Un brin de belle ambiance qui ne change rien à un récit poussif, simpliste et daté.
A l'image du procédé de "l'enterrement" du caméraman pour obtenir la plupart des plans du film vus de "très bas", l’opérateur lui-même pouvait sans problème piquer un somme une fois le matériel installé puisque la plupart des looongues séquences de dialogues qui font ce drame familial sont filmées d'un angle qui ne bouge pas d'un iota hors mis quelques rapides soubresauts intervenant après 5 minutes d'immobilité voir plus. Le récit pourrait dès lors porter ce procédé un brin fainéant si le spectateur n'avait pas plutôt tendance à s’enfoncer voir s'enterrer lui aussi dans son fauteuil à la découverte de cette quête dramatique bien poussive d’un yakuza sentimental à la recherche d’une mère perdue qui, si elle a le mérite de présenter une belle ambiance de vie quotidienne, de jolis décors arborés d'époque et quelques poulets bien nourris en liberté, développe un stricte minimum de scénario, bâcle ses rares instants d’action et en oublie même l'intérêt du conflit du héros avec les yakuzas ou ses amitiés de départ pour s’éterniser sur un fil rouge désué composé de rencontres hasardeuses, anodines et caricaturales à la linéarité aussi déprimante que ses plans fixes à terre ou son final couru d’avance.
Pénible
Avec ce mélodrame chez les samouraïs, Kato Tai semble prendre son pied à expérimenter des effets de mise en scène « ultimes » : long plan séquence fixe, contre-plongée énorme, travelling circulaire très lent, j’en passe et des meilleurs. Et pendant que Monsieur s’amuse avec sa caméra, son intrigue et sa direction d’acteurs partent complètement à vau-l’eau, frôlant parfois le grand guignol et le ridicule : des baffes dans le vent, des scènes d’action bâclées filmées de loin, un final idiot qui contredit le discours officiel bien pensant de la famille unie et indivisible rabâché jusqu’alors…
Liens de sang ne dure que 80 minutes, mais c’est bien souvent un supplice interminable.
Mal de mère
Derrière l'appellation d'un yakuza eiga ou un jidai geki se cache en fait un pur mélodrame sirupeux d'un yakuza à la recherche de sa mère. Se noyant dans une pénible mélasse de bons sentiments, la fade réalisation de Kato et surtout le jeu exagéré des comédiens desservent totalement un scénario kitsch à outrance.
Une nouvelle fois, Kato a choisi de tourner en longs plan séquences, afin de gagner du temps. Prises forcement statiques, les acteurs sont en roue libre et ne semblent avoir joui d'aucune indication de la part de leur réalisateur. Seule le curieux procédé de filmer en forte contre-plongée (une caméra positionnée encore plus basse que dans les films d'Ozu, nécessitant de creuser un trou pour "caser" le cadreur) détonne sur une mise en scène autrement plate et permet au cinéaste d'isoler ses personnages dans les plans. En l'absence relative de mouvements, il s'efforce à donner vie à ses arrière-plans, en faisant intervenir bon nombre de figurants; belle distraction durant les pénibles plages de dialogue interminables et démonstratives.
Kato ne daigne de se donner plus de peine quant à sa réalisation que lors de séquences plus dramatiques, résultant par de gros plans sur les visages ruisselants de larmes. Les scènes de combat sont une nouvelle fois d'une laideur incroyable : si les acteurs n'ont visiblement eu droit à aucune leçon de chorégraphie pour masquer un tantinet leur ignorance totale à se battre, Kato ne sait apparemment pas comment masquer ce fait. Il décide donc d'user d'une caméra à l'épaule dans une première séquence absolument illisible; puis de s'enterrer une nouvelle fois au loin pour cadrer au petit bonheur au hasard des combattants n'hésitant pas à tourner franchement le dos à la caméra ou sortant du cadre.
Une franche déception face à une oeuvre, qui ne devait sans doute sa bonne réputation qu'au fait de sa relative invisibilité.
Un ninkyo très décevant et hyper-outré
Projeté durant l'Etrange Festival, on pouvait attendre du film de Kato Taï comme un grand ninkyo (c'est ainsi qu'il fut présenté dans le défunt HK Magazine), malheureusement, à l'écran, c'est tout autre chose.
La scène de combat d'ouverture est très mal réalisée (même Fukasaku n'aurait pas tourné comme ça), le principe de la caméra creusée à même le sol n'est pas mauvais en soi, mais juste mal exploité, les longues scènes où il ne se passe rien (chez Murakawa, on sent une intensité que l'on ne trouve pas sur ce film), et puis, que dire de Nakamura qui passe le temps du film a pleurer à chaudes larmes (les retrouvailles avec sa mère est un véritable calvaire de nullité).
Je préfère me rappeller de ce grand acteur sur le
Musashi d'Uchida, sur
Goyokin de Gosha, sur
Le Samouraï et le Shôgun de Fukasaku, dans
The Ambitious de Daisuke Ito... bréf, partout, mais pas dans cette abberation !
Aussi, quand on crédite Hiroki Matsukata (grand acteur jouant chez Fukasaku) en deuxième position, on s'assure qu'il sera dans tout le métrage et non pas dans les dix premières minutes. Bréf, un film fade, ennuyeux, surjoué. Un ninkyo tout ce qu'il y a de plus pathétique.