Underground raté
Avec un Shimizu tout auréolé d’un succès public à Hollywood aux commandes et un Tsukamoto archétype du barjo hardcore, on frémissait d’avance devant ce Marebito prometteur narrant l’histoire d’un vidéaste obsédé par la peur et la mort. Dès les premières images, on est prêt à rentrer dans cet univers underground mettant mal à l’aise avec ce surplus d’images violentes enregistrées sans relâche par une caméra numérique et un type qui ne vit que par l’objectif de son appareil. En fait, on suit Shimizu pendant quelques minutes, jusqu’à l’arrivée de Tsukamoto dans les souterrains de Tokyo et sa rencontre avec une androïde nue attachée dans une grotte. A partir de cet instant, les risques de décrocher sont grands tant l’intrigue ce barre en sucette : cette fille qui ne se nourrit que de sang débarque dans la chambre de Tsukamoto, cette fille l’obsède et révèle chez lui un tempérament schizophrénique qui lui permet d’atteindre le nirvana de la peur recherché. Enfin, « nirvana de la peur », pour lui peut-être, parce que pendant ce temps, on a vite fait de s’ennuyer ferme et de se désintéresser complètement de cette tentative ratée de description d’un monde parallèle et d’un sentiment particulier. Au final, une grosse déception à la hauteur des espérances.
Quête vers … ?
SHIMIZU Takashi, désormais mondialement connu pour avoir réalisé 5 fois le même film (en attendant la 6ème avec The Grudge 2 version ricaine) tente avec Marebito de changer de cap tout en restant dans un univers oppressant. Dans Marebito on suit Masuoko (TSUKAMOTO Shinya) qui après avoir filmé le suicide d’un homme dans le métro cherche à retrouver l’expression de ce visage en parcourant les rues de Tokyo, caméra à la main.
On assiste donc à l’introspection de ce caméraman névrosé à travers les rues et les profondeurs de la capitale nippone. La mise en image est maîtrisée, Shimizu nous offre quelques plans très réussis graphiquement parlant dont la fameuse scène de la fille en blanc enchaînée dans les dessous de Tokyo. Différents effets sont également présents comme le fait que la vérité soit flouée par sa propre vision viciée et au final se sont les caméras qui montrent la réalité. A noter également le bon travail sur le son, Shimizu appliquant certains effets qui ont fait la réussite du cinéma de fantôme japonais de ces dernières années. La direction d’acteurs est également bonne : Shinya Tsukamoto, libre de son interprétation donne ce que l’on attend de lui, Miyashita Tomomi, qui joue le rôle de la fille enchaînée est crédible dans sa composition de femme réduit à l’état d’animal. Grâce à tous ces éléments Shimizu arrive à instaurer une ambiance oppressante et malsaine (notamment lors du passage où sont diffusées des pseudo-images snuff rappelant pour l’une d’elle certains A.V de mauvais goût).
Ce qui cloche dans Marebito ce n’est ni la technique malgré un budget minimaliste ni la prestation de ses interprètes, non, ce qui cloche c’est son histoire. Shimizu mélange diverses influences comme TS Elliot, Lovecraft, … et accouche d’une histoire relativement absconse. Durant la première heure on reste dans l’expectative ne sachant pas où le récit nous mène, on se pose des questions quant aux significations des différents symboles présents puis Shimizu nous donne certaines clefs pour comprendre son film ayant sûrement peur de perdre définitivement son auditoire, mais c’est trop tard. Le trop plein de métaphores et références paraît plus une accumulation d’idées qu’un tout cohérent.
Si la quête de Masuoka est obscure et confuse du fait du trop plein de références non maîtrisées, espérons que celle de Shimizu vers d’autres films que la série des Ju On continue sur cette voie, même si Marebito est un film moyen.
Des images plein la tête
Après sa "tétralogie" "Ju-On" (comprenant le premier DoV, ainsi que le remake américain), on était en droit de se demander, si Shimizu savait également réaliser d'autres films, surtout après l'annonce de son attachement à la séquelle de "The Grudge"...
Voici donc la preuve surprenante d'autres talents (cachés) de la part de Shimizu...
Préférant disposer d'un budget très restreint, afin de disposer d'une entière liberté créative, Shimizu réalise un film hybride inabouti, mêlant refléxion sur le pouvoir de l'image / des médias, aliénation familiale (sous la métaphore de vampirisme) et portrait d'un serial-killer.
Surprenant constamment par ses nombreux changements de directions et des genres abordés, il réussit pourtant à prondément ennuyer de par un rythme ultra-lent et mal maîtrisé.
Expérimentant toujours avec l'image pour créer uen certaine peur, il ne réussit malheureusement plus à faire sursauter, mais plutôt à instaurer un certain malaise, glauque et à la limite de la complaisance.
Ainsi, la représentation très réaliste des meurtres - faisant référence à "Henry, Portrait of a serial killer" - est somme toute assez puérile, à la limite du comique, lorsqu'il vide ses victimes de leur sang.
L'histoire ne tient finalement pas debout - à moins, que l'histoire soit totalement vue à travers les yeux du protagoniste principal, auquel cas la réalisation serait des plus maladroites.
Le film serait un véritable navet, s'il n'y avait la reflexion de l'image. Tourné en grande partie en DV, mettant en scène le réalisateur Tsukamoto (Tetsuo, Bullet Ballet,...) grand détourneur de l'image lui-même, Shizimu se pose la question entre le réel et le montré par l'intermédiaire de la télévision; les images floutées enlèvent toute notion d'émotion (même si dans ce cas, il s'agirait d'un regard de peur juste avant un suicide = émotion extrême...).
De nombreuses références parsèment également le film, des inspirations d'auteurs comme Schuytten, en passant par la théorie de la Terre creuse jusqu'à l'oeuvre de Lovecraft (vestiges souterraine d'une civilisation disparue dans les catacombes de Tokyo)...
Film intéressant, mais inabouti, mal maîtrisé et partant dans bien trop de directions pour totalement convaincre; il ne faut pourtant pas encore enterrer Shimizu, mais de suivre ses prochains films pour vraiment pouvoir juger des talents de son réalisateur...
Le sang de la tendresse humaine
Passé maître dans l’horreur nippone depuis la saga des cinq opus
JU-ON/THE GRUDGE (en attendant le remake US du n° 2…) et un TOMIE : REBIRTH de très bonne facture en 2001, Takashi SHIMIZU réalise en 8 jours ce MAREBITO avec une caméra DV. Sorte de récréation sans quitter véritablement le genre horrifique, même si on a plus affaire ici à un fourre-tout de thématiques plus personelles chères au réalisateur.
La première demi-heure conte la déambulation d’un caméraman au chômage obsédé par les processus de peur, dans des sous terrains Tokyoïtes délabrés. Le moins que l’on puisse dire est que ce préambule long, répétitif, affublé de commentaires en voix off sur des images volontairement pourries,n’est absolument pas convaincant, ni très original. On songe aux héros de Lovecraft toujours aux limites de la rupture entre folie et réalité indicible, mais en beaucoup moins angoissant.
Le film démarre véritablement avec la rencontre de MASUOKA avec une jeune créature livide des sous-sols, laissée là nue et attachée, qu’il va ramener chez lui et « élever » à sa façon.
Un climat délétère et malsain s’installe alors autour de cette histoire confuse mais très intrigante, partagée entre une réalité extérieure esquissée et le point de vue halluciné forcément sujectif d’un MASUOKA de plus en plus déconnecté de la normalité. Des éléments fort étranges se greffent petit à petit pour nous permettre de suivre cette évolution jusqu’auboutiste vers un final ramenant le héros à son désir premier de connaître la peur ultime.
Les interprétations sont multiples avec une telle œuvre qui ne fait pas dans la limpidité. On pourra y voir, en dehors d’une critique des médias tout-puissants, un constat peu reluisant de l’homme japonais empêtré dans ses contradictions et ses fantasmes et n’arrivant plus à faire face à la dure réalité (chômage, séparation, solitude…). La relation de MASUOKA avec la créature reste la grande réussite du film, métaphore intéressante de ce qui sera dévoilé plus tard, empreinte d’une poésie morbide rappelant certains moments de JU-ON/The Grudge 2, mais aussi d’un humour certes noir mais bienvenu.Ou quand le sang remplace le lait de la tendresse humaine… Le choix premier d’une petite fille aurait été plus logique, mais cette évolution imposée apporte finalement encore plus d’ambiguïté au propos.
Ce voyage intérieur d’un être aux abois pourrait du coup facilement se passer de quelques effets inutiles : les apparitions de revenantes, les créatures vampires des sous terrains, l’omniprésence des effets via écrans TV, autant de gimmicks qui n’apportent pas grand-chose.
La grande force de ce long-métrage reste son interprétation. Shinya TSUKAMOTO s’avère un choix idéal, il joue sobre mais son visage particulier et sa silhouette fragile apportent une vraie crédibilité aux pensées et agissements de ce type complètement azimuté. Face à lui, la jeune Tomomi Miyashita est vraiment étonnante dans un rôle parfaitement mutique.
Si SHIMIZU n’a pas réalisé là un film facile d’accès, et s’il ne parvient pas à complètement maîtriser une histoire embrouillée, il réussit à instaurer une ambiance prenante ou la répulsion le partage à la fascination face aux fantasmes et aux agissements d’un homme ayant atteint le point de non-retour.
Film sur la peur(voir la folie), pas film qui fait peur
Même si c'est un peu spécial, j'ai bien aimé.
-ça change de ce que j'ai l'habitude de voir.
-Le film dure juste le temps qu'il faut pour ne pas décrocher ( par moment c'est limite ).
-En revanche, je n'ai pas toujours tout compris. 3,75/5
Note basée sur la deuxième vision du film. Une fois que je savais ce que j'allais voir. La première fois, je m'attendais à un film d'horreur. Je me souviens que j'avais été assez déçu. J'aurais sûrement mis moins de 3/5.
Le royaume des Afars
The Stranger From Afar ou Marebito
Corbeau d’or au dernier festival du film fantastique international à Bruxelles Marebito est une œuvre curieuse.
Mais comment ne pourrait-il pas en être autrement avec Takashi Shimizu à la réalisation et Shinja Tsukamoto comme acteur principal ?
Shinja Tsukamoto joue le rôle de Masuoka, un cameraman à la charge d’un journal télévisé.
Après avoir capturé par vidéo le regard terrifié d’un homme se suicidant dans une bouche de métro, Masuoka est obsédé par l’idée de terreur, peut-on filmer la terreur profonde jusqu’à la sentir ?
Marebito est un terme relatif à l’ethnologie fantastique, ce sont des êtres divins venus de l ‘autre monde pour aider les gens par des dons, ils se présentent sous la forme de nobles, de religieux, de couples âgées, ou de mendiants.
Après avoir découvert un monde parallèle, infini, sous le métro de Tokyo, un monde coloré de montagnes et de ciel bleu, d’où provenait l’origine de ce regard terrifié, Masuoka ramène de cet autre monde une créature féminine nue, extrêmement blafarde, voire presque grise.
Cette jeune femme est-elle bien du royaume des Afars ou n’est-ce pas sa fille qu’il aurait enlevé de sa mère ?
Ce qui nous doit au passage une scène à lecture « psychanalytique » : lorsque Masuoka n’ayant plus de sang à offrir à sa « fille-amante », propose sa bouche pour l’embrasser et lui donne ainsi sa langue pour « croquer », et dévorer cette source de sang.
L’univers est quelque peu « schizophrénique », les personnages apparaissent tels des fantômes. Sommes-nous dans la réalité même de Masuoka , dans les mondes tels qu’ils nous apparaissent ? dans l’univers filmique du réalisateur ?
Le fait que ce soit un réalisateur qui joue ici ce rôle n’est pas un hasard je pense. Le film est ainsi constitué de plusieurs niveaux, plusieurs espaces, plusieurs visions du monde nous sont proposées, elles s’interpénètrent et mène le spectateur dans un labyrinthe .
Son appartement est rempli d’écrans vidéos il observe le présent en direct, en semi-direct, et le passé à travers ses cassettes vidéos qu’il a filmé, certaines scènes, caméra sur l’épaule, nous montrent alors une subjectivité sombrer dans la folie.
C’est un film troublant de part sa composition, le rythme est lent, le temps s’étale. On retrouve certaines visions de l’auteur des Ring, sur un fil narratif tenu par la voix-off de Masuoka, racontant son histoire du début jusqu’à la fin….
Un film morbide et macabre qui lui vaut une interdiction aux moins de 16 ans. En fait on adhère ou on exècre.