2003 inaugurait Paris cinéma, un Festival dont la Mairie de Paris eut l'initiative, afin de proposer dans une période creuse niveau sorties une offre cinéphile variée à prix abordable dans presque tous les quartiers de la capitale. Pour le coup, les Rencontres Internationales du Cinéma étaient couplées à la manifestation. Hors Asie, le Festival permettait de revoir une belle tripotée de classiques (dont La Soupe aux Canards, sommet d'humour jouissif et décapant des MARX Brothers), de (re)découvrir les Courts Métrages de PIALAT et son superbe premier long L'Enfance Nue, plus difficilement visibles que les autres films de la Rétro où l'on sentait déjà poindre son art de la mise en scène naturaliste et dépouillée et une volonté de commentaire social dans le cadre d'un Hommage au cinéaste où manquait malheureusement à l'appel la série télévisée La Maison des Bois -exposer des projets d'affiches de film dans le complexe MK2 est par contre une bonne idée-, de constater en revoyant Les Parapluies de Cherbourg -présenté avec d'autres classiques français dans des versions sous-titrées anglais- que l'admiration avouée de John WOO pour DEMY venait moins comme le disent certains critiques de son goût pour la chorégraphie que d'une France de carte postale et de sentiments exacerbés que l'on retrouve chez le styliste Hongkongais, de goûter au cocktail étrange et inégal de jeu outré bollywoodien et de TCHEKOV adapté à la société srilankaise des années 80 qu'est Le Domaine, curieux film de Lester James PERRIES dont les maladresses formelles firent bien rire une assistance qui prit une description du déclin de l'aristocratie voisine de Satyajit RAY et de Rythwik GHATAK -en moins inspiré- pour un soap opéra vulgaire.
Ou de voir en avant-première quelques films cultes plus ou moins récents: un Lost in La Mancha en forme de making of de l'échec du projet Don Quichotte dans le cadre de la Rétrospective GILLIAM même si GILLIAM ne put pas venir en personne au Festival, un Wanda présenté par Isabelle HUPPERT, réalisé par la femme d'Elia KAZAN, beau portrait d'une femme divorcée menant une existence vagabonde et rencontrant en chemin un professionnel qui la fait revivre au monde, figure de liberté pure et de solitude préfigurant la Sue perdue dans Manhattan d'Amos KOLLEK, le tout donnant un petit bijou indie seventies méritant la redécouverte et enfin un I Am Cuba, film de propagande russe de 1964 signé KALATOZOV, modèle de virtuosité cinématographique dont l'influence se fait ressentir chez SCORSESE ou WONG Kar wai. Même si le temps manquait pour tout (re)découvrir (la rétro ANTONIONI, la rétro consacrée au cinéaste argentin réputé SUBIELA, l'hommage à Bulle OGIER) et si certaines séances affichaient complet pour cause d'invités (Wanda méritait incontestablement de faire salle comble mais ce film connu de quelques initiés aurait-il attiré autant de public sans HUPPERT ? D'un autre coté, c'est le moyen de faire découvrir le film à un public plus large… De même que les séances GILLIAM où le cinéaste était annoncé.), on souhaite bon vent à cette manifestation qui pourrait susciter des vocations cinéphiles sous le soleil.
Rencontres Internationales du Cinéma :
Au vu du coût des sous-titrages, on ne demandait pas à cette rétrospective de projeter des films non exploités en France comme Rouge de Stanley KWAN par exemple qui aurait eu tout à fait sa place dans la rétro. D'une manière générale, vu le peu d'écho rencontré par la disparition de l'acteur dans les médias français hors la presse cinéphile, on peut remercier le festival. Le choix s'est donc porté, outre une Palme cannoise et un TSUI Hark mineur mais divertissant, sur un dyptique wooien culte et trois WONG Kar Wai marquants. Reste que si la programmation permettait de voir et revoir sur grand écran de grands films on aurait aimé pour s'en tenir aux films sortis en France voir les deux Chinese Ghost Story, Le Festin Chinois étant le seul film sortant un peu de l'optique " auteur " de la sélection même si réalisé par TSUI Hark. Pour ce qui est des bonnes surprises, les séances auxquelles on a assisté n'étaient pas perturbées par des rires cyniques de spectateurs (ceux qui sont allés à la Rétro John WOO de 2002 à Paris ou à la projection de The Killer au Forum des Images en présence de Tanguy VIEL savent de quoi je parle…) et lorsqu'ils étaient présents ils avaient le mérite de la discrétion.
Fiches à consulter:
Si l'idée de faire l'avant-première du film de ZHANG Yimou à la Pagode était bonne sur le papier vu l'architecture " asiatique " des lieux, elle s'est malheureusement soldée par une séance affichant complet pour un film qui pouvait attirer potentiellement plus de spectateurs au vu d'acteurs principaux (Jet LI, Maggie CHEUNG, Tony LEUNG Chiu Wai) et d'un réalisateur dont la notoriété dépasse le public des fans de cinéma d'Extrême Orient. L'avant-première de Shara, film pourtant bien moins porteur et beaucoup moins accessible, afficha aussi complet alors qu'il avait déjà été montré quelques jours plus tôt aux Festins d'Aden. Explications possibles : un effet " ouverture du festival " -le film fut montré le premier jour-, la curiosité suscitée par les critiques élogieuses de la presse spécialisée lors de la présentation cannoise ou encore la présence sur Paris d'un public peu nombreux mais fidèle pour tout film japonais lié à une certaine image " artistique " de ce cinéma. Quant à The Eye, montré à l'UGC Ciné Cité Bercy, il attira du monde sans afficher complet. Des cadres d'Europa avaient fait le déplacement pour juger de visu des réactions du public au film dont ils avaient acheté les droits (ils ont fait de même pour Bangkok Dangerous, avec un trailer très direct to vidéo qui ne risque pas de susciter la curiosité). Dans l'ensemble, le public fut réceptif à ce rip off assez bien fait de Ring.
Fiches à consulter:
Le Festival permettait de se délecter d'une version restaurée par la Toho du Director's Cut de Kagemusha dans le cadre du Programme Restaurations et Cinéphilie et de revoir Ran dans le cadre d'un hommage à Toscan DU PLANTIER : ce dernier film toujours magnifique au revisionnage montrait pour le coup que si les productions de " films de prestige à gros budget " des années 80 (dont Toscan fut le symbole souvent clairvoyant avec des " géants " tels que FELLINI, FASSBINDER, PIALAT, BERGMAN, BRESSON, TRUFFAUT, LOSEY sur un CV fourni) avaient donné beaucoup d'œuvres consensuelles et académiques pour festival, elles avaient parfois donné naissance à des œuvres capables d'allier qualité et accessibilité (Le Pianiste est un peu le dernier avatar réussi de ce type de mécénat dans sa version Canal Plus), surtout qu'à l'époque KUROSAWA ne trouvait plus à domicile de quoi financer de grandes fresques en pleine crise des studios.
Fiches à consulter:
Cette association crée en 1994 a pour but de promouvoir la découverte du cinéma par la jeunesse et de coordonner le dispositif Ecole et Cinéma, un parcours scolaire en partenariat avec des salles de cinéma afin que les enseignants sensibilisent leurs élèves au cinéma, fassent un travail pédagogique autour du sujet. Dans le cadre du festival, elle proposait une rétrospective sur le burlesque : question Asie, ce furent OZU avec Bonjour, un film très drôle qui risque de paraître rébarbatif aux enfants à cause de sa lenteur, et L'Eté de Kikujiro, un KITANO que j'ai toujours trouvé mineur mais qui par sa légèreté peut constituer une bonne introduction au cinéma asiatique en attendant de découvrir plus tard ses films " saignants ". Les choix hors Asie permettaient en outre de situer le cinéaste dans la tradition burlesque aux cotés d'autres grands tels que GILLIAM, TATI et Buster KEATON.
Fiches à consulter:
Un grand merci à Paris Cinéma et à son Service Presse