Pousse-pousse fort d'escorte
Je ne sais pas dans quelle mesure historiquement il s’est passé ci ou ça mais peu importe, le film prône de belles choses : la défense de pensées et d'idées "lumineuses", une volonté de démocratie face à l’obscurantisme, incarné par un imbécile qui ne trouve de raison d’être – un semblant de pouvoir – que par l’armée, la hiérarchie, l’obéissance aveugle etc.
On est loin de l’efficacité de Seven Swords dans ce même registre de l’hymne au militantisme, et si ça marche plutôt bien dans la mise en place de l’intrigue et des personnages c’est nettement moins le cas lors du long climax qui s’ensuit. Trop saccadé, mal rythmé, surchargé en pathos inutile, il aurait gagné à être plus expéditif parce que, trop dilué, il n’en est tout simplement plus un. La mort d’un personnage ne nous touche que par les yeux d’un autre, aussi user de longs ralentis balourds sur un cadavre avec un peu de blabla en guise de stèle imposée par un insert freine considérablement l’implication. Pesant. Comme kipizè le type d’action souhaité n’est pas cadré, que le kung fu (presque) réaliste côtoie un peu trop du portnawak toonesque - Leon Lai nous refait Crazy Kung Fu en moins bien -, on en vient à préférer le très beau petit combat de Nicolas Tse, qui joue un type lambda qui ne sait absolument pas se battre, à ceux de la superstar Donnie Yen, qui nous rejoue la place Tian An Man « à la dégonfle » face à un cheval en lieu et place d’un tank. Ô surprise quoi qu’il en soit, le film emporte le morceau grâce à sa chouette direction d’acteurs, des décors somptueux, une photographie agréable, des relents de western bienvenus et cet engouement général que procure ce mouvement porteur d’espoir.
On passe un bon moment, et en ces temps de vache maigre asiat' ce Teddy Chen là y gagne beaucoup faute de comparaison valable à portée, tout comme d'ailleurs son Purple Storm en son temps. Sachons toutefois voir dans ce « mouvement porteur d’espoir » donc (où l’on cause encore et toujours en mandarin, snif le cantonais !) une locomotive à laquelle pourrait se joindre n’importe quel wagon de propagande emberlificoteuse.
Surdramatisé mais ample et efficace
Bodyguards & Assassins est un film Hong Kongais. Dans le bon sens comme dans le mauvais. Ceux qui connaissent les films de Teddy Chen savent qu'il y a chez lui une espère de naïveté dramatique qui rappelle finalement les heures de gloire de la Shaw Brothers par moments. Teddy Chen n'hésite jamais à surdramatiser ses récits et à verser dans les bons sentiments mielleux avec la plus grande sincérité du monde. C'est exactement ce qu'on retrouve dans cette grosse production en projet depuis plus de six ans. Ce projet précédemment nommé
Dark October respire le cinéma de Hong Kong. Il fera rire ses détracteurs par moment, tellement les défauts sont ici typiques d'un cinéma qui assumait auparavant sa théatralité. Les personnages mettent dix minutes à mourir ici. Ils tombent, prennent des coups de couteau, se font fracasser la tête par terre, mais se relèvent et repartent au combat, tout en pensant à leur bien aimée ou leur famille. C'est du plus pur style "hero" made in HK.
Mais il y a toujours ici cette sincérité qui forcera toujours le respect des aficionados et qui leur fait pardonner ces écartades assez naïves. Car le reste du film est très plaisant. Le scénario est simple, on prépare l'arrivée de Sun Yat Sen et l'enchaînement de scènes d'action qui va suivre. Teddy Chen fait habilement monter la tension en insérant quelques scènes d'action pour maintenir son rythme. Le fond est traité de manière appliquée, avec un casting de luxe. La plupart des acteurs font un travail très appréciable. Tony Leung Ka-Fai est impeccable comme toujours, Hu Jun est impressionnant en chef des assassins, les acteurs chinois font globalement un excellent travail, et Teddy Chen parvient surtout à faire jouer Donnie Yen et Nicholas Tse dont les personnages sont attachants. Eric Tsang et surtout Leon Lai sont hélas mal utilisés, avec un rôle de cabotinage pour Eric Tsang et un rôle tout simplement hors sujet pour un Leon Lai incapable de transmettre l'émotion de son personnage. Mais mise à part ces deux fautes de goût, le casting fait un sacré bon boulot.
Les moyens mis en oeuvre apparaissent aussi à l'écran. Les décors sont de grandes qualités, et les quelques effets spéciaux, s'ils ne sont pas du niveau Hollywoodien, permettent de se faire une meilleure idée du Hong Kong du début du siècle. Quant à l'aspect politique, les fonds chinois ne sont ici pas vraiment un handicap pour le film. Car si le côté "la nation avant l'individu" rappelle bon nombre de grosses productions chinoises récentes, le message convoyé par le personnage de Sun Yat Sen est finalement presque aussi critique que pro régime communiste. Le film n'en est jamais vraiment pénalisé.
Au final,
Bodyguards & Assassins est un film qui, s'il ne restera pas dans les mémoires, fera plaisir aux fans du cinéma de Hong Kong. Car bien loin des superproductions asiatiques sans âme sorties à la même époque (par pitié, ne donnez pas d'argent pour voir
Treasure Hunter et
Storm Warriors, sombres bouses à gros budget sans âme), le film de Teddy Chen sent bon la nostalgie de l'époque où le cinéma de Hong Kong n'avait pas honte d'être gentiment naïf et sincère. Le film en fait des tonnes, se montre parfois maladroit, mais sans jamais s'éloigner de son histoire et en faisant preuve d'une narration efficace et sachant faire monter sa sauce. Des valeurs que l'industrie locale a oublié depuis bien longtemps maintenant...
Les hommes de corps et d'esprit
Evacuons d'emblée les deux défauts majeurs du film: la tromperie sur la marchandise, qui a fait paraître "Bodyguards…" comme un actioner sans aucun temps mort, ce qu'il n'est pas – bien au contraire: la première heure est toute entière dévouée à mettre l'intrigue en place, à poser tous les personnages avant de les massacrer un à un dans l'hallucinante seconde partie (à voir absolument sur un grand écran).
Le second, c'est – malheureusement – le contexte nationaliste chinois sublimé, qui célèbre des jeunes gens "morts pour la patrie" (avec des insupportables inserts à l'heure de leur mort) au nom de la future "République chinoise", loin d'avoir été créée en 1906…soit. Une célébration évidemment introduite pour viser le juteux marché chinois…même si je doute que la version originale soit montrée telle quelle en Chine un jour…Trop violent.
Mis à part cela, "Bodyguards…" se révèle une excellente surprise, réalisée avec beaucoup d'attention et de soin par le yes-man Teddy Chen. La première heure pose le contexte et donne une vraie épaisseur à des personnages généralement brossés en quelques coups de pinceaux caricaturaux dans ce type de production. Pas ici, ce qui renforce d'autant plus la seconde heure, où les uns et les autres meurent comme des chiens…un peu à la manière d'un "7 samouraïs", où Kurosawa aura mis soin à ce que le spectateur s'identifie aux protagonistes avant de les sacrifier. Ce n'est absolument pas trop long, à moins de ne jurer que sur l'action et de vouloir à tout prix voir l'hallucinante course-poursuite de Donnie Yen magistralement mise en avant dans la bande-annonce.
Et oui, Donnie Yen est de la partie, quasi supportable dans un rôle, qui lui donne ENFIN la part belle et une nouvelle occasion de prouver l'étendue de son talent…Apparemment toujours avide de vouloir enterrer le récent cinéma thaïlandais d'arts martiaux, il tente donc une chasse à l'homme semblable au début de celle d'Ong Bak, où il court, saute, marche sur la tête de gens (sans câblage) et se démène comme un forcené pour le plus grand bonheur des spectateurs…mais aucun des personnages n'est en reste, les combats les plus variés pleuvent comme un jour de grande mousson et Chen réussit parfaitement à scotcher le spectateur avec le danger permanent, qui menace nos petits gardes du corps dans une ville singulièrement oppressante. Le lieu est somptueux et la production a investi énormément d'argent à reconstruire un quartier entier du Hong Kong du début du XXe sicèle.
Vraiment, un actioner brut et intelligent, qui tient ses promesses et en met plein la vue à d'autres superproductions du genre (du style "14 Blades") avec sa mise en scène parfaitement maîtrisée. Tout ce que l'américain "16 Blocks" aurait voulu être…
La quantité + la qualité
Commençons par les points négatifs qui sont en effet un excès de surdramatisation. Personnellement je n'aurais pas vu certains persos mourrir. Je me serais aussi passé de certaines amourettes, car si elles ont pour but qu'on s'attache aux personnages certaines sont touchantes mais d'autres sont carrément inutiles et allourdissent le réci.
Après c'est du tout bon. Casting poids lourd, autant martial que non martial, travails des acteurs et sur la direction des acteurs remarquables.
La force du film se trouvant dans la complémentarité de ses deux parties.
Le film fait 2h. Dans la première heure tout est fait pour faire monter l'envie au spectateur: Réalisation impéccable, jeux d'acteurs saisissants, histoires prenante, une courte scène d'action pour montrer que y a du savoir faire. Bref on arrive à la fin de la première heure du film à cran, en espérant que le film ne commette par l'erreur irréparable de ne pas nous donner ce qu'il nous promet.
Mais loin s'en faut, il nous le donne avec une telle générosité qu'on ne peux que jubiler. Multiples combats allant du free fight au wuxia, mains nues ou armés, avec des armes rarement vues au cinéma (éventail de fer, chaine...), du parkour (superbe course poursuite), des explosions, du suspens, une musique qui joue avec bonheur sur l'anachronisme ( donc évite le cliché de la musique chinoise tambour et violoncelle...)... c'est tout simplement une heure d'action trépidante quasi non stop.
Je veux des films comme ça encore et encore!
Un film plutôt long et mal équilibré, qui aurait mérité une bonne demi-heure de moins à mon sens. Les images sont toutefois belles et les effets spéciaux plutôt réussis et donnent un aperçu de HK à l'époque du film.
J'ai bien aimé, que ce soit la première partie qui présente les différents personnages, jusqu'à la deuxième partie riche en action. Certes, c'est un peu trop mélodramatique par moment, mais j'ai trouvé ça pas trop "lourd" et que ça ne nuisait pas au film, bien réalisé.
Les acteurs sont bon( Donnie, Simon) ou très bons (Tony Leung Ka Fai à fort bien joué) voir plus (j'y reviendrai).
Il y a de belles scènes "humaines" et l'action est très bonne: les courses poursuites et affrontements diverses sont bien chorégraphiés et l'action est très lisible.
Donnie Yen joue ici de façon simple sans trop en faire, j'ai trouvé son personnage et son "histoire" très bien et assez émouvante.. Je l'ai trouvé crédible et proposant un jeu sans prétention.
Mais pour moi, LA surprise du film vient de Nicolas Tse: son interprétation m'a saisit. Son jeu est époustouflant et il rend son personnage à mes yeux le plus attachant du film.
Il est méconnaissable et joue fort bien. C'est La révélation du film pour moi.
Bobyguards & assassins est pour moi un très bon film, captivant, et je me répète, l'occasion de savourer le jeu d'un acteur en constante progression.
Beaucoup trop long !
138 minutes ! Pour une histoire ultra basique ! J'ai une sainte horreur des films a rallonge, et surtout ceux qui n'ont rien a raconter ou a montrer. Tres serieusement : la premiere moitie du film aurait pu etre ramenee a 20 minutes. Il ne se passe rien et on a droit a des scenes a rallonge sans le moindre interet. A mi film, ca decolle assez sec avec l'arrivee du Dr Sun Yat Sen et on espere etre sauve pour la 2e partie. Mais non! La encore viennent se greffer quelques sequences inutiles, toujours voilees de cette insupportable musique, pour nous plomber le rythme jusqu'au bout. Resultat, on regarde s'aligner les necrologies des heros d'un air presque amuse. Bien dommage car certaines scenes d'action etaient plutot bien troussees et le casting assez classe (hormis les 2 fautes de gouts deja relevees par Francois pour Eric Tsang et Leon Lai, meme le costumier s'est foutu d'eux). Il fut un temps ou l'on critiquait le cine HK pour ses montages a l'arrache et ses musiques bontempi. Je me demande si ca ne faisait pas partie au contraire de sa force.