Un drame techniquement très soigné mais un peu froid
Floating Landscape n'est sûrement pas une production typique HK, surtout pas si on prend comme référence les années 90. Ici, pas de tournage en 2 semaines, pas de bande originale photocopiée, ni de décors recyclés. Coproduit par la France, ce drame sentimental bénéficie d'un soin technique tout à fait comparable à d'autres productions internationales. Fini donc la "touche" HK, surtout que le film se déroule en grande partie en Chine et bénéficie plus d'une ambiance Chine continentale que Hong-Kong. Le rythme est assez posé, pas de surjeu ni de grimace à la cantonaise.
On trouve qui plus est au casting des acteurs plus orientés Chine, comme bien sûr le toujours très bon Liu Ye, et Karena Lam, révélé à Hong-Kong, mais familière du milieu artistique Taïwanais. Seul Ekin Cheng représente vraiment HK ici, et pour un rôle assez succint. L'interprétation se révèle globalement très satisfaisante, et l'utilisation assez surprenante de ce bon vieil Ekin en artiste mort - le comble - se révèle plutôt réussie, Ekin étant bien plus convaincant quand il joue relâché qu'avec son faciès de marbre. Liu Ye et Karena Lam forme un duo principal tout à fait convainquant quant à eux.
Qu'est-ce qui cloche alors? Le scénario se montre en fait tout à fait convenable, mais un peu avare en vraies émotions. Quelques scènes sortent du lot, comme celle où Karena Lam visite Ekin Cheng à la morgue, mais d'autres se montrent plus convenues, comme le final version HK (il existe deux montages du film, attention). L'ambiance, bien secondée par une musique de qualité, n'est pas à mettre en cause, ni la réalisation fort soignée. Il manque un petit quelque chose difficile à définir pour sortir le film d'une certaine froideur.
Floating Landscape reste au final un drame sentimental techniquement et artistiquement très soigné, auquel il manque un peu d'originalité pour sortir d'un conformisme un peu gênant. A voir tout de même, mais sans attendre un grand film non plus.
All you need is love.
L'histoire de cette femme à la recherche d'un aysage peint par l'homme qu'elle aime avant sa mort est magnifiquement rendue par Karena Lam. Ici plus encore que précedemment, Karena démontre qu'elle est devenue une des plus grandes actrices d'aujourd'hui. Liu Ye est également irréprochable par son interprétation interiorisée et pleine de sensibilité, lui aussi devrait faire parti des acteurs montants de ces prochaines années. Carol Lai utilise à merveille les lumières pour créer un climat qui colle parfaitement avec le thème du film, à mi-chemin entre le rêve et la réalité, pas de sentiments exacérbés, mais une ambiance feutrée qui porte tout le poids du deuil (ce paysage en hiver) et toute la force de la vie (la fleuraison printanière). L'emploi des flashbacks est également très bien intégré, ne venant pas brisé le cours du récit mais servant au contraire de base dans la mise à distance que fait le personnage de Karena vis-à-vis de ce nouvel amour naissant, qui dans un jeu de miroir avec son passé se reconstruit une vie nouvelle.
Encore une fois, preuve est faite avec ce film, que la simplicité d'une histoire bien interprétée et filmée sobrement suffit à émouvoir par sa seule réalité. Un film simple, sensible et touchant.
18 juillet 2004
par
jeffy
Beaucoup aimé !
Lai goes mainstream
Si 'lon pouvait placer de grands espoirs en Carol Lai, comme étant un nouveau fer de lance en devenir de l'essor de la production indépendante du cinéma HK, son dernier métrage est une déception.
Soutenu par d'importants fonds d'investissements étrangers, sa nouvelle production lui permet de disposer d'un budget aisé et de porter à l'écran la vision la plus fidèle de son esprit créatif, elle impose d'un autre côté un lourd casting, des restrictions de liberté créatrice et un manque de spontanéité certain.
Si l'image est donc très chiadée et tranche singulièrement avec la rélative laideur d'un "Glass Tears"; si les décors sont particulièrement travaillés et ne semblent plus être ceux de la propre famille de Lai, le tout perd tout de même en force visuelle par rapport au sujet traité. Combien j'aurais préferé voir adpater un sujet classique, mais intéressant, par des bouts de ficelle. Une caméra à l'épaule, des leiux plus naturels pour servir l'histoire de la fille à la recherche (caméra à l'épaule) dans une ville / un pays qu'elle ne connaît pas (décors plus naturels). Bref, le parti est pris par la réalisatrice de privilégier le côté lisse et romancé de son intrigue.
Quant au scénario, il peut paraître assez nunuche; heureusement, que Carol Lai s'attache une nouvelle fois plus aux personnages, qu'à la trame basique de son histoire. Il faut dire, qu'elle dispose d'une réelle sensibilité quant aux sentiments humains et c'est également cette force et des scènes obtenues réalistes et magiques, qui tiennent le spectateur en éveil.
Les acteurs rendent d'ailleurs parfaitement justice et ce jusque dans le rôle d'un Ekin Cheng, vision ultra-romancée (mais ce n'est qu'un souvenir chéri de son ancienne amie, donc forcément éxageré), mais parfaitement adapté au rôle.
Quant au film dans son ensemble, cela se laisse poliment suivre, mais constitue plus un divertissement classique avec quelques touches artistiques, qu'un réel film indépendant. Dommage !
A voir une fois
La quête de Maan me rapelle Audrey Tautou dans Un long dimanche de fiançaille, disons en version chinoise et l'humour en moins. Sauf que là, c'est seulement la quête d'un paysage. J'ai bien aimé les personnages (Maan et Lit).
Passage préféré: là où on retrouve le vrai paysage de l'image.