ichiwaka reste l'une des figures les plus emblématiques du Japon, surpassant sans conteste Nakadai.
Dark sword play
M'attendant à un très gros film, vu son importance dans l'histoire du chambara (marquant le tournant d'un chambara clasique et statique avec celui bien plus virevolté et réaliste), je ne pouvais être que déçu. Certes, il y a des images très chocs et des plans de toute beauté (moulin à eau, extérieur sous la neige, ...), les interprétations sont remarquables et la fin de tonnerre, mais le scénario est très décousu, l'approfondissement des personnages très approximatifs; or, il aurait été d'une importance capitale d'expliciter quelque peu les motivations du héros, possédé par l'épée ou d'esquisser d'avantage les quelques protagonistes surgissant d'un coup à la fin du film. Toute fin, qui s'arrête net - à vous d'imaginer la suite, mais vu l'intrigue mise en place auparavant, on reste sur sa faim.
A noter la violence de certains plans vers la fin du film; tout d'abord cachée ou simplement amorcée, le réalisateur laisse littéralement exploser toute violence contenue lors de l'immense affrontement final.
Si seulement les 1h45 restantes auraient pu être du même accabit, que cette fin hautement métaphorique et vraiment magnifique, "Sword of Doom" aurait pu s'avérer un des plus gros classiques de l'Histoire du conéma japonais; en cet état, il n'est qu'une oeuvre majeure à citer, mais ne convainc qu'à moitié.
Intéressant, mais certains points auraient mérité un traitement différent.
Comme il s'agit du premier "vrai" chambara que je vois, ma critique risque d'être relativement naïve.
Pour commencer, j'ai été impressionné par la manière dont a vieilli le film. La photo est impeccable, les images vraiment bien travaillées, bref l'esthétique générale n'a pas pris une ride.
Même chose pour les combats, ils sont secs et violents, ce qui fait que même maintenant ils passent très bien (les quelques effets gores sont loins d'être ratés).
La réalisation très contemplative est efficace, et même si le rythme n'est pas des plus soutenus, on ne s'ennuie pas, et on suit les péripéties des différents protagonistes avec intérêt (même si on ne s'attache pas réellement à eux finalement).
Et là est le principal problème: à la fin, on ignore le destin de certains personnages, et finalement, ça nous est égal, parce qu'on ne s'est pas suffisament attaché à eux. Leur traitement reste trop superficiel, et les voies explorés ne sont pas assez appronfondies.
C'est particulièrement frappant pour Ryonosuke. Son cheminement dans la violence et dans la folie est vraiment trop soudain. Il n'y a pas de montée en tension, pas suffisamment d'éclats de colère, de frénésies meurtrières.
L'acteur, même s'il ne joue pas mal (avec sa tête de corbeau) est trop passif. Son Ryonosuke est trop sombre, trop renfermé, pour être vraiment inquiétant. De plus, son entrée dans le groupe shinsen ne passe pas forcément pour une recherche du meurtre. On peut vraiment penser qu'il le fait par conviction (même s'il "fait partie du groupe sans en faire partie", cet aspect n'est pas suffisamment travaillé pour qu'on le ressent vraiment.)
Ce qui fait que quand arrive l'hécatombe final (sublime quant à lui), on ne se sent pas autant impliqué qu'on le devrait, et on reste sur sa faim.
Reste un bon film, bien tourné, mais un peu creux à cause de certains détails dérangeants.
Almost Human
Pas loin de cinquante ans après sa sortie,
Le Sabre du Mal reste une œuvre techniquement impressionnante, à l'interprétation hallucinée de Tatsuya Nakadai et au noir/blanc contrasté jusqu'à la surcharge. Plusieurs passages de ce chanbara marquent indéniablement la rétine et l'esprit: le premier meurtre, celui de ce pauvre vieillard qui avait invoqué les divinités pour qu'elles lui abrègent l'existence quelques instants plus tôt, le massacre par Ryunosuke (Nakadai) d'une dizaine de sous-fifres lui ayant tendu une embuscade en un fabuleux plan-séquence latéral, les scènes de traque et d'affrontements sous la neige superbement photographiées et bien sûr le protagoniste qui sort de ses gonds pour un final à la brutalité et à la violence graphique des plus audacieuses en 1965. Mais c'est aussi entre ses moments de furie un film extrêmement lent et bavard, où le récit avance trop souvent par le biais des dialogues plutôt que celui de l'action – caractéristique imputable à une bonne partie du cinéma japonais de cette époque mais qui dessert ici l'ensemble en lui donnant un côté hétérogène. À réserver aux plus fervents inconditionnels du genre.
Chambara!!!
Le chambara est le terme populaire de Ken-geki. Trouvant ses origines dans le kabuki et le théâtre traditionnel (mais visant la classe populaire au contraire du No), le chambara est un genre peu connu en Occident. Si si... Plusieurs films considérés comme tel, n'en sont pas du tout.
On disait avant au Japon "Une scènes de chambara". Chambara veut dire sabre et rien d'Autre.
En aucun cas les films de Kurosawa Akira ne peuvent être considérés comme tel. Ou alors Hitokiri (Tenchu) de Gosha. Dans ce dernier le sabre n'est qu'un outil. Et même pas narratifs.
Le sabre doit être le sujet ou alors, ce par quoi passe la narration. Le déclencheur. Ou ce qui va résoudre le drame.
En ce sens, Sword of Doom est un chambara parfait.
Dans le chambara traditionnel, la structure reposait sur l'attente insoutenable du duel ou du massacre final. Une lenteur souvent insoutenable qui nous amenait au duel final où finalement une violence purificatrice pouvait exploser. Cathartique. Souvent le duel était précédé de rituel purificateurs annonçant l'ultime purifications: celle de la violence.
Bien sur cela ne pouvait que déplaire aux critiques occidentaux pour qui l'action est souvent mal vue. Ce qui les poussaient à détester les chambaras, les passer sous silences et dire des choses comme "Les 47 Ronins de Mizoguchi est génial car il n'y a pratiquement pas d'action et l'assault final n'est pas montré."
Mais imaginez le spectateur japonais qui se tape deux films, lent, lent, lent et qui à la fin ne montre rien. C'est pourquoi cette version des 47 vengeurs à été un échec cuisant au Japon (dans sa filmo).
Dans les années 60 par contre, les réalisateurs ont ajouté de plus en plus de scènes d'actions. Mais si on considère les Ninkyo comme des chambara (le drame se termine presque toujours par un massacre au sabre), alors on peut dire que les sixties sont la décennie du chambara.
Sword Of Doom est un chambara parfait et il annonce les films de sabre chinois.
En effet, tout passe par le sabre. Frère de Samurai Assassin, le précédent film d'Okamoto, Sword of Doom est une étudie le même type de héro. Condamné par l'histoire pour cause d'Aveuglement. Comme Mifune dans Samurai Assassin, Nakadai ne croit qu'en les arts martiaux. Il ignore que la fin des samourai est proche. En 1867 le Shoguna tombera et l'ère Meiji commencera : Les samouraï devront se reconvertir.
Mais ça, Nakadai l'ignore. Comme dans Samurai Assassin, plusieurs occasions de prendre une nouvelle route s’offriront à lui, mais il les refusera à cause de son sabre. D'ailleurs, chacune de ces scènes où il se fait offrir un nouveau future montre le sabre bien en vue. Dans l'une de ces scènes, Okamoto utilise la profondeur de champs. Le sabre est en avant plan alors que les personnages discutent derrières.
On pourrait considérer le héro de cette histoire comme le "bad guy". Comme dans plusieurs films Mifune est le bon et Nakadai le méchant, mais ici c'est le "méchant" la vedette.
Chaque fois que Nakadai utilise le sabre, un sourire béa se dessine sur son visage. On pourrait croire qu'il jouit à l'idée de tuer. Mais en fait c'est la jouissance d'utiliser son sabre. Seul les arts martiaux l’intéressent. Prouver que sa technique est la meilleure. C'est pourquoi lorsqu'on lui demande de perdre, c'est comme lui demander de renier ce qu'il est. Ou de perdre sa virginité (ceux qui ont vu savent de quoi je parle).
Plusieurs on été intrigué par la structure du film et sa fin. Il faut savoir que c'est l'adaptation d'une trilogie, déjà adapté par Kenji Misumi et Uchida auparavant. Certains croient que Okamoto n'A pas pus adapter le reste donc que le film est incomplet. Je ne sais pas. En fait, que ce soit volontaire ou non n'a na pas d'importance, car par cette fin, le film prend une autre dimension.
Regardons la structure:
- Nakadai qui ne croit qu'aux arts martiaux, est heureux lorsqu, il a une raison de sortire son sabre. Le film montre donc les résultats de l'utilisation du sabre. On suit les répercussions sur différents personnages et tout ce que cela entraîne. Et comme une cercle, tout revient au point de départ: Nakadai.
- Plusieurs déplore qu'il N'y ait pas de duel Mifune-Nakadai. Mais comme le dit si bien Mifune dans le film, c'est inutile. Okamoto ne va pas donner au publique ce qu'il veut. Mifune le dit: ce serait ridicule et il refuse. Okamoto nous force à nous associer au personnage de Nakadai. Mifune ne désire pas ce duel qu'il juge inutile. Mais Nakadai et le publique le désire.
- Ensuite, le publique reproche souvent au film d'avoir montré tout pleins de personnages pour ensuite les abandonner. Bien sur les gens qui savent que c'est une trilogie pourront dire que c'est parce que le film est incomplet. Mais si on y regarde de plus prêt et que l'on analyse le film pour ce qu'il est, c'est à dire sans la suite, la fin me parait justifié.
Il n'est pas important de savoir comment ça va finir. On le sait. Tout le monde veut la peau de Nakadai. Nakadai utilise sont sabre. Il y a des conséquences. Tout au long du film on voit où ça où les dites conséquences mènent. C'est à dire, directement à Nakadai.
C'est à dire qu'il devra utiliser son sabre pour régler des situations qu'il a lui même engendré avec son sabre.
Mais voila, le monde va changer. Bientôt, ce sera la politique, l'argent des marchands qui vont gouverner les vies (en fait c'était déjà ça mais bon....) L'homme-guérrier qui pouvait encore survivre avec ses forces physiques, ses techniques de combats ne sera plus le plus fort. Bientôt, le monde du sabre ne sera plus. Il sera impossible de se servir d'une épée pour régler ses problèmes (encore que....). Tout sera plus complexe (en apparence).
Mais Nakadai est un être simple. Dailleurs pour moi, le personnage le plus répugnant est son père. Hypocrite et odieux. Il veut faire tuer son fils qu'il juge mauvais. Mais dans une scène Nakadai explique à sa "femme" que son père ne croyait que dans son sabre. Par contre il aimait la flûte. Nakadai est donc le résultat de l'éducation de son père. Lui aussi aime la flûte. Il le dit "j'ai tenté de l’imiter et j'ai donc joué de la flûte".
Il est donc le total résultat de l'éducation de son père. Il est pareil En voulant le tuer, son père veut donc tuer ce qu'il est. Peut-être se sent-il coupable, peut-être a-t-il honte. Ou peut-être a-t-il compris que des gens comme lui et son fils n'ont plus leur place en ce monde....
Ce qui m'amène à dire que la fin est une sorte de happy end.
La première interprétation serait de dire que le héro est prisonnier de son propre enfer. En terminant sur un "freeze frame", le film ne se termine donc pas, Nakadai et prisonnier de l'enfer qu'il a créé, pleins de fantômes, de remord et de gens qui veulent le tuer.
Mais il y a un autre niveau d'Interprétation.
Alors qu'Il est attaqué par les fantômes, donc par les remords, la morale, la culpabilité, soudain des hommes de chair et d'os attaquent. Il faut voir le sourire de Nakadai. C'est le sourire de contentement. De joie. Il peut utiliser son sabre. Il a une justification.
Il ne peut vivre dans le monde moderne où tout est plus compliqué. De plus la moral condamne ses meurtres. LA moral est une chose venant de la société. Ici on n'ira pas jusqu'à discuter des implication de la moral en tant qu'outil de pouvoir. Mais il faut seulement savoir que moral= société.
Nakadai est "swordman". Rien de plus, rien de moins.
IL est heureux, parce qu'ici il a une raison parfaite d'utiliser son sabre. Les causes et effets sont immédiats et instantanés. Si il veut vivre, il doit tirer son sabre. Il l'utilise et les conséquences sont immédiates: la cause (utiliser le sabre), l'Effets (morts), conséquences (morts, revenge, attaque de nouveau) sont instantanés.
En fait, la scène ultime de massacre est un résumé du film que l'on vient de voir. Où alors, le film était une pratique générale. Tout au long du film on suit les conséquences des meurtres du héro. Mais tout ça était bien compliqué. Il ne pourra survivre dans ce monde. On le voit bien. Le résultat est que tous veulent le tuer, mais ils utilisent des moyens modernes et compliqué: complots, alliances, revolver etc etc.. Nakadai est un homme d'épée simple. Le monde qu'il lui faut est celui où la survivance passe par les qualités martiales. Le plus fort est celui qui a La technique ultime. Et Nakadau est certain de sa technique. Sa jouissance est de le prouver.
Juste avant la fin, les remords l'attaquent. Il semble devenir fou.
Donc, le massacre final est un "happy end". Le monde parfait pour lui. Des êtres de chairs, pas des fantômes, qui l'attaquent, donc lui donne une raison d'utiliser son sabre et de démontrer la perfection de son art martial. Et les conséquences sont immédiates et simple: morts ou contre-attaque.
Donc le "freeze frame" n'enferme pas le héro dans un enfer à proprement dit. Son enfer certe, mais pour lui c'est le paradis. D'où sa joie, son energie.....
Côté chambara, le film va plus loin que son prédécesseur. Samourai Assassin respectait la structure classique de l'action tout à la fin. Sauf les quelques scènes de boken et du meurtre, pour entre autre démontrer la puissance martial du héro. MAis Sword of Doom emprunte une structure plus moderne. Moderne car elle annonce les films d'arts martiaux des années 70-80.
Scènes de pratiques, duel au boken, embuscade, duel 1 contre 20, 1 contre 100.
On assiste à un duel traditionnel au boken basé sur le suspense de l'Attente et la technique. On y voit des scènes de pratique où un personnage pratique ses "attaques". Il y une embuscade, passage quasi obligé (plusieurs ninkyo ont une scène où le héro ou un personnage se fait attaquer en embuscade et dans les films de samurai, c'Est commun depuis les années 20). Il y a une scène où Mifune est entouré d'Ennemi. Et bien sur la finale, une des plus longues scènes de sabres de l'époque...
Tout ces éléments de retrouveront dans le wu xia pian Hong-Kongais....
Couplé à une photo excellente, un noir et blanc excellent (j'aime les scènes de neiges), ce film est une référence pour tout ceux qui aiment les chambara.
De plus, il partage une idée crépusculaire de la chevalerie. Comme les westerns Italiens de Leone et plusieurs autres chambara et wu xia, c'est la fin d'Une époque qui est montré.
Un vertigineux retournement du "chambara" !
Réalisé par un cinéaste peu habitué du genre, "Sword of Doom" n’en est pas moins un chef-d’œuvre du chambara, et livre probablement la vision la plus crue de la vie des samourais à travers la dérive à la fois sociale et psychologique de son héros. C’est un film particulièrement sombre et violent, magistralement dominé par l’interprétation de Tatsuya Nakadai, qui fut l’autre grand acteur vedette du film de sabre japonais dans les années 60 après le (déjà) vétéran Toshirô Mifune. Les deux acteurs se retrouvent d’ailleurs ici réunis, après une première "confrontation" dans le "Yôjimbô" ("Le Garde du corps") de Kurosawa en 1961. Le style dramatique de Nakadai apparaît plus moderne que celui de son aîné Mifune, dans le sens où il donne dans ses films – et surtout dans "Sword of Doom" – une interprétation moins héroïque et virile mais plus nihiliste du héros samourai, tout à fait dans le ton des années 1960-70. Dans le même temps, le film d’Okamoto respecte parfaitement les lois du genre, avec ses combats rapides et foudroyants mais longuement préparés et suivis d’accalmies aussi lentes, sous la pluie ou sous la neige, ce qui confère à l’histoire du samourai fou "Ryunosuke Tsukue", devenu une véritable machine à tuer, une violence et un désespoir bien plus efficaces que par le recours à tout effet de style "moderniste". Le chambara ici est véritablement dynamité de l’intérieur, à la fois magnifié par l’une de ses expressions les plus réussies et condamné par la violence que celle-ci révèle et dénonce en nous entraînant dans une authentique et fascinante descente aux enfers.
J'aime!
Long et dense, ce film présente une des fins les plus démentes qu'il m'ait été donné de voir, tant par son audace que par son imprévisibilité. La photo est très soignée (j'avoue un faible pour la scène sous la neige) et le jeu des acteurs parfaits, avec mention pour le grand Toshiro qui tient un rôle court mais très fort et signifiant.
Tout d'abord, la réalisation du film est très bonne, sans surprise, mais très sobre, avec des plans profitant bien des éclairages, renforcé par le noir et blanc, qui apporte une ambiance parfaite par rapport au theme abordé.
Tatsuya Nakadai nous livre une très bonne interprétation, quant à Toshiro Mifune, son rôle est secondaire, mais très important (sa grande scène est l'une des plus belle au niveau des combats, sous la neige, et c'est en même temps le tournant pour le personnage principal qui regarde lui aussi cette scène)
Mais voilà, le film est assez long, long pour ne pas raconter grand chose, de plus, malgrès de nombreux combats, le film peche au niveau du rythme...et l'histoire est assez décousue, peut être justement car elle est en fait assez pauvre, ou peut être à cause du montage.
Il y a donc des passages excellents et le film est loin d'être moyen, mais voilà, on sent qu'il aurait pu être vraiment top : mais j'ai l'impression que tout est misé dans l'interprétation de Tatsuya Nakadai et dans la réalisation de Kihachi Okamoto, au détriment tout simplement de l'histoire...le film gagnerait à être plus court, ou alors d'appronfondir l'histoire, la narration.
Tueriiie !
Ce film, pour être direct, est un chambara énorme qui n'accuse absolument pas son âge (1966 quand même).
Pas une ride.
Qualité particulière du film : le héros est sombre, froid et plus fouillé que les héros habituels du genre...
Un héros hyper intéressant, donc, imprévisible, et ce jusqu'au magnifique climax final du film, dont je tairai la teneur pour ne pas spoil, mais qui est, c'est peu de le dire, une réussite énorme.
Les acteurs, dont le génial Nakadai Tatsuya en héros (qui paraît calme en surface la plupart du temps mais qui, lorsque c'est nécessaire, comme sur la fin, livre un jeu énorme) sont tous parfaitement dans le ton, sans exception aucune.
Coté technique, c'est on ne peut mieux filmé, y'a vraiment de très jolis trucs.
Seul léger reproche, quelques baisses de rythme, mais pas énormes sur les 1 H 50 du film.
Bref, on approche de la perfection.
La voie des damnés
Sword Of Doom est l'exemple type du chambara noir et pessimiste. Le héros magistralement interprété par le grand Tatsuya Nakadai est un criminel qui use de son sabre comme un objet phallique grâce auquel il jouit de la mort de ses victimes. Il faut le voir pendant tout le film tirant une gueule pas possible, desespéré, le regard vidé de toute émotion et subitement un éclair, un sourire, des yeux qui s'écarquillent lorsquu'il use de son arme.
Très sombre et crépusculaire, Sword Of Doom dépeint un univers sans concession fait d'hommes durs et taciturnes. Les femmes sont reléguées au rang de faire-valoir ou de courtisanes élégantes.
Le déroulement est un peu similaire au chef d'oeuvre de Masaki Kobayashi "Goyokin", bien que les deux histoires n'est rien à voir ensemble. Je veux parler de la longue traversée qui conduit à l'inéluctable avec une ahurissante explosion d'ultra-violence. Cette fois-ci la violence est présente comme rarement dans un chambara - tout du moins dans ceux que j'ai eu la chance de voir - , chaque instant en suspend préfigure le pire. Les combats sont comme souvent dans le chambara, lents et contemplatifs, basés sur l'observation avec une fulgurante explosion de violence au moment du coup fatal. Les causes de l'acte sont montrées en contre-champs et la caméra vient immédiatement se replacer sur le regard épanoui de plaisir du vainqueur. On peut y voir une sorte de domination toute masculine quasi sexuelle.
Esthétiquement le film est très beau, avec certains passages magnifiques, comme celui où les mercenaires se déplacent sous la neige.
Contrairement au Gosha de Goyokin ou au Kobayashi de Rebellion, Kihachi Okamoto semble moins utilisé le genre pour véhiculer des idées ou pour mettre en avant des théses réprobatrices. Je crois décerner chez lui plus une envie de pénétrer l'univers des samourais, une recherche quasi psychanalitique. Son cinéma est tout aussi chirurgical et viscéral que celui d'un Kobayashi, mais plus proche d'un Misumi quant à l'approche.
Très lent par moment, avec des explosions de violence quasi réparatrices et jouissives, Sword Of Doom est un habile film de sabre dans la plus grande tradition du genre. Une peinture sans concession d'un univers d'hommes féroces qui pensent avec leur arme de mort.
La mort semble être le chemin de croix de ces âmnes damnées, leur but étant la domination.
Le final carrément terrassant, finit de nous achever, avec une explosion de violence que l'on peut comparer à celle du Rebellion de Kobayashi.
Décidément le chambara est fait pour moi, Christian !!!! ...des adresses ???
Magistral !
Pour faire simple, je vous plante le décors :
- Un scénario de HASHIMOTO Shinobu (Rashomon, Vivre, Les Sept Samouraïs, Le château de l'araignée, La Forteresse Cachée, Hara Kiri).
- "Ryunosuke" joué par NAKADAI Tatsuya (Les Sept Samouraïs, Yojimbo, Sanjuro, Hara Kiri, Goyokin l'or du Shogun, Kagemusha, Ran, Après la pluie).
- "Shimada" joué par MIFUNE Toshiro (Rashomon, Les Sept Samouraïs, Le château de l'araignée, La Forteresse Cachée, Yojimbo, Sanjuro, Barberousse).
Bref, vous l'aurez compris, les 3 hommes se connaissent par coeur, et avec KUROSAWA Akira ils constituront d'ailleurs une sorte de carré d'or incontournable du Chambara durant presque 20 ans au Japon.
Du coup, sans étonnement, il n'y pas une seule ombre au tableau si ce n'est une fin inachevée ? A part ça il n'y a pas grand chose à redire, pour moi "Le Sabre du Mal" est un chambara exceptionnel, tout simplement l'un des meilleurs du genre.
le chambara de la transition....
pourquoi peut on parler de "transition" en parlant de ce chambara??
parce que celui ci jette un pont entre deux conceptions pas si antagoniste que ca du film de chambara...
en effet,il adopte la facture classique du chambara basée sur la dualité attente/combat et,dans le meme temps,s'ouvre vers le pur spectacle de l'action...;
c'est donc un objet ibride: parfois lent(comme un chambara classique) parfois explosant dans l'archi violence....
en fait je pense que ce film peut plaire,aussi bien au tenant du chambara classique comme peut l'etre un "harakiri" par exemple et aux amateurs des aventures de "baby cart" et autres habitués du bain de sang...
d'un point de vue de l'action,il est vraiment très reussi,des scenes de sabres impressionnantes et un "body count" final jouissif....
il est cependant peut etre un peu trop confus au niveau de la narration;on se perd facilement dans toutes ces intrigues
Le must, a voir absolument
et contrairement à green snake, je le prefere de loin à la trilogie satan's sword ( les 2/3 de misumi)
nakadai enterre ichikawa ;)
Le plus grand rôle de Nakadai.
Tout comme Le Sabre, ou Tuer, tous deux de Misumi Kenji, Le Sabre du Mal est l'un des exemples les plus extrêmes du chanbara nihiliste des années 60. Le message est presque trop limpide : la Voie du Sabre ne mène à rien. Ou, plus exactement, elle mène au néant. Autant dire, à l'auto-destruction.
La puissance de cette oeuvre provient en grande partie de l'interprétation hallucinante et hallucinée de Nakadai Tatsuya. C'est pour moi sa plus grande performance, ce qui n'est vraiment pas peu dire. Il porte le film sur ses épaules, tout comme il porte, par exemple, Hara-Kiri de Kobayashi Masaki, à la différence près que Le Sabre du Mal aurait été un grand film même sans lui, ce qui n'est peut-être pas le cas du Kobayashi.
Je ne peux pas le cacher, c'est un film qui me fascine. L'un de ceux que je pourrais voir tous les jours sans me lasser.