un si beau texte
En poche, la Ballade de Narayama coûte à peu près le même prix qu'une place de cinéma. C'est un texte magnifique. Je ne savais pas qu'il avait déjà été adapté en 1958 (de façon plutôt emmerdante à en croire la seule critique qu'on trouve ici) et je me suis précipitée à sa sortie sur le film d'Imamura, dont la version, rappelant que l'homme appartient au règne animal, m'a semblé hardie et brillante.
Le plus féroce des prédateurs
L'audace d'un remake de la célèbre légende ne trouvait justice que par l'accaparement toute personnelle d'un talentueux réalisateur et de son univers. Cette nouvelle ballade en est le parfait exemple. Elucidant la vieillotte précédente "sage" transposition brillant surtout par sa parfaite mise en images et le nombre de magnifiques chansons, Imamura s'empare du sujet pour dépeindre les humains comme la pire espèce d'animaux. Les habitants du village sont tels des primates, ne pensant qu'à se nourrir, copuler et se débarrasser de tout poids inutile (les vieux et faibles) pour assurer leur propre survie. Le frère retardé n'est que le reflet à peine plus foncé de ses congénères dits "normaux". Seul le fils, obligée par la tradition d'emporter sa mère - pourtant encore pleine de ressources et assumant parfaitement le rôle de "nourrice" par son secret de pêcher les poissons - à la montagne pour la laisser y mourir. De par son traitement particulier, ce conte développe toute sa noirceur et cruauté et dénonce la bêtise humaine. Le thème se retrouve d'autant plus actuel, que le vieillissement de la population pose aujourd'hui un réel problème; la montagne a laissé place à des hospices ou maisons de retraite, où nos parentés se meurent - parfois - dans l'indifférence la plus générale.
Magnifique ode philosophique, cette ballade remue bien des émotions...
Un film cruel qui nous ramène à certaines réalités
Dès le départ, on est frappés par la beauté des paysages, l'utilisation parcimonieuse mais très inspirée et les plans fluides. Malgré tout, je ne pense pas que "beau film" soit l'expression qui convienne.
Dès lors, on sait qu'on sera confrontés à la dureté de cette nature, qu'elle aura un grand poids dans l'histoire. Mais le constat le plus frappant en voyant un film pareil, c'est que malgré cette légende qui veut que (je me permets de dire ça, car pour moi ce qui se passe dans ce film est intemporel, même si ça peut faire peur de le penser) les gens de la ville soient superficiels, à l'image de leurs relations, les paysans et villageois sont tout aussi peu consistants. Pour moi, le but premier du film est de dénoncer la bêtise humaine, sous toutes ses formes.
Après tout, le personnage d'Orin, la mère n'est elle pas bornée et méchante (ses acters peuvent en tout cas être interpétés ainsi)? Alors que l'actrice qui la joue est si lumineuse, on est choqués par ses propos, révélateurs d'une manière de penser "on ne vit pas par ses sentiments, il faut respecter les lois". Et c'est finalement l'un des grands malaises de la plupart des sociétés, anciennes et contemporaines: cette peur du paraître, du "on dit que", cette difficulté à s'assumer pleinement du fait des conventions.
Le père, qui a refusé d'emmener sa mère se laisser mourir, est considéré comme un lâche honteux. Le frère, sous prétexte qu'il est un cadet, doit se laisser humilier par ses neveux et tout le village, parce que ce sont les conventions. Orin, qui à 69 ans est pleine de vie et en parfaite santé, doit effectuer son pélerinage vers la mort malgré tout. Le personnage exprimant le mieux cette ambiguité est le fils, Tatsuhei, qui n'exprime jamais clairement ses doutes, mais tout son comportement est le signe d'une souffrance, souffrance qu'on ne comprendra complètement qu'à la fin..... et qui nous jettera de plein fouet l'absurdité de telles traditions, et la cruauté de ces moeurs...
Ainsi, une nouvelle fois Imamura choque pour mieux faire passer son message, et il y parvient très bien. Donc un bon film, mais pas un beau film pour moi.
un film magnifique
j'adore ce film...c'est un film que je regarde souvent et dont je savoure chaques instants et chaques images.
Imamura merci encore et encore pour ce film et pour tous les autres autres bijoux que tu as réalisé.
je ne me lasserais jamais de faire ton éloge.
06 décembre 2001
par
jade
atypiques villageois...
voilà un film très intéressant, on y voit un village aux moeurs particulières, c'est assez curieux mais le réalisateur a osé des trucs, il s'est fait plaisir, on aime ou on aime pas, mais c'est vraiment original
La dur vie des campagnes
C'est pas facile la vie dans les campagnes. Notamment dans ce petit village acroché aux magnifiques montagnes du Japon. Ca se chamaille sans arret, ça s'insulte, ça va jusqu'au pire quand il s'agit de se débarasser d'une bouche en trop à nourir.
La force du film tient dans le mélange très réussi de ces moments de vie paysannes aux traditions bien implantées et des séquénces sur la faune et la flore. Sauvage dans les deux cas et sans pitié pour les plus faibles.
Il y a vraiment des moments émouvants, parfois penibles. L'arrivée dans la montagne au terme du pélerinage est incroyable.